revue l,istorÎIJUeet critique Je1 faits et Jes iJéeJ Septembre-Octobre 1965 Vol. IX, N° 5 NI ORTHODOXIE, NI RÉVISIONNISME par B. Souvarine L E COMITÉCENTRALdu parti communiste de l'Union soviétique, qui représente l'oligarchie de la société dite « socialiste », ou plus exactement l'étage supérieur de la pyramide oligarchique, a tenu session plénière en septembre pour tenter de résoudre les problèmes ardus que lui pose le marasme de l'industrie étatique et planifiée. Il avait siégé en mars dernier pour prendre des mesures commandées par la situation critique de l'agriculture collective. Les réunions de ce genre consacrées aux deux catégories principales de la production êconomique sont innombrables et jusqu'à présent décevantes. C'est même précisément ce système de direction et de gestion assumées par le Parti qui explique le cercle vicieux dans lequel tourne sans fin le régime soviétique depuis bientôt un demi-siècle. Dans les pays où l'industrie et l'agriculture sont prospères, où l'on se préoccupe surtout d'amplifier la demande des consommateurs et d'écouler les produits en excédent, il n'y a Comité central d'aucun parti exclusif qui s'en mêle. Et rien de sûr n'autorise à supposer que les décisions prises à Moscou en mars et en septembre créent enfin un ordre de choses permettant à l'économie soviétique de progresser normalement sans que soient remises en question chaque année les méthodes qui la différencient des économies complexes abusivement d~inies comme capitalistes et impérialistes par des doctrinaires attardés, incapables de s'ins- • trutre. Biblioteca Gino Bianco Les faits de l'année écoulée depuis l'éviction de Khrouchtchev montrent une fois de plus que les affaires soviétiques sont trop sérieuses pour être interprétées par la plupart des « soviétologues ». Aucune des prévisions formulées ni des transformations annoncées par les oracles de la presse et de l'édition en Occident n'a trouvé le moindre commencement ou promesse de justification. D'ailleurs, aucun soviétologue n'avait envisagé l'élévation, puis la chute brusque de Khrouchtchev telles qu'elles ont eu lieu. En politique intérieure comme en politique extéyieure et en politique économique, les héritiers de Staline s'avèrent essentiellement conservateurs et inaptes à innover de leur propre initiative, ne cédant à contrecœur et le moins possible de terrain dogmatique que sous la pression des nécessités les plus impératives, en quoi les dirigeants actuels ne se distinguent guère de leurs prédécesseurs; du reste, ce sont les mêmes, moins Khrouchtchev et quelques comparses. Certes, des changements graduels s'accomplissent avec lenteur, après comme avant et pendant la prééminence de Khrouchtchev, mais pour la raison qu'Héraclite a enseignée depuis quelque vingt-cinq siècles, non en vertu de raisons nées dans les cerveaux stériles des détenteurs du « marxisme-léninisme » officiel. Parfois, des changements soudains interviennent sous l'effet de causes extérieures ou de phénomènes imprévisibles, mais jamais dus jusqu'à présent à la science, ni à la conscience,
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