L'OBSERVATOIRE des deux Mondes Un communiste armé avance vers vous et vous réagissez contre lui. Vous êtes alors un réactionnaire ... WINSTON CHURCHILL. Les enragés LE 30 SEPTEMBREl,es communistes indonésiens, étroitement accointés à leurs congénères chinois, ont tenté à Djarkarta un coup d'Etat, suivi d'une guerre civile qui dure encore. Prétextant un imaginaire complot militaire à déjouer, ils ont torturé, décapité, coupé en morceaux six généraux pris à l'improviste, arraché les yeux à certains d'entre eux avant de les mettre à mort, assassiné les deux fillettes du général Nasution, commis toutes sortes d'atrocités sans nom. Bref, de bons élèves -de Staline. Une partie de ·l'armée a pu réagir à temps pour renverser les rôles et acculer les émeutiers à la défensive. L'olibrius extravagant nommé Soekarno et surnommé le Grand Guide, admirateur avoué d'Hitler, se maintient au pouvoir suprême en multipliant les boniments et les simagrées, mais sans savoir dissimuler sa connivence avec Mao, le principal responsable. Il prêche le pardon des offenses et l,a réconciliation, c'est-à-dire l'impunité aux scelérats qui tuent des enfants et taillent en pièces les officiers loyaux au régime. Forts de cette complicité infâme du Führer de l'Indonésie, les communistes armés par la Chine prennent le maquis et co1;1tinuent da!ls les J;?rOvinces un combat dont l'issue reste incertaine. Pour comprendre cette situation à nulle autre pareille, on ne saurait trop conseiller de lire les deux articles d'Herbert Luthy dans Preuves de juin et juillet derniers. Il est impossible ici de les résumer. Remarquons seulement que la scène politicque à Java est occupée par des aliénés mentaux dont les actes et les paroles sont imprévisibl~s, alors , que. les communistes seuls poursuivent systemahquement leur entreprise de toujours : s'emparer du ,pouvoir, -~xte_r:rµiner tous _les adv,~rsaires e~ tous les contradicteurs possibles, s imposer a perpétuité par la terreur. Les informations trop fragmentaires reçu~s de l'archipel indonésien tout au long du mois d'octobre ne définissent pas clairement l'état des choses. Les chefs communistes se cachent tandis que leurs tro~l?es se ,livrent aux pire~ violences dans les regions ou elles ont trouve refuge, d'où ne parvienn~nt que des éch?s attardés de meurtres, d'enlevements et de pillages. Même de Djarkarta, les précisions sur l'affaire du 30 septembre datent du 13 octobre et des jours suivants ; elle sorit d'une lecture à peine supportable. Biblioteca Gino Bianco Un témoin digne de foi rapporte : « J'ai vu des femmes hystériques, membres du mouvement communiste féminin Gerwani, hurler des insultes et danser autour des généraux pendant que d'autres jeunes communistes les mutilaient. » Le jeune aide de camp du général Nasution fut torturé à mort au petit matin du 1er octobre. Le général Yani reçut des coups de baïonnette au visage et ses bourreaux lui avaient arraché les ongles. Ce massacre « devait être le prélude à l'instauration d'une République populaire semblable à celle de la Chine » (depêche A.F.P. du 13 octobre). A Djogdjakarta, le colonel Katamso put échap~ per de justesse aux terroristes, mais « sa femme et ses huit enfants ont été assassinés à l'arme blanche et littéralement hachés en menus morceaux » (Figaro du 14 octobre). Il n'est pas étonnant que de telles horreurs aient provoqué des représailles populaires, que nombre de locaux communistes aient été incendiés, que des commerçants chinois suspects de relations complices avec les communistes aient .subi les contre-coups de ces crimes dont la liste s'allonge. Des centaines de victimes sont encore 1nentionnées dans les dépêches d'agence les 28 et 29 oétobre. .« L'extrême gauche est accusée de terroriser la population, d'allumer des incendies, de voler, de piller et de procéder à des enlèvements », écrit le il'londe du 29 octobre, toujours enclin à dissimuler le communisme maostalinien sous le voile de « l'-extrême gauche ». Cependant . l'attitude chinoise est révélatrice, sur place et à Pékin, confirmant la collusion des deux partis communistes pour faire de l'Indonésie un satellite de l'Empire du Milieu, attitude de dépit et de colère qui interdit le doute aux plus sceptiques. Jusqu'à présent, Soekarno sort apparemment indemne I de ces péripéties écœurantes. Mais ses ambitions et inventions d'olibrius frénétique sont plutôt mal en P,Oint. Le « nasakom » mélange absurcle et detonant de nationalisme, de religion et de communismé, n'a pas résisté à la :première épreuve. Le projet .de réunir en conference universelle les prétendues « forces montantes » pour faire une concurrence dérisoire aux Nations-Unies est renvoyé aux calendes chinoises. Les menaces belliqueu~es à l'adresse de la Malaisie n'intimident plus personne. « L'esprit de Bandoung », fiction saugrenue entre toutes, autant en emporte le vent. Quant au parti communiste, qui se targuait de trois millions de membres (recrutés comment?), il n'existe et n'existera que si l'armée s'avère décidément incapable de comprendre le vrai sens de l'histoire.
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==