F. RASKOLNJKOV turé tout le marxisme-léninisme, vous promettez, par la bouche de vos « théoriciens » ignares ou amateurs, qui occupent les places vacantes de Boukharine, Kaménev et Lounatcharski, que même sous le communisme vous maintiendrez l'omnipotence du Guépéou. Rien ne vous empêchera demain de déclarer que le communisme est instauré. Vulgarisateur primitif, vous avez tout fait pour discréditer la théorie de Lénine sur la construction du socialisme dans un seul pays. Vous avez enlevé aux kolkhoziens tout stimulant au travail. Pour les forcer à travailler dans les champs des kolkhozes, vous supprimez, sous prétexte de combattre le « bazardage » des terres kolkhoziennes, le fondement de la vie matérielle des paysans, leurs lopins individuels. Bafouant le kolkhozien, vous êtes allé jusqu'à prélever un impôt de viande non par tête de bétail, mais par hectare. Organisateur de la famine, par les méthodes brutales et cruelles et d'ailleurs inintelligibles qui caractérisent votre tactique, vous avez tout fait pour discréditer le principe léniniste de la collectivisation. Après avoir proclamé hypocritement que l'intelligentsia était « le sel de la terre », vous avez privé les écrivains, les savants et les peintres du minimum de liberté personnelle dans leur travail. Vous avez enserré le mouvernent artistique dans un étau où il étouffe, s'étiole et· succombe. La rage de la censure terrorisée par vous et la servilité compréhensible des rédacteurs qui répondent de tout sur leur tête, ont abouti à la sclérose et à la paralysie de la littérature soviétique. L'écrivain ne peut se faire imprimer, le dramaturge ne peut faire jouer son œuvre, le critique ne peut donner son opinion si celle-ci n'a pas reçu le sceau officiel. Vous étouffez le mouvement artistique soviétique, exigeant de lui une servilité de courtisan, mais il préfère se taire plutôt que d'entonner le los en votre honneur. Vous implantez un pseudo-mouvement artistique qui, avec une fastidieuse monotonie, encense à donner la nausée votre fameux « esprit génial ». Des plumitifs sans talent vous glorifient comme un demi-dieu « tombé sur terre de la lune ou du soleil » et vous, tel un despote oriental, vous vous grisez de l'encens de cette grossière flagornerie. Vous exterminez impitoyablement des écrivains russes pleins de talent, mais qui n'ont pas ) 'heur de vous plaire. Biblioteca Gino Bianco 317 Où est Boris Pilniak ? Où est Serge Trétiakov ? Et Alexandre Arossev ? Et Michel Koltsov ? Et Tarassov-Rodionov ? Où est Sérébrianova, coupable d'avoir été la femme de Sokolnikov ? Vous les avez emprisonnés, Staline ! Suivant les traces d'Hitler, vous avez ressuscité les autodafés de livres, comme au Moyen Age. J'ai vu qe mes yeux, envoyées aux bibliothèques soviétiques, des listes interminables d'ouvrages à mettre au pilon entièrement et sans délai. Lorsque j'étais ministre plénipotentiaire en Bulgarie, en 1937, j'ai découvert dans une liste d'œuvres littéraires interdites vouées au. feu mon livre de souvenirs historiques : Cronstadt et Piter* en 1917. En regard des noms de nombreux écrivains, publicistes et critiques soviétiques figurait la mention : « Détruire tous les ouvrages, brochures et portraits. » Vous avez privé les savants soviétiques, surtout dans le domaine des sciences humaines, d'un minimum de liberté de pensée scientifique, à défaut duquel le travail créateur d'un chercheur devient impossible. Les intrigues, cancans et tracasseries d'êtres ignares mais remplis de présomption empêchent les savants de travailler dans les universités, laboratoires et instituts. A la face du monde, vous avez proclamé « non-rentrants » d'éminents savants russes de réputation mondiale, les académiciens Ipatiev et Tchitchibabine, croyant ingénument les amoindrir. Ce faisant, vous n'avez fait que vou~ couvrir de honte en portant à la connaissan~d du pays tout entier et de l'opinion publique mondiale un fait qui déshonore votre régime, à savoir que les meilleurs de nos savants fuient votre paradis en vous abandonnant vos « bienfaits » : logement, automobile et carte donnant droit aux repas dans le restaurant réservé aux commissaires du peuple. Vous exterminez les savants russes de talent. Où est Toupolev, le meilleur constructeur d'avions soviétiques ? Même lui, vous ne l'avez pas épargné. Vous avez emprisonné Toupolev, Staline ! Il n'y a pas de région, pas de coin où l'on puisse se livrer tranquinement au travail que l'on aime. Directeur de théâtre, remarquable metteur en scène, éminent artiste, Vsévolod Meyerhold ne faisait pas de politique. Mais vous l'avez lui aussi emprisonné, Staline ! -------- • Diminutif de P~tt'rsbourg (N.,l. T.).
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