Le Contrat Social - anno IX - n. 6 - nov.-dic. 1965

D. D. BARRY privée pouvait être négociée en tant qu'objet strictement privé entre vendeur et acheteur, les autorités n'intervenant que lorsque l'Inspection automobile d'Etat (G.A.I.) effectuait le transfert de la carte grise pour la somme de 50 kopecks. Etant donné la pénurie de voitures, cette disposition laissait le champ libre aux spéculateurs. En conséquence, en mars 1961, le Conseil des ministres adoptait une résolution « concernant des mesures pour lutter contre la spéculation sur les automobiles ». La vente libre des voitures d'occasion entre personnes privées était interdite ; la vente devait désormais se faire dans des magasins spéciaux où les marchandises d'occasion sont vendues avec une commission qui revient à l'intermédiaire, en l'occurrence à l'Etat. Le mois suivant, le ministère du Commerce de la R.S.F.S.R. adoptait des règlès concernant la marche à suivre dans ce genre d,opérations 14 • Lorsqu'un « magasin de commission » se charge de vendre une voiture d,occasion, le personnel du magasin l'examine et fixe un prix avec le propriétaire. Pour ce faire, le prix d'une voiture neuve correspondante est pris en considération. Quand il s'agit de voitures d'occasion étrangères, les règlements prévoient un équivalent soviétique approximatif pour faciliter la décision. Par exemple, pour une Buick, une Mercedes, une Opel, une Skoda ou une Tatra d'occasion, le correspondant soviétique est la vieille ZIM. Le magasin retient une commission de 7 % sur le prix de vente, mais, tout en jaugeant l'état du véhicule, en aidant à établir le prix et en étant rémunéré pour ses services, il ne délivre aucun certificat de garantie et dégage toute responsabilité. Une fois la voiture d'occasion prête à être vendue, le magasin affiche un panneau de réclame. Si, au bout d'une semaine, aucune personne figurant sur la liste des acheteurs d'une voiture neuve ne s'est présentée, l'occasion est offerte à celui qui se présente le premier. Nous avons nous-mêmes visité, au milieu de l'année 1962, un magasin qui proposait de 90 à 100 voitures. Une Moskvitch-407 de 19 59 ayant au compteur 38.220 kilomètres était affichée 2.100 roubles ; à l'époque, une Moskvitch neuve valait à peine 400 roubles de plus. 14. Ré1oluUon n° 277 du Conseil des ministres, en date du 23 mars 1961. Pour cette résolution, nous ne pouvons citer aucune source imprimée, car nous l'avons lue sur une feullle volante dans une bibliothèque de Moscou. Il en est de même de• règlements du ministère du Commerce de lu R.S.F.S.R. mentionnés pluK haut, qui ont été publiés en appendice au décret n° 256 dudit ministère, en date du 28 avril 1961, Intitulé : • Me,mre11 complémentaire11 pour lutter contre la 1péculatlon sur les voitures de tourisme •· Biblioteca Gino Bianco 363 Pour le moment, les chances d'acquérir une automobile privée continueront d'être limitées. Les perspectives d'amélioration ne sont pas brillantes non plus, car l'Etat, nous le verrons, lance un vaste système planifié de location. Il se pourrait que l'achat soit encore limité par des modifications dans la méthode de distribution. Dans la République d'Azerbaïdjan, les voitures ne sont pas vendues à des personnes figurant sur une liste d'attente, mais à des individus suivant le « collectif » auquel ils appartiennent. Il faut visiblement être recommandé par son « collectif », ce qui favorise bien entendu les travailleurs méritants. Certains ont préconisé de généraliser cette façon de procéder : « Dans les conditions actuelles, le droit d'acquérir une automobile devrait devenir un facteur du système des stimulants ( ...). Les meilleurs ouvriers, savants, docteurs, écrivains, agronomes, travailleurs scientifiques devraient avoir la préférence ir,. >> TouT RÉCEMMENT ENCORE, les dirigeants soviétiques ont nettement précisé que, pendant la période d'édification du communisme, il ne fallait pas s'attendre à voir le parc automobile privé s'accroître de façon notable. A plusieurs reprises, Khrouchtchev a déclaré que l'Union soviétique n'entendait pas rivaliser avec les Etats-Unis dans ce domaine : elle se propose, quant à elle, de résoudre ses problèmes de transport de manière plus rationnelle. Pour Khrouchtchev, la question devait être posée en termes de répartition de ressources et d'efficacité économique : « Vous savez, les gens ne sont pas des vagabonds. Ils travaillent. Et pendant ce temps-là, l'automobile reste sur place. Mais si elle ne roule pas, elle n'en vieillit pas moins. Par conséquent, nous tenons pour contraire au bon sens d'avoir de nombreuses automobiles inutiles. La propriété privée, la façon capitaliste d'employer la voiture ne correspond pas à notre situation. Nous implanterons une méthode socialiste pour satisfaire les besoins de la population » (Pravda, 2 avril 1960). Cela signifie, tout d'abord, que l'on fera encore davantage appel aux transports en commun. Mais le plan sur lequel les autorités soviétiques comptent le plus, et qui à leurs yeux doit en fait se substituer à la propriété privée, consiste en un système généralisé de location. Khrouchtchev a laissé entendre que ce moyen 15. Goudlmov, lor. dt.

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