F. RASKOLNIKOV teurs » dans tous les pores de l'appareil du Parti et des Soviets ? - Joseph Staline. Relisez les anciens procès-verbaux du Politburo : ils fourmillent exclusivement de nominations et de mutations d' « espions », de « parasites » et de « saboteurs trotskistes et boukharinistes » et au bas de ces procès-verbaux une signature s'étale fièrement : J. Staline. Sachant tout cela, vous vous faites passer pour un jocrisse que des monstres masqués de carnaval auraient mené par le bout du nez pendant des années. Cherchez et attifez des « boucs émissaires », soufflez-vous à votre entourage, et chargez de mes propres péchés les victimes désignées et vouées à être immolées. Vous avez enchaîné le pays par la terreur. Même le plus brave des braves ne peut vous jeter la vérité à la face. Les vagues de l'autocritique « en dehors de toute considération de personne » viennent mourir humblement aux pieds de votre trône. Vous êtes infaillible, comme le pape ! Vous ne vous trompez jamais ! Mais le peuple soviétique sait parfaitement que le responsable de tout, c'est vous, le « forgeron du bonheur universel » ! Au moyen d'ignobles faux, vous avez mis en scène des procès où l'absurdité des accusations dépasse ce que vous avez appris dans les manuels de votre séminaire sur les procès en sorcellerie du Moyen Age. Vous savez très bien que Piatakov n'est jamais allé à Oslo en avion, que Maxime Gorki a eu une mort naturelle et que Trotski n'a pas fait dérailler de trains. Sachant que tout cela n'est que mensonge, vous soufflez à votre entourage: « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. » Vous savez que je n'ai jamais été trotskiste. J'ai combattu, au contraire, sur le plan idéologique, toutes les oppositions, que ce soit dans la presse ou dans de vastes réunions. Aujourd'hui encore, je désapprouve la position politique de Trotski, son programme et sa tactique. Mais tout en étant séparé de lui par des questions de principe, je le considère comme un révolutionnaire honnête. Je ne crois pas et ne croirai jamais à sa « collusion » avec Hitler ou avec Hess. Vous êtes un cuisinier habitué à pttparer des plats trop ~picés : pour un estomac normal, ils ne sont pas mangeables. Biblioteca Gino Bianco 315 Sur le cercueil de Lénine, vous avez juré d'exécuter le testament de celui-ci et de conserver, comme la prunelle de vos yeux, l'unité du Parti. Parjure, vous avez trahi même le testament de Lénine. Vous avez calomnié, déshonoré et fusillé ceux qui, pendant de longues années, furent les compagnons de Lénine : Kaménev, Zinoviev, Boukharine, Rykov et autres, alors que vous saviez très bien qu'ils étaient innocents. Vous les avez forcés, avant de mourir d'exprimer leur repentir pour des crimes qu'il~ n'avaient jamais commis et de se couvrir de boue de la tête aux pieds. Où sont les héros d'Octobre? Où est Boubnov? Et Krylenko? Et Antonov-Ovséenko? Et Dybenko ? Vous les avez arrêtés, Staline. Où est la vieille garde ? Elle n'est plus de ce monde. Vous l'avez fusillée, Staline ! Vous avez corrompu et souillé l'âme de vos compagnons d'armes. Vous avez obligé ceux qui vous suivent à patauger, le cœur torturé et le dégoût aux lèvres, dans les flaques de sang de vos compagnons et amis d'hier. Dans l'histoire mensongère du Parti, écrite sous votre propre direction, vous avez détroussé les morts, assassinés et diffamés par vos soins, de leurs faits d'armes et des services rendus par eux. Vous avez anéanti le Parti de Lénine, et sur son cadavre vous avez bâti un nouveau « parti de L~nine-Staline », qui sert de couverture à votre \pouvoir personnel. Ce parti, vous l'avez fondé non pas sur un programme et une tactique d'ordre général, comme il sied à tout parti de s'organiser, mais sur le culte de votre personne et sur un dévouement total à celle-ci. Les membres de ce parti ne sont pas obligés de connaître son programme, mais ils sont tenus d'adorer sans cesse Staline que la presse encense journellement. L'étude du programme du parti est remplacée par le culte de Staline et par la justification de ce culte. Vous êtes un renégat qui a rompu avec son passé et trahi l' œuvre de Lénine ! Vous avez proclamé solennellement comme un mot d'ordre la promotion de nouveaux cadres. Mais combien de ces jeunes cadres gémissent déjà dans vos casemates? Combien en avez-vous fusillé, Staline ? Avec une cruauté sadique, vous exterminez les cadres, utiles et même indispensables au pays : vous les jugez dangereux pour votre dictature personnelle.
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