Le Contrat Social - anno IX - n. 6 - nov.-dic. 1965

342 Les Lettons, tant les dirigeants que la masse des militants, connurent le mâme calvaire. En ce qui concerne les dirigeants - outre Berzine, dont on a déjà parlé, - il importe de mentionner en premier lieu V. G. KNORINEc,hef du Secrétariat pour l'Europe centrale dans le Comintern de 1929 à 1936. Membre du Comité central du P.C. de l'Union soviétique élu aux congrès en 1927, 1930 et 1934, il fut arrêté au début de 1937 (et remplacé par Togliatti) avant d'être fusillé en 1939. Un autre personnage important était ]AN KROUMINSc, hef de la section lettonne du Comintern de 1.9 31 jusqu'à son arrestation en 1938, peu après suivie de son exécution. Selon le témoignage écrit de Bruno Kalmins (en notre possession), « après cette arrestation, la section lettonne fut dissoute, les éditions lettonnes Prométhée et le journal communiste letton Krievijas Cina, publié à Moscou, fermés. Des 13.336 communistes lettons organisés· dans le P.C. de l'Union soviétique, la plus grande partie, dont tous les dirigeants sans exception, furent arrêtés, envoyés dans les camps de travaux forcés ou fusillés. Pas un seul des dirigeants communistes lettons ne rentra dans son pays à la suite de l'annexion forcée de la Lettonie à l'Union soviétique en 1940. » Les dirigeants communistes hongrois prirent le chemin de l'exil après l'écroulement de leur République soviétique en 1919. De même que leurs pareils finlandais, nombre d'ex-commissaires du peuple de ce régime éphémère tombèrent victimes de la « terreur rouge » de Staline, après avoir échappé à la « terreur blanche ». BELAKUN, chef en fait, sinon en titre, de la République soviétique hongroise - il n'était pas président du Conseil des commissaires mais commissaire aux Affaires étrangères, - était incontestablement le plus connu. Président de la Fédération des communistes étrangers en Russie soviétique au lendemain de la victoire bolchévique, fondateur du P.C. hongrois à son retour au pays natal, Bela Kun devenu émigré politique occupa des fonctions-clés dans l' appareil central du Comintern dès 1920. Membre du « Petit Bureau » ( nom originel du Présidium de !'Exécutif du Comintern) en 1920, il dirigea en mars 1921 la malheureuse « Action de mars » en Allemagne au nom de Zinoviev, président du Comintern. Participant au IIIe Congrès, en 1921 ( où il fut sévèrement critiqué par Lénine pour son « exploit » en Allemagne et la « théorie de l'offensive »), Bela Kun prit part à tous les congrès suivants jusqu'en 1935. Membre du Comité exécutif1 du Présidium, chef d\l SeBib1iotecaGinoBianco --, LE CONTRAT SOCIAL crétariat pour les pays balkaniques dans l'appareil central du Comintern, il se conformait à tous les « tournants » de la politique de Sraline et montrait son zèle à calomnier tous les dirigeants tombés en disgrâce. Mais son tour d'être arrêté vint au printemps de 1937 et, cette fois, ses collègues, Manouilski en tête, usèrent de la même méthode éprouvée pour justifier sa liquidation. JosEPH PoGANY(alias John Pepper, Lang, Strong) figurait, avec quelques autres, au nom du parti socialiste aux côtés de Bela Kun, le 21 mars 1919, jour où les deux partis hongrois conclurent un accord pour ouvrir la voie à la · proclamation d'une République soviétique. Commissaire du peuple, il quitta le pays après la débâcle et entra dans l'appareil du Comintern. En 1921, il est lieutenant de Bela Kun dans l' « Action de mars » et, dès l'année suivante, il débarque aux Etats-Unis comme émissaire de Moscou, fonction qu'il va occuper jusqu'en 1929. Orateur aux IIIe, ve et VIe Congrès de l'I.C., il fut violemment attaqué à cette dernière réunion par un· jeune stalinien, Loniinadzé, ce qui était un signe précurseur infaillible de la chute prochaine de « Pepper », mais ce qui n'excluait pas pour autant la fin tragique de Loniinadzé lui-même, à une date ulté- . neure. BELA SzÉKELY, commissaire du peuple adjoint aux Finances, et DERSo BoKANYIm, embre du Comité central et commissaire du peuple au Travail, partagèrent le sort de Bela Kun. Plusieurs autres dirigeants de la République soviétique hongroise moururent dans des circonstances fort suspectes, comme JosZEF RABINOVITCHe,x-prisonnier de guerre en Russie, rallié au bolchévisme, rentré avec Bela Kun pour fonder le P.C. hongrois, dont il fut membre du Comité central et secrétaire, responsable de l'Agitprop; BELA VAGO, membre du Comité central et commissaire adjoint aux Affaires intérieures ; JOSEPH HAUBRICHTd, irigeant syndicaliste, commandant en chef des troupes révolutionnaires de Budapest, commissaire du peuple adjoint au Commerce, membre de la Commission de contrôle du parti communiste socialiste unifié sous la République soviétique hongroise. Beaucôup d'autres personnalités « responsables » de ce régime communiste subirent les persécutions de la grande purge et furent expédiés aux camps de concentration, comme ELEK BoLGAR,ancien ambassadeur des Soviets hongrois à Vienne ; deux frères de Rakosi : ZoLTANBIROet FERENCB1Ro, ainsi que BELA SzANTo,ex-membre du Comité central du P.C.

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