Le Contrat Social - anno IX - n. 6 - nov.-dic. 1965

L'OBSERVATOIRE des deux Mondes Encore le Vietnam LA GUERRE fait rage au Vietnam et il y a de quoi rendre des ~ens enragés. i:es polémiques et les disputes font rage aussi. Les communistes ont voulu cette guerre et proclament leur volonté de la mener jusqu'à la défai!e des Américains qui combattent P?U~ conte1;11r le despotis1ne oriental dans les limites fixces par la Conférence de Genève en 1954_, pour l'empêcher _d'~nvahir tout le _Sud-Es! asiatiqu~, ce qui serait in1manquable si on lui accordait partie gagnée au Sud-Vietnam. Cette guerre fait rage, et dans des conditions particulièrement horribles. Toutes les auerres ont leurs horreurs, mais même dans l'horreur il y a des degrés, pl?s. q_ue des nuances. Le Vietcong et les Americains .ne luttent pas à arn1es ég~le~, ils se serven_t principalement d'annes diff erentes. Le Vietcong a surtout recours à la guérilla et au terrorisme, il épouvante la population, il frappe aveuglément sans épargner les femmes et les enfants. Les Américains font la guerre de leurs moyens emploient principalement l'aviation et les t~nks dont l'efficacité contre la dispersion et la m<?bilité de_ l'ennemi sur ce terrain n'est pas a proportion de la force dépensée. Ce qui n'exclut pas les chocs, les assauts et les corps à corps où les belligérants font preuve d'un courage et d'une abnégation dont les effets meurtriers font frémir. La presse, la radio, la télévision a~éricaines rivalisent de zèle pour relater et illustrer les détails et les scènes les plus atroces, qui se répandent par.tout ~ans le monde. La propagande communiste s en empare pour propager la haine contre les Etats-Unis rendus seuls responsables des ravages de la guerre, pour créer et stimuler un mouvement. d'hosti: lité pas·sionnelle contre la ~eule nation. g~1 ) ,,. tienne ses engagements de def endre la civilisation occidentale. Comme la propagande communiste est la seule qui existe, elle ne rencontre aucun obstacle dans les pays qui la tolèrent et entraîne avec elle, derrière elle, une kyrielle de pacifistes, de gens ignorants et sincères qui croient hâter la fin de cette guerre et en réalité font le jeu des pires bellicistes, contribuent à affermir les communistes dans leur résolution de persévérer jusqu'au bout. Il est hors de question que• le Nord-Vietnam, même ravitaillé en armements soviétiques et soutenu par la Chine, puisse vaincre rnilitairement les Etats-Unis. Mais à leur habitude, selon une stratégie et une technique éprouvées, les communistes mènent à travers le monde une guerre politique dont ils escomptent l'issue décisive, à savoir le retrait des forces américaines· comme condition préalable à un cessez-le-feu préludant au compromis dont ils seraient les seuls bénéfiBibliotecaGino Bian·co c1aires. La tournure prise par la guerre de Corée, puis par celle d'I~dochine, Ie1;1rdonne de bonnes raisons de speculer essentiellement sur une défaillance politiqu~ _d_eleurs adve~- saires à peau blanche. Les petitio!ls, les m_anifestations, les indignations, les int~ryentions qu'ils suscitent en Europe et en Ameriqu~, en Asie et en Afrique, leur apportent 1~ certitude d'arriver à leurs fins dans cette voie. Ils sont sûrs d'obtenir par la persuasion ce qu'ils ne peuvent imposer :par les armes,. éta~t e~tendu que leurs procédes de persuasion impliquent la plus sinistre perfidie et" les pl~s ba~ses n1anœuvres. Ainsi les bonnes ames qui raillent les cohortes communistes en espérant de cette façon abréger la guerre vont-elles à l'encontre de leurs meilleures intentions, alimentent en Chine l'esprit de guerre à outrance sur lequel s'aligne le Nord-Vietnam jusqu'à nouvel ordre. Seule la détermination des Etats-Unis réalisée dans le m_inimum de te~ps avec l~ maximum de puissa.nce , appropr1ee ~u ~ut. a atteindre dissuaderait Pek1n et Hanoi d insister dans leur entreprise de conquête. La temporisation et les dosages du bombardement sont interprétés comme des signes d'irrésolution, donc de faiblesse, par les communistes, de même que les ouvertures de paix, de négociation, de méd~ation. Enga~~s comme ils le sont dans l'affaire, les Amer1cains n'ont d'autre alternative que de mettre à la raison les forcenés de Pékin qui osent menacer l'humanité de destruction atomique ou de justifier le mépris de Mao et c•e envers le « tigre de papier » qui s'est abstenu de leur administrer en Corée la seule leçon qu'ils comprennent. Renouveler le compromis de Genève conclu en 1954, comme Moscou le suggère, équivaudrait à une défaite irrémédiable. On ne doit pas oublier que les Etats-Unis et le Sud-Vietnam n'ont pas signé la convention d'armistice de juillet 1955, consécutive à la Conférence de Genève, et que par conséquent · raccusation de se soustraire à des obligations qui en découlent est dénuée de fondement (accusation d'origine communiste et que reprennent à leur compte les pacifistes, les neutralistes et les pseudo-intellectuels de « gauche » inféodés à Moscou ou à Pékin). La Commission de contrôle de l'armistice, que composent des Canadiens, des Polonais et des Indiens, n'a jamais pu se faire entendre des parties contractantes. Le Nord-Vietnam a violé sans retard l'armistice en empêchant ses habifants d·e migrer au sud, ce qui a provoqué un appel du Sud-Vietnam aux Nations Unies, confirmé par un livre blanc britannique. Le gouvernement de Saïgon a dû renoncer à toute coopération avec celui d'Hanoï en matière d'élections, prévues par l'armistice, les communistes refusant de respecter la liberté de vote. La neutralisation du Laos et du Cambodge, également stipulée dans l'accord

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