Le Contrat Social - anno IX - n. 1 - gen.-feb. 1965

44 tendre à constituer de nouveaux privilèges, mais à établir pour tous les mêmes droits et les mêmes devoirs ; Que l'assujettissement du travailleur au capital est la source de toute servitude politique, morale et matérielle ; Que, pour cette raison, l'émancipation économique des travailleurs est le grand but auquel doit être subordonné tout mouvement politique ; Que tous les efforts jusqu'ici ont échoué, faute de solidarité entre les ouvriers des diverses professions dans chaque pays et d'une union fraternelle entre les travailleurs des diverses contrées ; Que l'émancipation des travailleurs n'est pas un problème simplement local ou national ; qu'au contraire ce problème intéresse toutes les nations civilisées, sa solution étant nécessairement subordonnée à leur concours théorique et pratique ; Que le mouvement qui s'accomplit parmi les ouvriers des pays les plus industrieux de l'Europe, en faisant naître de nouvelles espérances, donne un solennel avertissement de ne pas retomber dans les vieilles erreurs et conseille de combiner tous les efforts encore isolés ; Par ces raisons, le congrès de l'association internationale déclare que cette association, ainsi que toutes les sociétés ou individus y adhérant, reconnaîtront, comme devant être la base de leur conduite envers tous les hommes, la vérité, la justice, la morale, sans distinction de couleur, de croyance ou de nationalité. · Le congrès considère comme un devoir de réclamer non seulement pour les membres de l'association les droits de l'homme et du citoyen, mais encore pour quiconque accomplit ses devoirs. <r Pas de droits sans devoirs, pas de devoirs sans droits.» C'est dans cet esprit que le congrès a adopté définitivement les statuts suivants de l'Association internationale des travailleurs. Article 1er. Une association est établie pour procurer un point central de communication et de coopération entre les travailleurs des différents pays aspirant au même but, savoir : le concours mutuel, le progrès et le ·complet affranchissement de la classe ouvrière. Article 2. Le nom de cette association sera : Association internationale des travailleurs. Article 3. Le conseil général se composera d'ouvriers représentant les différentes nations faisant partie de l'Association internationale. Il prendra dans son sein, selon les besoins de l'association, les membres du bureau, tels que président, secrétaire général, trésorier et secrétaire particulier pour différents pays. Tous les ans, le congrès réuni indiquera le siège du conseil général, nommera ses membres et choisira le lieu de la première réunion. A l'époque fixée par le congrès, et sans qu'il soit nécessaire d'une convocation spéciale, les délégués se réuniront de plein droit aux lieu et jour désignés. En cas d'impossil;,ilité, le conseil général pourra changer le lieu du congrès, sans en changer toutefois la date. Article 4. A chaque congrès annuel, le conseil général fera un rapport public des travaux de l'année. En cas d'urgence, il pourra convoquer le congrès avant le terme fixé. Article 5. Le conseil général établira des relations avec les différentes associations ouvrières, de telle sorte que les ouvriers de chaque pays soient constamment au courant des mouvements de leur classe dans les autres pays ; qu'une enquête sur l'état social soit faite simultanément et dans un même esprit ; que les questions proposées par une société et dont la discussion est d'un intérêt général BibliotecaGino Bia·nco -. PAGES OUBLIÉES soient examinées par toutes, et que, lorsqu'une idée pratique ou une difficulté internationale réclamerait l'action de l'Association, celle-ci puisse agir d'une manière uniforme. Lorsque cela lui semblera nécessaire, le conseil général prendra l'initiative des propositions à soumettre aux sociétés locales ou nationales. Il publiera un bulletin pour faciliter ses communications avec les sections. Article 6. Puisque le succès du mouvement ouvrier ne peut être assuré dans chaque pays que par la force résultant de l'union et de l'association; Que, d'autre part, l'utilité du conseil général dépend de ses rapports avec les sociétés ouvrières soit nationales, soit locales, les membres de l'Association nationale devront faire tous leurs efforts, chacun dans son pays, pour réunir en une association nationale les diverses sociétés ouvrières existantes. Il est bien entendu, toutefois, que l'application de cet article est subordonnée aux lois particulières qui régissent chaque nation ; mais, sauf les obstacles légaux, aucune société locale n'est dispensé~ de correspondre directement avec le conseil général à Londres. Article 7. Chaque membre de l'Association internationale, en changeant de pays, recevra l'appui fraternel des membres de l'Association. Par cet appui, il a droit aux renseignements relatifs à sa profession dans la localité où il se rend, au crédit dans les conditions déterminées par le règlement de section et sous la garantie de cette même section. Article 8. Quiconque adopte et défend les principes de l'Association peut en être reçu membre, mais cela sous la responsabilité de la section qui le recevra. Article 9. Chaque section est souveraine pour nommer ses correspondants au conseil général. Article 10. Quoique unies par un lien fraternel de solidarité et de coopération, les sociétés ouvrières n'en continueront pas moins d'exister sur les bases qui leur seront particulières. Article 11. Tout ce qui n'est pas prévu par les statuts sera déterminé par les règlements revisables à chaque congrès. Signé: ÜDGER, CREMER, WHELER, ouvriers anglais. La cotisation annuelle était fixée à I fr 25 par adhérent. Aux statuts généraux et comme objets d'étude .proposé~ au premier congrès était joint le programme suivant, qui résumait d'une façon très nette les opinions des fondateurs et indiquait clairement le but qu'ils entendaient poursuivre. Nous donnons également cette pièce, très courte d'ailleurs : 1° Organisation de l'Association internationale, son but, ses moyens d'action. 2° Sociétés ouvrières, leur passé, leur présent, leur avenir; du chômage, des grèves, moyens d'y remédier; de l'enseignement primaire et professionnel. 3° Du travail des femmes et des enfants dans les fabriques, au point de vue moral et sanitaire. 4° Réduction des heures de travail, but, portée, conséquences morales; de l'obligation du travail pour tous. 5° Association; son principe, ses applications ; la coopération distinguée de l'association propre.

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