Le Contrat Social - anno IX - n. 1 - gen.-feb. 1965

L'OBSERVATOIRE DES DEUX MONDES transformer le reste en tavernes et en lupanars. Et en Russie, sans doute, que les nazis voulaient ·coloniser pour s'approprier les terres et convertir les Slaves en esclaves. En Russie, malgré le mensonge communiste qui ose dénoncer en Churchill l'instigateur de la « guerre froide». A la vérité, le discours très modéré de Fulton (5 mars 1946) ne faisait que signaler « le rideau de fer descendu à travers le continent » et préconiser « une entente sur tous les points avec la Russie sous l'égide de l'O.N.U. et de maintenir cette_entente pendant de nombreuses années pacifiques... ». Une fois de plus, donc, les successeurs de Staline s'affirment aussi menteurs que leur maître à penser en imputant leur « guerre froide » inavouable au leader de l'alliance qui les a sauvés, eux et leur régime, au plus fort de la guerre infernale d'Hitler, à l'orateur de Fulton qui avait encore l'illusion de croire à une. entente possible avec Staline, complice et allié d'Hitler. Car Churchill a eu, moins que Roosevelt, mais il a eu sa part d'illusions sur Staline et sur le régime soviétique. Le respect de la vérité historique exige que ce ne soit pas passé sous silence. D'ailleurs ses Mémoires sur la Deuxième Guerre mondiale l'attestent, que /'Observateur des deux Mondes a vertement critiqués en leur temps (1er et 15 juin 1948). Rappelons aussi que sur « l'Affaire Toukhatchevski », le Contrat social a publié dans son n° 4 de juillet 1959 un exposé qui relève les inconséquences ·et les absurdités que Churchill a mises bout à bout dans le tome I de sesMémoires, à propos du massacre des maréchaux et des généraux soviétiquesfroidement perpétré par Staline. Bien des pages de ces Mémoires sont indignes du grand protagoniste d'une gran~e cause. Notre salut s'adresse à cet inoubliable champion de la lutte contre le national-socialisme, non au personnage protéiforme qui a occupé la scène internationale pendant le dernier demi-siècle, et rien ne déconseille de renoncer à l'appréciation objective des actes et des paroles de l'homme d'Etat engagé dans la politique dont dépend le sort des peuples. Pax Dans le Contrat social, n° 2 de 1958, l'article d'Alexander Korab sur « Un allié des communistes polonais » dévoilait les tenants et aboutissants de l'organisation pseudo-catholique polonaise masquée sous l'enseigne de Pax et en révélait les agissements pernicieux accomplissous la protection du pouvoir communiste. Boleslaw Piasecki, le principal dirigeant .de Pax, avait fondé à Varsovie en 1934 une certame , Phalange national-démocratique » dont le programmevert plagiait l'idéologie raciste totalitaire et antisémite du nazisme germanique. Affublés Biblioteca Gino Bianco 59 de chemises vertes, les phalangistes polonais exaltaient le Führerprinzip, noyautaient les mouvements de jeunesse, formaient des « groupes de combat », molestaient les juifs et les francsmaçons, allaient jusqu'à attaquer à main armée une banque pour se procurer des fonds. Après avoir systématiquement disculpé Hitler de toute visée conquérante sur la Pologne, avant 1939, Piasecki profita de l'invasion de son pays pour s'entendre avec la Wehrmacht qui accepta ses offres de service. En vérité, une belle âme. Mais cette entente ne convenait nullement à Hitler qui, loin de vouloir un Etat polonais à l'image du 3° Reich, nourrissait le dessein de coloniser ses marches de l'Est, donc d'en asservir les habitants, non d'en faire des partenaires. Piasecki, traître à la Pologne et à l'Eglise catholique .dont il se réclame avec cynisme, est arrêté vers la fin de 1939, mais bientôt une intervention de Mussolini le libère en avril I 940, et le Führer à chemise verte se réfugie dans le secteur oriental annexé par Staline où sa phalange, muée en « confédératiqn nationale », regroupe des partisans pour combattre tous les envahisseurs. Arrêté de nouveau en 1945, cette fois par le Guépéou, et alors qu'il était condamné à mort par contumace, Piasecki sera miraculeusement relaxé, encore que le miracle ne tarde pas à s'expliquer : les ex-phalangistes ·ont changé de chemise et pactisé avec le stalinisme comme auparavant avec l'hitlérisme, la police ·communiste tirant les ficelles. Bientôt Piasecki et ses acolytes lancent un journal « catholique social », en réalité stalinien, recrutent des complices et des comparses, invoquent Emmanuel Mounier, attirent des dupes et fondent la société Pax qui déploie une activité multiple : publications variées; entreprises industrielles et commerciales, installations luxueuses, représentation au Sejm, délégation en Occident. Après le fameux discours secret de Khrouchtchev au XX° Congrès de son parti et lesvelléités de « déstalinisation» qui s'ensuivent, Piasecki acoquiné au groupe de Natolin (stalinissime) milite pour empêcher le retour de Gomulka, mais l' « Octobre polonais »déjoue ses manigances. Le cardinal Wyszynski, mis en liberté, lancera en 1957 un mandement qui interdit aux religieux de collaborer aux affaires de Pax, cependant que Gomulka protège les « stalino-fascistes » quipossèdent alors « le plus prospère des complexes industriels de la Pologne, comprenant 35 entreprises qui réalisent un chiffre d'affaires global de 300 millions de zlotys ». Il est clair que le régime communiste policier entendait ainsi maintenir et envenimer la discorde entre catholiques (pour plus de détails, voir l'article d' Alexander Korab). Des années ont passé. Malgré la protection accordée à Pax par Gomulka aux ordres de Moscou, le scandale a fini par éclater, dépassant les frontières de la Pologne, confirmant l'article du Contrat social. Le cardinal Wyszynski dut envoyer en 1963 au Vatican une note, transmise à l'épiscopat français, pour informer que Pax

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