Le Contrat Social - anno IX - n. 6 - nov.-dic. 1965

370 dations finales autour des problèmes du Pacifique. Et, en effet, cinq ou six jours de participation à la guerre contre le Japon lui valurent des avantages sans n1esure, notamment la possibilité de gagner la Chine au communisme. Quand vint en discussion le projet américain de Nations Unies, Staline mit en échec les calculs de F. D. Roosevelt en exigeant le droit de veto pour les grandes puissances, ce qui d'avance frappait d'impuissance la future organisation mondiale. En outre, il prétendit obtenir seize voix, une pour chaque république nationale de !'U.R.S.S. Cette fois, la délégation américaine réagit si fortement que Roosevelt dut s'aviser d'une contre-manœuvre et suggéra de réclamer· quarante-huit voix pour les U.S.A., une par Etat fédéré. Dans ces conditions, aucun accord n'était possible. Pour sortir de cette impasse, une conversation secrète eut lieu entte Staline et Roosevelt, à l'instigation du premier et en présence ·d'un seul témoin, Alger Riss, conseiller du Président, condamné plus tard dans son pays comme agent soviétique. Roosevelt transigea en concédant trois voix à !'U.R.S.S., sous réserve de pouvoir demander à la conférence de San Francisco trois voix également pour. les Etats-Unis. (Ce à quoi les Américains renoncèrent par la suite.) C'est à ce prix exorbitant que Roosevelt eut la vaine satisfaction d'annoncer au monde la prochaine réunion à San Francisco de la conférence inaugurale des Nations Unies. Une ère de paix et d'harmonie dans les rapports avec l'Empire soviétique devait s'ensuivre. Malheureusement, il fallut .bientôt déchanter. Quinze jours après Ialta, le ·commissaire Vychinski, envoyé de Moscou, arrivait à Bucarest et y accomplissait un coup d'Etat livrant le pouvoir aux communistes. Ce fait accompli violait la déclaration commune de Ialta par laquelle les trois « Grands » convenaient de se consulter sur toute décision engageant l'avenir des pays libérés de la domination allemande. Peu après, en mars, Moscou dénonçait le pacte turco-soviétique de non-agression et commençait contre la Turquie une violente campagne de revendications, territoriales et autres. Autre violation de l'accord de Ialta prévoyant la collaboration entre puissances pacifiques et la consultation mutuelle des signataires sur les affaires importantes. Ce fut ensuite, en mars encore, la question polonaise. Il fallait installer à Varsovie un gouvernement d'union nationale composé de leaders démocratiques reconnus. Une commission interalliée, siégeant à Moscou, et où Molotov faisait une obstruction systématique à la désiBiblioteca Gino Bianco ANNIVERSAIRES gnation de toute personnalité non communiste: ne pouvait conclure, les Soviétiques cherchant à imposer leur gouvernement fantoche de Lublin. Quinze chefs de la Résistance clandestine polonaise, invités au quartier général de l'armée soviétique, disparurent sans laisser de traces. Après cette félonie sans nom, la Pologne abandonnée par ses alliés tombait sous la botte policière des communistes. Dans les derniers jours de mars, la révélation des tractations Staline-Roosevelt au sujet des trois voix. aux Nations Unies fit scandale en Amérique. L'indignation du public obligea Roosevelt, le 3 avril, à renoncer aux trois voix qu'il se proposait de demander à San Francisco. C'était tout bénéfice pour Staline qui gardait les trois siennes. Là-dessus, Moscou voulut envoyer à San Francisco une délégation du gou- " vernement fantoche polonais de Lublin. Londres et Washington refusèrent, cette fois, cette reconnaissance implicite. Mais Staline, tenace, réitéra ses exigences. De plus, il choisit comme délégués à San Francisco des fonctionnaires de second et troisième plan afin de bien marquer son dédain envers l'entreprise pacifiste de Roosevelt. Les Américains et les Anglais eurent la naïveté d'insister pour qu'au moins Molotov fasse partie de la délégation, comme si un simulacre était préférable à une réalité tangible. Le 12 avril 1945, le président Roosevelt mourait et une période d'incertitude s'ouvrit, pendant laquelle M. Harry Truman s'initiait lentement aux affaires et Staline poursuivait vivement ses opérations brutales et perfides dans l'Europe centrale et orientale occupée par ses troupes. On est censé savoir comment l'histoire des dix dernières années a été remplie, au détriment du monde libre et à l'avantage de l'Empire totalitaire. Les suites funestes de Ialta, comme de Téhéran qui a précédé, comme de Potsdam qui a suivi, n'ont pas fini de se faire sentir. B. S. « La vraie leçon de Ialta » , 1er avril 1955. NOTRE ARTICLE Dix ans après Ialta . n'a précédé que de quelques heures la publication des documents officiels relatifs à cette conférence. Cela ne change pas un iota ' , . . , . . " a notre expose nt aux vues exprtmees 1c1meme. Au contraire, la confirmation inattendue que ,.

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