L'OBSERVATOIRE des deux Mondes Les « illibéraux » IL AVAIT PARU dans le New York Times du 8 mai 1962 un article insolite qui.a passé inaperçu et qui pourtant eût mérité un écho universel. Insolite parce que unique en son genre, à notre connaissance, et parce que ses observations critiques fort pertinentes s'adressaient en premier lieu au grand journal qui les a publiées. Sous le titre : « Liberals seen Helping Rightists », c'est-à-dire : « Les libéraux qui aident les gens de droite », M. Harvey B. Schechter y dénonçait les intellectuels et les politiciens qui se disent « libéraux » et se font, par leur silence et leur carence, les complices de l'impérialisme communiste. Les vérités que contient cet article visent les pseudolibéraux ou gens « de gauche » en Amérique, mais valent aussi pour toutes sortes de soi-disant libéraux, progressistes et autres gens « de gauche » en Europe. A trois ans d'intervalle, ce sont des vérités plus actuelles que jamais et c'est pourquoi elles vont trouver place dans cette revue qui partage entièrement les vues de l'auteur. M. Harvey Schechter constate que les groupes et associations d'extrême droite, genre John Birch Society, ont suscité un déluge de commentaires hostiles, alors qu'il y a une « carence tragique des libéraux incapables de comprendre leur propre responsabilité dans cet état des choses ». Depuis plus de dix ans, ces libéraux qui avaient mené tant de combats contre le communisme « gardent le silence » à cet égard et ainsi « ont créé un vide » qu'une extrême droite irresponsable s'est empressée de remplir. Quand le fascisme et le nazisme ont fait leur apparition, les libéraux réagirent instinctivement par une avalanche de littérature éducative, par de nombreux films et des réunions publiques pour créer un climat d'opinion opposé au nazisme conquérant. Maintenant que le communisme impérialiste est en marche depuis plus de vingt ans, et alors que le peuple américain a grand soif d'information au sujet de l'ennemi, « où est la littérature libérale anticommuniste, où sont les films anticommunistes? » « Les libéraux auraient dû mener des /écoles d'anticommunisme à·travers tout le pays, au moins depuis la chute de la Tchécoslovaquie. » Ils auraient dû prendre la tête d'un mouvement éclairé, faire en sorte que l'extrême droite ait à Biblioteca Gino Bianco rivaliser avec un anticommunisme sain et sobre (il faut ici résumer et franciser autant que possible ce long article spécifiquement américain, mais nous citons les expressions textuelles). Dans leur incompréhension devant le problème, les libéraux font preuve d'une réaction négative viscérale envers des personnes comme McCarthy, McCarran et autres, comme si le libéralisme et l'anticommunisme étaient foncièrement incompatibles, ce qui est un postulat de fausseté évidente. : : Il y a une tendance générale à minimisèr le danger sous prétexte que le parti communiste est de petite taille aux Etats-Unis, mais en réalité son influence néfaste dépasse de beaucoup le nombre de ses membres. Son« potentiel d'espionnage » regarde les organes de sécurité, mais ses infiltrations dans les mouvements de gauche comme celui des « droits civiques » infestés de ses agents devaient se heurter à la vigilance des libéraux conscients et bien informés. Ceux-ci auraient le devoir d'identifier les nombreux groupes communistes camouflés ( front organisations) et de les traiter en conséquence. Les mêmes gens qui se permettent de dénigrer le Comité des activités non américaines (de la Chambre des représentants) et lui font une réputation imméritée sont les premiers à réclamer une enquête officielle sur la John Birch Society. Il serait réconfortant de poursuivre d'une même réprobation le Ku-Klux-Klan, les White Citizens Councils, le parti nazi américain et le parti communiste, également indésirables. Il appartient au Congrès d'informer le public sur tous les groupements qui tendent à détruire l'ordre constitutionnel. Les libéraux ont deux poids et deux mesures dans leur façon de considérer la « Croisade chrétienne nationaliste » et le parti communiste, également subversifs et dangereux. Ils trahissent leur propre cause en renonçant à éduquer le peuple américain au sujet de la conspiration permanente du communisme. Leur rôle serait de répandre l'information disponible sur la vraie nature de cette conspiration perfide et singulièrement de mettre en garde la jeunesse issue des familles libérales. Qu'ils relèvent le flambeau tombé de leurs mains depuis des années, qu'ils prouvent par leur maturité de leadership que l'expression « libéral-anticommuniste » n'implique pas de contradiction dans les termes, et ainsi leurs adversaires de droite n'auront pas le monopole
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==