Le Contrat Social - anno IX - n. 6 - nov.-dic. 1965

360 voitures a plus que doublé à Moscou. Il s'agit pour la plupart de camions et d'autobus ; on ne compte qu'un peu moins de 10.000 taxis et quelque 70.000 voitures privées 3 • Cet accroissement s'accompagne de tous les problèmes bien connus en Occident. Le nombre des garages ou des emplacements pour garer les voitures privées pendant la nuit est insuffisant; en mai 1963, un système de rues à sens unique a été institué dans certains quartiers ; on creuse de nombreux passages souterrains à l'usage des piétons ; on vient d'achever autour de la ville un boulevard périphérique d'accès limité long de 92 kilomètres. Ces dernières années, plusieurs personnalités importantes ont été tuées ou mutilées dans des accidents de la circulation (la presse ne mentionne les accidents que lorsque la victime était haut placée). A en juger par le volume des chroniques judiciaires consacrées au sujet, les pertes éprouvées sur la route sont considérées comme un problème grave. Les savants soviétiques s'inquiètent de la pollution de l'air due aux gaz d'échappement. Le vol de voiture est devenu un délit suffisamment courant pour que la presse en fasse état assez fréquemment. Dans tout cela, rien de nouveau pour le citadin d'Occident. Mais le Soviétique connaît plusieurs autres problèmes qui, en Occident, n'existent pas normalement en temps de paix. Si le carburant est peut-être un peu moins cher qu'en Europe occidentale, les stations d'essence sont loin d'être légion. En 1960, dans la ville de Frounzé, pour 1.400 automobilistes et 1.500 motocyclettes, il n'existait aucune pompe 4 • A la fin de 1963, il y avait 1.280 stations pour toute la République de Russie (R.S.F.S.R.), soit un cinquième du nombre strictement nécessaire. De ce fait, les propriétaires de voitures privées ont de plus en plus recours à un moyen désespéré : ils achètent l'essence à des conducteurs de camion. Ces transactions illicites profitent aux deux parties, s'il faut en croire un fonctionnaire : « Plus on consomme [de carburant], plus le pourcentage de réalisation du plan est élevé, et par voie de conséquence, le salaire également. En outre, les excédents d'essence et de lubrifiant ont pour effet d'étoffer la somme de travail représentée dans les comptes- rendus de voyage. Et cette essence revient à bas prix au citoyen disposant d'un véhicule personnel 5 .» 3. Izuestia, 19 aoû.t 1964; Bk. Gaz., 14 septembre 1963; New York Times, 24 aot\t 1964. Moscou compte à présent quelque 6,3 millions d'habitants. · 4. Izuestia, 20 avril 1960, p. 3; cité in Current Digést of the ·soviet Press (C.D.S.P.), vol. XII, n° 16, p. 25. 5. Prauda, 6 sept. 1963 ; C.D.S.P., vol. XV, n°36,p.24. · BibliotecaGin_oBianco 1 L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE Les facilités de réparation sont également très insuffisantes. En 1963, par exemple, la ville de Moscou, avec 70.000 voitures privées, ne disposait que de huit garages outillés pour les réparations: Dans ces garages eux-mêmes, il est difficile de fair~ entretenir sa voiture ou de faire effectuer une petite réparation, le plan étant plus aisément exécuté à l'aide de grosses réparations et d'échanges de moteurs. En règle générale, les garages n'ont pas de stocks de pièces détachées ; force est d'acheter ces dernières dans des magasins spéciaux. Il y a pénurie de pièces détachées et celles-ci coûtent fort cher. LES DEUX CENTRES de fabrication automobile les plus importants et les plus connus sont Moscou et Gorki. Il existe cependant au moins une douzaine d'autres usines de véhicules à moteur en Union soviétique, la plupart étant situées dans la partie occidentale du pays. Les voitures de tourisme ne sont fabriquées qu'à Moscou, à Gorki et dans la ville ukrainienne de Zaporojié. Les trois modèles vendus au public sont, par ordre de grandeur décroissante, la Volga de l'usine de Gorki, la Moskvitch de l'usine M.Z.M.A. de Moscou et la Zaporojets de l'usine Communard de Zaporojié. Les diverses variantes de la Volga, cinqplaces d'une taille similaire à celle de la Ford Falcon ou Consul, représentent un peu moins de la moitié des 185.000 voitures de tourisme produites maintenant chaque année. La Volga est équipée d'un moteur quatre-cylindres développant 7 5 chevaux-vapeur et peut atteindre la vitesse de pointe de 130 km/h. En 1957, sa production a remplacé celle de de-la Pobiéda, voiture moins aérodynamique, que l'on croise encore en grand nombre sur les routes. La Volga et, à un moindre degré, la Pobiéda constituent le gros du parc de taxis. La Moskvitch,. de dimensions plus réduites, est une quatre-places quatre-portes un peu plus grande que la Volkswagen. f:quipée d'un quatre-cylindres de 45 chevaux (le modèle le plus récent, dont la production devait commencer au milieu de 1965, disposera de 50 chevaux),· elle, plafonne à 120 km/h. Les différentes administrations en usent largement et elle constitue un important article d'exportation. A bien des égards, la voiture de tourisme soviétique la plus intéressante est la Zaporojets. L'usine Communard de Zaporojié, qui, à l'origine, fut autorisée vers la fin des années 50 à produire une petite voiture très économique

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==