H. D. STASSOVA papier dès le jour de sa réception, de sorte que je n'eus jamais de correspondance en retard. Faute de temps pour examiner la correspondance en raison des séances du secrétariat ou de l'Orgburo, je le faisais le matin, de bonne heure, avant d'aller au travail, si bien que tous mes dossiers étaient à jour. Le 23 avril, on fêta le cinquantième anniversaire de Vladimir Ilitch Lénine. J'étais malade et, à mon grand regret, je ne pus rendre visite en personne à Vladimir Ili tch ni aller à la réception organisée par le comité de Moscou. Voulant lui être agréable, je lui envoyai une caricature du jubilé de Mikhaïlovski, caricature qui se trouvait par hasard chez moi. L'œuvre avait été dessinée par le fameux peintre Karrik. Je la lui adressai surtout parce que les marxistes venus féliciter Mikhaïlovski étaient représentés sous les traits de petits enfants en jupons et court-vêtus appelés les « rejetons de Marx » 6 • Et j'écrivis à Vladimir Ilitch qu'alors notre parti était encore dans l'enfance et que ses effectifs étaient des plus réduits. A présent, notre parti tenait la barre. Et cela, disais-je, il le doit à vos mains, à votre intelligence, à votre talent. (Je ne me rappelle naturellement pas le mot à mot, mais c'était le sens.) Vlad1~nir Ili tch parla d'ailleurs de -cette caricature dans son discours de réponse et il appela le billet qui l'accompagnait une « lettre extraordinairement amicale » 7 • En avril 1920, je me rendis à Pétrograd et travaillai comme organisatrice au comité régional du Parti. Au mois de juin de la même année, le Comité central m'envoya à Bakou. A partir de juillet 1920, j'y travaillai comme secrétaire du bureau du comité central du Parti pour la Transcaucasie avec Serge Ordjonikidzé. En même temps, on me confia la responsabilité d'organiser le premier congrès des peuples d'Orient. Le premier congrès des peuples d'Orient MoN VOYAGE vers Bakou fut très intéressant. Je parvins à Minéralny-Vody et j'y restai en panne. A l'époque, les trains étaient encore très irréguliers. Soudain, j'appris qu'on attendait le convoi de Sergo Ordjonikidzé k. Je décidai alors de demander à Sergo de me prendre avec lui. La rencontre fut très cordiale ; Sergo ------ 6. Allm1lon nux polémiques de Lénine visant N. K. Mlkhullovskl, célèbre écrivain et sociologue populiste. - N.d.l.It 7. Cl. V. 1. Lénine : Œuvru, t. 30, p. 491. 8. Un des proches compagnons de Staline, qui l'acculu nu 1ulclde. - N.d.l.n. BibliotecaGino Bianco 49 m'invita à monter dans son wagon. Non content de me transporter jusqu'à Bakou, il m'installa dans son appartement. C'est là que je fis la connaissance de sa femme, Zinaïda Gavrilovna. La préparation du congrès donnait beaucoup de soucis. L'organisation faisait défaut dans le travail ; ·il était d'ailleurs difficile de s'attendre à mieux, car les moussavatistes 9 n'avaient été chassés qu'un peu plus d'un mois auparavant. Je dus, naturellement, prendre part à toutes les affaires, étant donné que N. N. Narimanov 10 me fit entrer immédiatement au Comité central du P.C. d'Azerbaïdjan. J'~vais fait la connaissance de Narimanov au début de 1920 à Moscou. Les moussavatistes ayant pris le pouvoir, il s'était enfui d'Azerbaïdjan et, sur les conseils de S.M. Kirov 11 , était venu à Moscou. C'était déjà un vieillard. Serge Mironovitch [Kirov J avait envoyé une note spéciale pour qu'on prenne soin du vieil homme, malgré tous ses défauts, car celui-ci avait une énorme influence sur la population musulmane. D'autre part, il mentionnait ses mérites en tant qu'écrivain. Lorsque cette même année 1920 arriva à Moscou le professeur indien (musulman) Prasad, sur instructions de J.V. Staline, Narin1anov fut invité à participer aux conversations. Pendant les mois de juin, juillet et aout, on prépara activement le congrès des peuples d'Orient. Celui-ci s'ouvrit le 1er septembre 1920. Il débuta naturellement par une séance de la fraction communiste et voilà que Sergo trouva que j'avais commis une erreur quant à Ryskoulov. En quoi consistait exactement l'affaire, je ne puis m'en souvenir exactement (il est vraisemblable que le détail se trouve dans les archives). Ce dont je me souviens, c'est que Sergo me passa un fameux savon. En compagnie de la camarade Eliava, je dus alors me rendre à Moscou pour recevoir les dernières instructions concernant la convocation du congrès. A ce moment se tenait le 2c Congrès 9. Moussaval, parti nationaliste contre-révolutionnaire des bourgeois et des propriétaires fonciers en Azerbaïdjan. Pendant la révolution socialiste d'Oclobre, l'intervention militaire <"trnngère et la guerre civile, ce parti fu L une des principales forces conlrc-révolutionnnires dnns cc pays. S'appuyant sur les Turcs, puis sur les interventionnistes anglais, il fut nu pouvoir en Azerbnïùjnn de juin 1918 ù avril 1920. Grâce aux efTorts conj u((ués des ouvriers de Uakou, des pnysons ozerbnîdjnnnls cl de l' Armée rouge qui était venue ù leur secours, le gouvcrncmrnl des moussnvn I Isles ru l rf'nversc\ 10. N. N. Nnrimnnov, homme politique Important el homme d'Étnt, écrivain nzerbnïdjnnnis. Drpuis ln victoire du pouvoir soviétique en Azcrbnïdjnn, président du comilt révolullonnaire de I' Azcrbnîdjnn, puis prcmlt•r président du Conseil des commls!4nlres du pruplr de l'Azcrbnïùjnn. 11. Assnssln6 en 1935 pnr ordre de Stnllne. - N.d.l.ll.
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