Le Contrat Social - anno IX - n. 3 - mag.-giu. 1965

.. B. DELIMARS d'appareils mis au rebut par les autres établissements de recherche. Le bluff de Lyssenko TOUT CELA ne concerne que le caractère odieux du règne de Lyssenko. Mais se peut-il que tant de souffrances et d'avanies, un tel retard infligé à la science soviétique aient pu être compensés, aux yeux des communistes, par certain apport personnel de Lyssenko à l'économie du pays, apport tant vanté par le Parti et tout récemment encore par Khrouchtchev ? Un certain la. Gordinski s'est donné la peine d'examiner de plus près cet apport. Sa lettre, adressée à la Komsomolskaïa Pravda, fut publiée le 29 novembre sous un titre vengeur, « Les faits contre les mensonges » : J'ai vu dernièrement à l'exposition de Moscou un stand consacré à l'élevage des porcs à Gorki-Léninskié, où, en croisant trois races, on est en train de créer une nouvelle race (...). En réalité, dans cette exploitation, il n'existe aucun de ces porcs tant vantés. On les a tous abattus dès 1963, car leur entretien revenait trop cher. Le prix de revient d'un quintal de viande en poids vif avait atteint le chiffre fantastique de 22 3 roubles 65 kopeks (...). Ce cas n'est pas isolé, il fait partie d'une multitude de faits similaires (...). On ne nous dit point que la récolte de la majorité des cultures à Gorki est inférieure à celle d'avant-guerre, alors qu'on n'utilisait ni mélanges ni composts. Deux exemples parmi bien d'autres : en 1937, la récolte de blé d'hiver était de 32,5 quintaux par hectare; en 1964, elle était de 25,5 quintaux. En 1937, on récoltait ici 277,3 quintaux de pommes de terre par hectare, tandis qu'en 1964 la récolte dépassait à peine 100 quintaux, soit la moitié de ce qu'on a obtenu cette année-là dans beaucoup de sovkhozes et kolkhozes de la région de Moscou. Quant aux fameuses recommandations de Lyssenko concernant les engrais, la réalité était la suivante : A Gorki, on affirme que les récoltes ont augmenté comparativement à celles des années 50 sans aucune augmentation de la quantité utilisée d'engrais minéraux. Mais les chiffres nous apprennent que naguère, quand on répandait séparément les engrais minéraux et le fumier, on mettait en moyenne 4-5 quintaux d'engrais minéraux et 2 à 3 tonnes d'engrais organiques par hectare. Or, en 1963, les~ composts fumier-terre contenaient, par hectare, en moyenne 3 quintaux de chaux et 1 ,5 quintal de farine de phosphates. De plus, chaque hectare avait reçu 1,8 quintal d'engrais minéraux. Cela fait un total de 3,3 quintaux de ces engrais auxquels s'ajoutent 3 quintaux de chaux et Sou 6 tonnes de fumier. Aujourd'hui donc, la terre reçoit, à Gorki, bien plus d'engrais que jadis. En outre, le prix de revient des produits et les dépenses pour la culture d'un hectare de labours atteignent, dans cette exploitation, un montant inadmissible. Il n'est donc pas étonnant que tous les producteurs se détournent résolument de tels résultats et que nous constations une répulsion gmérale pour ces méthodes. Lyssenko recommande de mélanger au compost jusqu'à 70 % de terre. • Une tonne de ce compost, Biblioteca Gino Bianco 171 affirme-t-il, est un engrais supérieur à une tonne de fumier frais pour n'importe quelle culture sur un sol acide sablonneux. » On a vérifié cette affirmation dans 57 établissements scientifiques à l'aide de 147 expériences réalisées sur 18 cultures différentes. La conclusion unanime est la suivante : l'accroissement de la récolte, en employant le fumier avec les engrais phosphatés sans la terre, est le même qu'en employant des engrais avec la terre I De plus, l'amendement avec le compost de Lyssenko impose un énorme travail parfaitement inutile pour le transport de la terre d'un endroit à un autre. C'est une tâche inexécutable avec le parc de camions dont disposent aujourd'hui les sovkhozes et les kolkhozes (...). Il n'est pas étonnant que, malgré tous les efforts de propagande, malgré la pression administrative, les composts fumier-terre n'aient pas été adoptés dans la production, tout comme les mélanges organo-minéraux, leurs prédécesseurs. Pour conclure son réquisitoire, Gordinski examine le dernier cheval de bataille de Lyssenko, son troupeau de vaches donnant un lait riche de 5,2 % de matières grasses : L'hiver dernier, Lyssenko avait proclamé : « Nous avons actuellement, dans notre ferme, 222 vaches laitières d'origine et d'âge divers. En 1963, elles ont donné un lait avec 5,06 % en moyenne de matières grasses. Au cours des dix années d'existence de ce troupeau, la teneur annuelle moyenne du lait en matières grasses a été de 5,04 à 5,2 % et aucune vache n'a dû être éliminée du troupeau pour insuffisance en teneur. » Or, l'examen des bilans annuels de la comptabilité tenue à Gorki prouve que Lyssenko a grossi d'au moins 0,29 à 0,45 % la teneur en matières grasses et la quantité de lait produit. En outre, le rendement annuel par vache a diminué de 2.660 kilos par rapport à 1954. Ainsi, on a obtenu de chaque vache 34 kilos de matières grasses et 67 kilos de protides de moins qu'il y a dix ans ! Comment expliquer cela ? (... ) La clef de l'affaire, c'est l'organisation des travaux à Gorki. Ils sont conduits sans aucun plan raisonné, sans une information complète et claire. A maintes reprises, Lyssenko avait proclamé : « Pour obtenir une bête à haut "rendement, choisissez un animal très productif, sans vous occuper de ses origines, et croisez-le- avec une bête de la race de Jersey. » Mais cela suppose la destruction du noyau racial chez les races, pour la création et l'amélioration desquelles les savants et les producteurs ont travaillé plusieurs dizaines d'années. « Il se peut que vous ayez raison, mais montrez-nous vos résultats » : telle était la demande w1anime des spécialistes de l'élevage et des savants. Voici ces résultats. La ferme de Gorki-Léninskié avait envoyé dans les exploitations des établissements de recherche, des écoles supérieures d'agriculture, aux stations expérimentales d'Etat, aux sovkhozes et kolkhozes, 360 taureaux métis de Jersey, ainsi que 305 vaches et génisses métisses; 558 vaches, issues de 51 de ces taureaux, donnent déjà du lait. A la fin de 1963, il y avait, en R.S.F.S.R., 652 taureaux issus de ceux de Gorki. Ils ont couvert ou fécondé artificiellement 163.100 vaches. Dans nombre d'exploitations, les hybrides de la première génération eurent une teneur accrue en matières grasses ; dans la deuxième génération croisée, cette teneur tombe brusquement; dans la troisième, elle revient au niveau initial. Dès la première génération, les vaches nées de plusieurs taureaux avaient une faible teneur en matières grasses.

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