Le Contrat Social - anno IX - n. 2 - mar.-apr. 1965

TOURISME ET RIDEAU DE FER par Mary Jane Moody D E TEMPS A AUTRE, le rideau de fer qui entoure l'Union soviétique paraît se lever quelque peu. Certains observateurs étrangers s'empressent alors de conclure que la« libéralisation» est en marche. Maintenant que les contacts personnels entre Soviétiques et étrangers sont possibles, on imagine parfois que ce genre de commerce ne diffère guère de celui qui peut naître entre gens d'autres nationalités. Pour déterminer jusqu'à quel point les rapports humains sont libres derrière le rideau de fer, il faut savoir dans quelles conditions les Soviétiques peuvent sortir de !'U.R.S.S. et les étrangers s'y rendre ; il faut aussi ne pas ignorer la surveill~~e qui est e~e~cée lorsque le voyage est autonse. Il faut distmguer le voyageur pressé de celui qui fait partie d'une délégation, laquelle pourra rester assez longtemps absente. Quant à la situation du personnel diplomatique et des correspondants de presse, elle est suffisamment différente pour être passée sous silence. Dans les années 20 et au début des années 30, les citoyens soviétiques eurent des contacts avec le monde extérieur. Leur nombre, peu élevé au regard des normes d'aujourd'hui, n'était cependant pas négligeable par rapport aux années 1947-53, période où les contacts furent au plus b~s. A présent, le Kremlin accorde sa bénédiction au tourisme et aux échanges de personnes. La mort de Staline a certes apporté des changements, mais les contacts entre Soviétiques et étrangers sont encore loin d'être normaux par rapport aux critères des sociétés démocratiques. Voyages Est-Ouest SELONles statistiques de l'Intourist, le nombre des Soviétiques qui vont à l'étranger équivaut approximativement au nombre des étrangers qui VlSÎtent !'U.R.S.S. D'où l'impression que le Soviétique voyage tout autant que n'importe qui. Biblioteca Gino Bianco Or, à y regarder de plus près, cette impression ne correspond nullement à la réalité. , i:our l'année 1960, par exemple, l'Intourist revele que 711.609 voyageurs de tous pays sont ent~~s.en U.R.S.S., tandis que 730.150 citoyens sov1et1quesse sont rendus à l'étranger 1 • La plupart des voyageurs soviétiques faisaient partie de ~~lé~at~ons officielles (602.503). D'autres ont part1c1pe a des rencontres sportives (4.165). Restent 123.482 touristes au sens propre du terme. La population de !'U.R.S.S. étant de 214.400.000 en 1960 (estimation des Nations Unies), le chiffre de 1~3.482 touristes signifie que, cette année-là, Un Cltor~n sur I.737 est parti à l'étranger pour son plaisir. Les statistiques de l'Intourist fournissent également des renseignements sur la destination des voyageurs soviétiques. La majorité d'entre eux reste dans les «pays _socia~istes ». Seules 14.000 personn~s-ont franchi le rideau de fer en 1960, soit un citoyen sur 15.314. Sur ces 14.000 personnes, 673 ont visité les Etats-Unis, soit un individu pour 318.573. En 1960, le nombre des touristes américains en Union so~iétique_ ~ ~tteint en gros celui des Soviétiques qui ont ~is1te pour leur plaisir tous les pays non communi_stes: ces 14.209 Américains représentent un citoyen sur 12.668 (en estimant à 180 milI. Les statistiques de_l'Intourist pour 1960 sont empruntées à Development of Tourism, Report of US Travel Missio,i ro US~~' juin-juillet 1961, pp. 29-30. On ne dispose pas de statistiques complètes pour les années ultérieures. (Selon une dépêche de l'Associated Press du 21 oct. 1964, l'agence ~a~s a, récemment affirmé que 932.000 étrangers avaient v1s1té 1 U.R.S.S. en 1963.) La. mission de voyage américaine, dont il sera souvent question, se composait de six citoyens voyageant à titre privé e~ d'un représentant du gouvernement. Prévue dans l'accord d éch_anges conclu en 1959, ladite mission séjourna deux s~mau~es en Union soviétique pendant l'été de 1961 afin d é~ud1cr les moyens d'accroître et de faciliter les visites réciproques.

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