E. DELIMARS la main dessus. J'ai affirmé que la M.O.Tz.R. est une noix trop dure pour des dents de vieillards. » Il avait été ensuite convenu que la liaison entre Reval et Moscou serait assurée par la légation d'Estonie à Moscou. Les messages du Trust devaient être adressés au comte Goudovitch à Reval : « Pour le chiffrement, Artamonov m'avait remis un volume; Les Derniers Jours du dernier empereur, en m'indiquant les pages. Je devais avertir de l'arrivée d'un pli pour Iakouchev par une carte postale de félicitations représentant une cigogne portant un bébé. Dès réception, il fallait téléphoner à la légation d'Estonie, demander l'attaché de presse Roman Birk et lui dire : " Le docteur Lipski demande comment vous vous portez. " Il devait répondre : " Merci, ma jambe ne me fait plus souffrir. Je pense commencer les séances de massage " en indiquant la date et l'heure. Les rendez-vous devaient avoir lieu au cinéma Artistic. Là, on s'entendrait sur la transmission du courrier » (pp. 89-90). Le choix par le major Lauritz, attaché militaire d'Estonie à Moscou, de Roman Birk comme agent de liaison avec la M.O.Tz.R., était une aubaine pour le Guépéou. Ce jeune diplo- , . . . . . mate etait un ancien communiste estonien qui avait commandé un régiment de la Garde rouge locale lors de l'instauration, en septembre 1918, avec l'aide de l'armée soviétique, de la Commune d'Estonie. Pendant la répression sanglante qui avait suivi l'établissement de la République bourgeoise d'Estonie, en mai 1919, Roman Birk s'était terré à la campagne. L'alerte passée, il avait trouvé un emploi au ministère des Affaires étrangères estonien : Mais Roman Birk n'avait pas trahi la révolution. Au fond de son âme, il restait fidèle aux idéaux qu'il avait défendus dans les rangs des gardes rouges d'Estonie (p. 39). Or, au printemps de 1923, Birk se sentait très mal à l'aise. Dans son pays, on faisait la chasse à ses anciens camarades. Il avait peur pour lui-même, car il suffisait que l'un des inculpés parlât pour qu'il soit passible du conseil de guerre et de la peine de mort. En avril, il rencontra par hasard, à Moscou, A. L. Kork, ex-commandant de l'Armée rouge . . . . ' estonienne, qui occupait un poste important a l'état-major soviétique. Birk se confessa sincèrement à son ancien chef, lequel lui conseilla de se racheter en aidant les services spéciaux soviétiques. Il lui donna un numéro de téléphone à utiliser pour prendre langue avec lesdits services. Quelques jours plus tard, son ambassade chargea Birk du contact avec « ses nouveaux amis russes ». Cette mission « ultra secrète » le transformait en un agent d'espionnage estonien, chargé de la liaison avec le Trust. Birk Biblioteca Gino Bianco 147 décida alors de téléphoner au numéro indiqué par Kork. On lui fixa un rendez-vous et il fut reçu par Kolesnikov et Artouzov. Birk refit à ce dernier la confession déjà entendue par Kork : Puis il posa sur la table son passeport diplomatique et le questionnaire que Lauritz lui avait remis pour la M.O.Tz.R. : - Je me remets entièrement entre vos mains. Jugez-moi. J'accepterai n'importe quel châtiment. Mais si vous me croyez, une fois revenu au ministère, à Reval, je vous aiderai de toutes mes forces dans votre lutte contre tous les Lauritz et autres valets de l'lntelligence Service. Je le ferai par conviction et pour venger la mort de Kinguissep, Kreüs et d'autres camarades estoniens 1 • - Reprenez votre passeport. Nous vous croyons. Il n'est jamais trop tard pour revenir dans le droit chemin et pour servir honnêtement la révolution. Nous acceptons votre collaboration. Depuis lors et jusqu'à la fin de sa man Birk aida avec abnégation les soviétiques dans leur lutte contre les de l'U.R.~.S. (pp. 98-104 ). vie, Roservices . ennemis LE MES AGE CHIFFRÉ de Iakouchev, remis par Kolesnikov à Artamonov et destiné au Conseil monarchiste suprême, disait : « Chers frères. Nous vous informons avec beaucoup de joie que 1a M.O.Tz.R. possède une bonne liaison avec les groupes monarchistes à Pétrograd, Kiev, Nijni-Novgorod, Rostov-sur-le-Don, Iaroslav!, Smolensk et Toula. On a réussi à établir un contact · avec d'importants services militaires, états-majors et unités que nous ne vous indiquons pas pour des raisons évidentes. Nous estimons qu'au début il ne faut pas trop insister sur le monarchisme. La tactique doit être la suivante : monarchisme ardent à l'intérieur de notre organisation et monarchisme camouflé dans ses contacts extérieurs .. Nous sonimes obligés d'être particulièrement prudents avec les soldats. Nous nous efforçons de les soumettre à l'influence de leurs chefs acquis à notre cause. Il est très important pour l'état-major de notre organisation de savoir sur quelles forces armées il peut compter à l'étranger. Nous attendons de Berlin une aide réelle et non des directives. Les préparatifs du congrès général de la M.O.Tz.R. sont en cours, mais le manque de fonds les gêne. Il est indispensable d'établir une liaison suivie avec vous en créant un point de passage sur la frontière estonienne et par la valise diplomatique » (p. 88). Dès l'établissement de cette liaison par le canal de Birk, muté entre-temps à Reval, une correspondance active s'ensuivit entre le Trust et le Conseil monarchiste suprême, représenté par Artamonov. Le Conseil mandait à lakouchev : 1. Per11onnalilés communistes qui venaient d"etre exécutées en Estonie.
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