Le Contrat Social - anno IX - n. 3 - mag.-giu. 1965

L. EMBRY ment prolongée, aidée, financée, pendant huit ou ne~ ans, ~~ fut pro~table en définitive qu'à la police politique et a un clan de prébendiers. L'heure vint où l'on jugea préférable d'abolir ce qu'on avait si coûteusement édifié et entretenu. Mais alors, le voile étant déchiré, tout est devenu ostensible. Des factions bien incapables de former un gouvernement efficace qui recevrait légalement l'assentiment populaire, des masses déi:rioralisées par d'innombrables déceptions et qui ne trouvent plus en elles de conscience nationale ni d'ardeur combative, des communistes qui apportent la grande tentation du meilleur ou du pire. Tout glissant vers le plus bas, il ne restait a~x América~s, en ~ette pulvérulence, qu'à sortir de la coulisse et a compter sur leur immense supériorité militaire. Solution toujours mauvaise mais à laquelle ils étaient acculés sous peine d; tout perdre et de laisser vaciller ou s'effondrer en son entier le secteur du Pacifique. ...Pers,onn~n'imagine que l~s Américains puissent etre deloges de leurs bases vietnamiennes, pas plus que de Formose. On ne saurait leur reprocher d'avoir voulu empêcher une catastrophe, ni d'avoir dénoncé la· forme d'ingérence constituée par la contrebande des armes et des effectifs ni même <l'a.voir rudem~I?-t démontré qu'ils p~ssèdent la puissance mater1elle et sont en mesure d'inviter l'ady~rsaire, à la pru~ence. Cela dit, reste que la pos!tlon d une armee occupante, qui ne peut ~x~i~er en faveur ,d~ sa présence que d'arguments J~idique~ peu serieux, qu'entoure une population hostile ou sceptique, n'a rien de très confortable et ne peut être indéfiniment prolongée. La guerre d'usure, l'extermination au détail ne donnent pas de résultats concluants; tout le ~onde reconnaît qu'il faudra un jour ou l'autre ebaucher un nouveau statut de la péninsule. L'exemple récent de la guerre d'Algérie montre assez comment les refus claironnants sont des étapes du glissement vers le compromis. Si l'on pose en principe que le communisme e~t une, entité immuable, que le monde commu- ~s.t~ re,c,usep_arn_ature l'opportunisme, la plasttcite,, 1 evol~tion mterne, il, n_e reste plus qu'à s~ preparer a la guerre nuclerure ; mais ce fatah~me est démenti par l'histoire des vingt dernières années et rot?- voit bien_que le complexe admet des combinaisons multiples. Le trait le plus remarquable peut-être dans le développement de la crise vietnamienne, c'est la façon dont elle révèle la tiédeur de la Russie et même de la Biblioteca Gino Bianco 139 Chine. Cela ne s'entend n-iturellement point des propos, qui sont virulents comme il sied, mais enfin, qu'en est-il des actes, que recouvrent de positif les rumeurs sur l'envoi des fusées, des avions et des volontaires ? Il se pourrait que la Chine soit pour le moment plus retenue que poussée par son désir d'accroître d'abord son armem~nt atomique, ce qui, aux yeux de certains mili- !11res de l'école de MacArthur, inciterait plutôt a pro~oquer la ~uerre préventive. Mais enfin, puisqu on ne les suit pas, puisque de part et d'autre on se montre circonspect, ne serait-ce pas parce qu'on tâtonne vers la transaction d'abord secrète? B~lle parti~ diplomatique que celle où l'on pourrait envenimer les différends russo-chinois au prix d'une neutralisation garantie et surveillée du \~ïetn;1m. Les chimères sont telles tant que les situations ne sont pas mûres ; il existe dans le monde trois frontières factices qui sont des plaies vives, celles qui séparent les deux Allemagnes, les deux Corées, les deux Vietnams. Ne faut-il pas qu'elles s'effacent ou s'abaissent ? On vient de fêter le dixième anniversaire de la libération de l'Autriche, par application d'un traité exemplaire qui n'a jamais fait l'objet de la moindre critique. Qui aurait cru, parmi les réalistes que deux ans après la mort de Staline, les Russe~ lâcheraient Vienne et, en un secteur au moins se rallieraient à la sagesse ? ' En définitive, nous prenons mieux conscience du fait qu'à travers le réseau très embrouillé des guerres, des tractations, des convulsions sociales, les Etats-Unis sont en quelque sorte astreints à endiguer de leur mieux la m1rée communiste. N~us n'~von~ point la naïveté de penser qu~ cela puisse s expliquer par une vocation magnanime • A ) • • • A , nt meme qu une action aussi vaste puisse etre purifiée de tout alliage peu honorable. Nous admettons sans fard que la raison majeure de la constance américaine dans le combat n'est d'abord pas essentiellement différente de l'instinct de êbnservation, de la défense du prestige et de l'int_;êrêvtital. Mais quoi, quand Atlas porte un monde, allons-nous passer notre temps à nous dire offusqués par ses inélégances et même à rire de ses faux gestes ou de ses mauvais pas ? Certes, nous devons reven~iquer le droit absolu de ne pas toujours l'admirer, et même de ne pas toujours le suivre. Reste que_si Atlas trébuchait et tombait, qui donc ramasserait son fardeau et quel serait notre sort? LBON EMERY. ,

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