B. SOUV ARINE régionale, empliraient chaque année un numéro entier de la présente revue. On comprend que la direction collective ne veuille pas démordre de sa coûteuse expérience des terres défrichées tant que la Russie d'Europe n'accroît pas suffisamment sa productivité agricole, mais si la nep actuelle se réalise « sérieusement et pour longtemps », comme disait Lénine de la sienne, il est à prévoir que les steppes de l'Asie centrale seront peu à peu converties pour la plus grande part en pâturages. Depuis 1959, constate Brejnev dans son rapport au Comité central, la production agricole n'a augmenté que de 10 % au lieu des 70 % prescrits par le plan septennal. Encore son premier chiffre est-il sujet à caution. La population ayant crû parallèlement de quelque 20 millions d'âmes, la stagnation reconnue décèle une sensible régression relative. Ce constat de faillite communiste, à deux ans du cinquantième anniversaire que va célébrer le régime, aurait retenti à travers le monde s'il subsistait, dans la presse dite bourgeoise, avec un minimum de dignité, le moindre sentiment du devoir d'information impartiale. A quoi il importe d'ajouter qu'une très notable portion des denrées comestibles provient du minuscule secteur privé, lequel surpasse de loin, avec ses moyens dérisoires, la productivité du secteur étatique, et sans lequel la population serait réduite à une demi-famine. C'est pourquoi le Comité central, en novembre dernier, s'était hâté d'octroyer à la culture individuelle et familiale une extension des parcelles potagères et un accroissement des possibilités d'élevage, concessions brusquées qui en disent long sur la gravité de la situation alimentaire présente et à venir. Maintenant, Brejnev promet d'aller jusqu'à doubler le p:ix des prestations exigées des kolkhozes tout en réduisant le volume ~lob~l de celles;-ci, d~ payer 50 % de plus les livraisons supplementa1res, et en outre d'investir 71 milliards de roubles en cinq ans pour accélérer le développement de l'agriculture, autant qu'en ~e vingtaine d'années écoulées, ce qui serait inconcevable sans de profonds remaniements budgétaires nécessairement réalisés au détriment des fabuleuses dépenses improductives d'armement et d'astronautique. On demande à le voir pour le croire et l'on imagine aisément les tricheries dont les sans-scrupules conscients de la Staraïa Plochtchad* sont capables pour reprendre d'une main ce qu'ils concèdent de l'autre. Last but not least, il y aurait désormais les stimulants << moraux », innovation qui fera date si la pratique correspond à la promesse. Les stimulants moraux, après les stimulants économiques, consisteraient à soustraire enfin la population rurale à l'autoritarisme arbitraire et stérilisant du Parti comme à la réglementation tâtillonne et paperassière du Gosplan. Parlant * La •Vieille-Place•, où se trouve le siège du Comité central et du Secrétariat du Parti, que tant d'experts occidentaux situent au Kremlin. Biblioteca Gino Bianco 65 de l'élevage, Brejnev affirme qu' « il appartient aux kolkhozes, aux sovkhozes et aux spécialistes des questions agricoles de chercher à résoudre ce problème (...). C'est à ceux qui se trouvent sur place et connaissent les conditions locales de choisir ce qui doit être semé pour les besoins de la population et ce qui doit être réservé à la nourriture du bétail. » Exprimant sans nul doute le diagnostic des économistes et des techniciens consultés sur les maux de l'agriculture et leurs remèdes éventuels, le rapporteur se décide à déclarer que la situation actuelle serait différente « si des théories et des dogmes néfastes, dépourvus de toute base scientifique, avaient été éliminés en temps opportun au lieu d'être officiellement maintenus par des moyens administratifs » (lire : des moyens de coercition et de persécution policières). En conclusion Brejnev juge « indispensable d'en finir avec la politique d'autoritarisme et de mesquinerie administrative, de petite tutelle, de remplacement continuel des spécialistes et de~ dirigeants dans les kolkhozes et les sovkhozes » (ce qui sous-entend l'activité brouillonne et impérative du touche-à-tout nommé Khrouchtchev). La réalisation de ce beau programme atténuerait considérablement la contrainte étatique, laissant place à l'initiative et à l'intérêt personnels, inaugurant ainsi une ère nouvelle de l'histoire soviétique. On a du mal à imaginer le Parti unique et monolithique comme artisan de cette rétrovolution. En outre, lisant Brejnev, on éprouve le sentiment d'avoir déjà lu ces choses-là quelque part, tout au moins des choses de ce genre. SANS REMONTER AU-DELA de l'année dernière, retenons que la session du Comité central tenue en février 1964 avait tourné et retourné de tous côtés le bilan agricole. Khrouchtchev prononça Id discours de clôture, que l' A.F.P. analysait co:tnme suit dans une dépêche du 14 février: « Mettant en relief l'effort accompli dans le domaine de l'agriculture depuis dix ans, M. Khrouchtchev a dit notamment qu'en 1953 les investissements de l'Etat dans l'agriculture s'étaient chiffrés à. 985 ~illions de roubl~s tandis qu'en 1963 ces investissements ont atteint 16 milliards de roubles. » L'Etat qui avait payé aux kolkhoziens 1,6 milliard de roubles en 1953 leur aurait versé 7,2 milliards en 1963. « En abordant ensuite le problème de l'élevage et du fourrage, l'orateur a mis l'accent sur la nécessité de donner dans ce domaine une plus grande liberté d'initiative aux agriculteurs. » La dépêche cite alors textuellement Khrouchtchev : << Evitons les exagérations. Les kolkhoziens doivent être en mesure de décider eux-mêmes combien ils doivent semer de maïs et autres espèces de fourrage pour subvenir dans les meilleures conditions aux besoins de l'élevage, en tenant compte des co~ditions locales. » C~est ce que dit à son tour BreJnev, et même le chiffre des invesr
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