Le Contrat Social - anno IX - n. 6 - nov.-dic. 1965

B. LAZITCH Deux exceptions relatives : les Partis italien et bulgare LE MOUVEMENCTOMMUNISTitEalien, ayant été interdit par le régime de Mussolini, eut l'heureuse idée de fixer le gros de ses militants et dirigeants non pas en_Russie soviétique, mais dans la France bourgeoise. Ainsi le noyau des communistes italiens qui passa par la guerre civile d'Espagne, les camps en France et la résistance en Italie put se conserver presque entièrement. Au moment de la grande purge de 1937-38, il n'y avait pratiquement pas d'équipe dirigeante italienne à Moscou, la presque totalité des chefs étant en France ou en Espagne. Mais parmi les militants qui se trouvaient en Russie, il y eut des victimes. Certains furent arrêtés, maltraités en prison, comme Paolo Robotti (beau-frère de Togliatti) qui eut deux côtes brisées et ne fut libéré qu'après deux ans de prison. Emilio Sereni, directeur du journal communiste italien à Paris la Voce degli I taliani, fut appréhendé au cours d'une mission à Moscou au moment de la grande purge, mais recouvra la liberté un peu plus tard. D'autres dirigeants co1nmunistes ne survécurent pas à l'arrestation et à la déportation, comme VINCENZOBACCALAa,ncien secrétaire de la Fédération romaine du P.C. italien. D'autre part, beaucoup de 1nilitants modes.tes venus en Russie pour chercher non seulement un asile politique, mais également du travail, payèrent un lourd tribut à l'époque de la purge, ainsi que . plusieurs syndicalistes révolutionnaires réfugiés en Russie soviétique dès l'époque de Lénine. Tel fut le cas de FRANCESCOGHEZZI qui, inculpé de meurtre au cours d'une grève « révolutionnaire », s'était enfui d'Italie. Arrêté à Berlin, en 1922, il évita l'extradition grâce à une campagne menée par le Comintern et le Profintern. Mais en Russie soviétique, lorsqu'il fut appréhendé, aucune campagne ne put le sauver. En 1930, alors que, tuberculeux, il se consumait en prison depuis huit mois, Romain Rolland, Panaït Istrati, Paul Langevin - noms les plus célèbres que la cause communiste comptât alors en France - signèrent un appel en sa faveur, mais en vain : il mourut au bagne. Quant au sort relativement privilégié des chefs communistes bulgares en U.R.S.S., Djilas, se rappelant ses entretiens à Moscou en 1944, écrit : « Les émigrés bulgares eurent la chance que Dimitrov était secrétaire du Comintern et personnage jouissant d'une tel1e autorité. Il sauva beaucoup d'entre eux 4 \ » Djilas donne 4J. M. DJlla1, op. clt., p. S4. Biblioteca Gino Bianco 345 à la même page l'exemple d'une intervention fructueuse de Dimitrov : « J'avais déjà appris par Vlahovic et d'autres que Tchervenkov était marié à la sœur de Dimitrov, qu'il devait être arrêté au temps des purges - la dénonciation de l'école politique où il était instructeur avait été déjà rendue publique, - mais il se réfugia chez Dimitrov. Celui-ci intervint au NKVD et remit tout en ordre -1-1_ » Herbert \Vehnert donne d'autres précisions dans le même sens : « Quelques-uns des communistes bulgares arrêtés furent, grâce aux efforts de Dimitrov, remis en liberté. Vlachov - un vétéran du mouvement socialiste macédonien - et Kabaktchiev - un des fondateurs du parti communiste bulgare et de l'Internationale communiste - se trouvèrent parmi eux 4t\ » Mais Dimitrov ne pouvait - ou ne voulait pas - sauver tous les dirigeants communistes tombés aux mains de la police stalinienne, comme le montre le sort de ses coaccusés du procès de Leipzig, POPOV et TANEV.Après avoir été célébrés comme « héros » en Union soviétique et dans toute la presse de l'Internationale communiste, après avoir eu l'honneur d'être reçus par Staline et photographiés avec le Politburo stalinien, ils connurent peu après l'envers de la médaille. La même presse du Comintern publia leur autocritique et leur sort fut celui des autres victimes. A. Tuominen raconte la fin tragique de Popov (marié à la fille d'Otto Kuusinen), nommé membre suppléant du Con1ité exécutif du Comintern au Congrès de 1935. La liquidation physique fut réservée probablement aux dirigeants dits « sectaires » du P.C. bulgare qui, avant le tournant du Front populaire, menaient une politique exactement inverse à l'instigation du Conlintern, bien entendu, comme tous les autres partis communistes en Europe. Il s'agit en particulier de PETAR IsKROV,membre de la Commission internationale de contrôle - donc actif sur le plan policier, - élu aux congrès du Comintern en 1928 et 1935, mais « épuré » au Plénum du Comité central bulgare tenu à Moscou en février-mars 1936. D'autres membres de cette même direction « sectaire » furent épurés et l'on n'entendit plus jamais parler d'eux, comme BOJKOVR, ossEN, etc. Ils n'ont pas eu droit à la réhabilitation dont a bénéficié, à titre posthume, un autre dirigeant, KRUM GEKOVBATCHVAROmV,embre de la délégation bulgare .U. M. DJUas, Ibid. 45. H. Wehnert, op. cil., p. 161,

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