332 majorité a été arrêtée en 1937-38 et son sort est resté complètement inconnu 2 ... » Alfred Burmeister (nom de plume de Wanda Pampuch-Bronska, fille d'un Polonais, vieux ·compagnon de Lénine) cite à son tour un exemple de cette purge générale : en 1936, le KUNMZ (Université communiste des minorités nationales de l'Occident), première école de formation des cadres du Comintern, fut dissous alors que le personnel enseignant tout entier et la presque totalité des élèves furent arrêtés et disparurent pour toujours ~. Si l'on écarte la masse des militants réfugiés en U.R.S.S., voici quel a été le sort réservé aux dirigeants étrangers du Comintern : 1. - Tous les communistes étrangers qui suivirent Lénine ou coopérèrent avec lui avant 1917, au lendemain de la victoire, et à la fondation du Comintern en 1919, ont été extermin~s. 2. - Les dirigeants des partis mis hors la lo1 dans leurs pays et qui s'étaient réfugiés en Union soviétique eurent le même sort. Djilas confirme cette règle de conduite de Staline dans son livre Conversations avec Staline : « Les purges avaient surtout frappé durement les émigrés communistes, membres de partis illégaux qui ne pouvaient avoir recours qu 1 aux Soviets 4 • » 3. - Les dirigeants appartenant aux partis communistes légaux dans les pays européens de démocratie parlementaire survécurent aux massacres. A. Tuominen, parlant des pays scandinaves, constate le respect de cette règle : « Dans les pays scandinaves, les partis communistes étaient légaux : c'est ce qui a sauvé leurs membres. Leurs leaders ne résidaient pas à Moscou, et lorsqu'ils s'y trouvaient, ils avaient la nationalité de leur pays et ne vivaient donc pas des grâces des Soviets 5 • » L'application de ces trois principes conducteurs de la police stalinienne devait entraîner une certaine différenciation dans le sort du personnel étranger du Comintern. Il n'y avait qu'un seul parti dont les chefs remplissaient à la fois les conditions 1 et 2 : le P.C. -polonais. C'était le seul dont de nombreux fondateurs combattirent avec Lénine 2. B. Maslaritch : Moskva - Madrid - Moskva, Zagreb 1952, p. 103. 3. Cf. A. Burmeister : Dissolution and Aftermath of the Comintern. Experiences and Observations, 1937-1947. New York 1955, pp. 4-8. 4. M. Djilas : Conversations avec Staline, Paris 1962, p. 43. 5. A. Tuominen, op. cit. BibHotecaGino Bian·co LE CONTRAT SOCIAL avant Ja révolution et jouèrent un rôle important aux débuts de la Russie soviétique et du Comintern. A ce titre déjà, ils étaient condamnés par Staline ; de plus, ils vivaient comme réfugiés politiques en U.R.S.S. Rien d'étonnant par conséquent que le sort des Polonais ait été le plus cruel : toute la direction fut exterminée et ce parti fut le seul à être dissout sur l'ordre de Staline. Une autre catégorie se compose de plusieurs partis communistes mis hors la loi par les régimes dictatoriaux de leurs pays : une grande partie de leurs chefs, réfugiés en U.R.S.S., furent arrêtés et assassinés par la police stalinienne. Ce fut le cas de la Yougoslavie, de l'Allemagne, de la Hongrie, de la Roumanie, des trois pays Baltes et de la Finlande. Seuls deux partis de cette catégorie · (mais non en totalité) échappèrent au massacre collectif : ce sont les partis bulgare et italien. Un dernier groupe se compose des pays de « démocratie bourgeoise » qui jouèrent un rôle protecteur pour les communistes étrangers, même à Moscou : c'est le cas de la GrandeBretagne, de la France, de 1a Tchécoslovaquie et des pays scandinaves (Suède, Norvège, Danemark). L'extermination de la gauche zimmerwaldienne c~EST AU COURS. de la première guerre mondiale que Lénine, réfugié en Suisse, essaya pour la première fois de déborder le cadre strictement russe et de former une fraction à · l'échelle internationale. Au cours des conférences internationales des socialistes opposés à la guerre, tenues à Zimmerwald (1915) et à Kienthal (1916), la« gauche zimmerwaldienne » fut formée1 en fraction à l'intérieur du mouvement zimmerwaldien, avec Lénine comme inspirateur. . Bien que cette gauche fût loin de dominer - et parfois même d'influencer - le mouvement zimmerwaldien, un certain nombre de militants ou dirigeants socialistes de plusieurs pays sè groupèrent sur sa plateforme. Avec Zinoviev, membre du Comité. central du parti bolchévik, plusieurs dirigeants socialistes non russes de l'Europe orientale et centrale qui assistèrent à ces deux conférences se rallièrent à la gauche zimmerwaldienne. Les socialistes polonais y étaient le plus fortement représentés par les personnalités suivantes : MIECZYSLAWBRONSKI,qui vécut à Zürich - comme Lénine - durant la première guerre mondiale, participait comme délégué
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