Le Contrat Social - anno X - n. 3 - mag.-giu. 1966

G. ARONSON les mettre au compte de ses activités de fusilleur dans la Tchéka. De cela, il est deux fois question en 1957 : en août 1918, « les organes soviétiques découvrirent et liquidèrent un complot contre-révolutionnaire », et « dans la nuit du 7 au 8 septembre fut liquidée une nouvelle tentative faite par l'ennemi pour organiser un soulèvement contre-révolutionnaire ». Il est plus que vraisemblable que, dans ces affaires, le rôle dirigeant incomba précisément à Staline, lequel avait été envoyé de Moscou. Suivant la Grande Encyclopédie Soviétique, la défense de Tsaritsyne a duré de juillet 1918 à juin 1919 : Le 16 juillet• 1918, les unités blanches-cosaques de l'armée insurgée du Don sous les ordres du général Krasnov passèrent à l'attaque. Les détachements soviétiques ne purent pas longtemps contenir la ruée des troupes cosaques, car il leur manquait l'organisation nécessaire, la discipline et l'unité du commandement. Dans Tsaritsyne même, la contre-révolution relevait la tête ... Le tournant décisif dans la défense eut lieu après l'arrivée dans le secteur de Tsaritsyne, au début de juillet 1918, des troupes du camarade Vorochilov. Sur instructions du Comité central du Parti fut créé un Conseil militaire de la région militaire du Caucase-Nord, où entrèrent J. V. Staline (qui se trouvait à Tsaritsyne depuis le 6 juin en mission du C. C. du Parti, en qualité de commissaire extraordinaire au ravitaillement), et K. E. Vorochilov. Plus loin, on nous donne un aperçu des opérations qui ne témoigne nullement du rôle militaire joué par Staline. A la fin de juillet, les armées de Krasnov et de Dénikine portèrent un coup aux troupes soviétiques. Le 30 juillet, le Conseil 'militaire lança l'offensive, laquelle cependant, au début d'août, fut arrêtée par les cosaques de Fitzkhelaour, et le 8 août les troupes de Mamontov approchèrent de Tsaritsyne. Les combats continuèrent jusqu'au 20 août et le 21 les troupes soviétiques repartirent à l'attaque. Le 17 septembre 1918 fut constitué le front sud, dans le conseil militaire duquel entrèrent J. V. Staline et K. E. Vorochilov, lequel commandait les troupes du front. Le 3 octobre, ces troupes furent unies dans la Xe Armée, au commandement de laquelle fut nommé K. E. Vorochilov. · Le 19 octobre, les armées blanches battirent en retraite en éprouvant des pertes et, « sur décision du Comité central, J. V. Staline partit pour Moscou le 20. A la tête de toute la BibliotecaGino Bianco 145 défense de Tsari tsyne demeura K. E. Vorochilov 1 1 • » Sans entrer dans le détail de la situation (en fait, les combats se prolongèrent encore plusieurs mois et le 30 juin 1919 les troupes soviétiques furent contraintes d'évacuer Tsaritsyne sous la pression de Dénikine), nous pouvons tenir pour certaine la version très exactement établie et confirmée officiellement de la défense de Tsaritsyne, suivant laquelle, en tout cas, Staline, « commissaire extraordinaire au ravitaillement », n'a joué aucun rôle militaire. Ce qui n'empêcha pas ce dernier d'usurper les lauriers d'autrui, puis, sans façon, de donner aux événements une forme manifestement falsifiée, cela afin de se proclamer grand capitaine pour l'époque de la guerre civile *. Dans le roman de C. Fédine Un été extraordinaire, déjà cité, il y a un raisonneur dans le style de Gorki, Taraboukine, qui, pour expliquer qu'on met au pilon les livres à contenu historique, déclare : « C'est parce que c'est de l'histoire ancienne, qu'on ne reverra plus. Une histoire révolue. » Et d'ajouter, pour être encore plus convaincant : « Chez nous, on s'y A • conna1t en science. » S'y connaît-on en science comme sous Staline ? Cela n'est pas encore très clair. Mais, pour le moment, on peut considérer le mythe d'un Staline grand capitaine comme dégonflé. La légende qui voulait que Staline ait défendu Tsaritsyne en 1918, nous devons, en toute justice, la rejeter dans l'histoire « ancienne », « révolue ». Quant aux centaines de pages consacrées à glorifier le génie militaire de Staline, on peut sans regret, en Russie soviétique, les utiliser pour allumer du feu. GRÉGOIR.E ARONSON. (Traduit du russe) 14. G.E.S., 2e éd., t. 46, 1957. • Dans son discours secret, Khrouchtchev s'adressa en ces termes à Vorochilov : « Que Kliment Efremovitch, notre cher ami, trouve le courage nécessaire et qu'il écrive la vérité sur Staline; après tout, il sait comment Staline s'est battu. Il sera difficile au camarade Vorochilov d'entreprendre ce travail, mais il serait bon qu'il le nt. Chacun s'en féliciterait, le peuple comme le Parti. Même ses petits-fils l'en remercieraient. • Ainsi Khrouchtchev confirmait implicitement Trotski dont les écrits, avec preuves documentaires à l'appui, ont rétabli la vérité sur la défense de Tsaritsyne et sur les rôles respectifs de Staline et de Vorochilov. En même temps, il faisait allusion au caractère entièrement mensonger, d'un bout à l'autre, du petit livre de Vorochilov sur Staline et l'Armée rouge, certes retiré de la circulation depuis le déboulonnage officiel de Staline, mais que Vorochilov ne s'est pas encore résigné à désavouer, pas plus qu'il n'a répondu i\ l'invite de Khrouchtchev : écrire la vérité sur Stnline. - N.d.l.R.

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