Le Contrat Social - anno VIII - n. 6 - nov.-dic. 1964

QUELQUES LIVRES prêtre » ; p. 119 : « carmélite » pour « canne » ; p. 1.7z, une amusante coquille.: « Minime » pour « M1n1ne ») pour conserver du livre de M. Luciani l'impression d'un ouvrage solide, qui contribue de la manière la plus heureuse à faire connaître l'un des courants de pensée qui ont alimenté le mouvement décembriste. E. MANINT. Le Livre de la Genèsedu peupleukrainien. Traduit de l'ukrainien avec une introduction et des notes par Georges Luciani, professeur à la faculté des Lettres de l'université de Bordeaux. Paris 1956, collection historique de l'Institut d'études slaves de l'université de Paris, 148 pp. LELIVREDEM. LUCIANs!'attaque à un domaine peu connu en France, celui des origines du mouvement national ukrainien au XIXesiècle. Prenant pour point de départ la brève existence de la Confrérie des saints Cyrille et Méthode, premier groupement clandestin ukrainien, aux visées panslavistes et nationalistes., fondé à Kiev en janvier 1846 et liquidé en mars 1847, l'auteur le replace dans son cadre historique, définit l'idéologie du mouvement en faisant ressortir ses attaches avec le mouvement panslaviste, avec le messianisme polonais, les « éveilleurs » tchèques Safank et Kollâr, et souligne la persistance des traditions libérales des décembristes. La publication des rapports du comte Orlov, chef de la police secrète, chargé d'instruire· le procès des membres de la Confrérie, du comte Ouvarov, ~stre de l'instruction publique, et de Paskevitch, gouverneur général de Pologne.,nous révèlent les réactions du gouvernement russe, gardien vigilant de l'intégrité de l'Empire, prompt à déceler les moindres velléités autonomistes présentées sous le couvert du panslavisme. Des esquisses biographiques substantielles consacrées aux principaux membres de la Confrérie et en particulier à son fondateur, l'historien Mykola Kostomarov, un chapitre consacré au grand poète ukrainien Tarass Chevtchenkoet à son rôle de porte-parole inspiré du mouvement, contribuent à mettre en lumière les espoirs et les aspirations des patriotes ukrainiens. La seconde partie de l'ouvrage comprend une excellente traduction du Livre de la Genèsedu peuple ukrainien, credo de la Confrérie, dont la rédaction doit être attribuée à Mykola Kostomarov. Cette première traduction intégrale est abondamment pourvue de commentaires et notes philologiques, littéraires et historiques indispensables à la compréhension du texte. Le livre de ~- .~uciani s'impose à tous ceux CJ.uvioudraient s'wuer au mouvement de la reruussance ukrainienne au XIX8 siècle et à son retentissement dans la société ukrainienne et russe. M. SHBRRER. Biblioteca Gino Bianco 377 Un Européen CZESLAWMILOSZ: Une autre Europe. Traduit du polonais par Georges Sédir. Paris 1964, Gallimard (coll. « Connaissance de soi»), 302 pp. ON PEUTDÉFINIRl'ouvrage de M. Czeslaw Milosz comme une « sociobiographie». L'auteur se propose de retracer la vie mouvante et agitée d'un Européen de l'Est né en 1911, mais il porte so!1regard autant sur son entourage que sur luimeme. ~~-de!à d'une trop facile introspection, que lui faciliterait son penchant pour l'entomologie, il est soucieux de se définir par rapport à sa terre et à son époque, dont il est à la fois le produit et la v~ctime.~lave.né ~~ mar~hes du monde germaruque, Lituaruen a 1 occasion et Polonais d' élection, C. Milosz porte en lui-même les contradictions. féc~ndes de ses origine~. Il !l'échappe pas à certains vieux complexesde l'intelligentsia de l'Est : cette rage.~e se vouloir recoll!1ucomme Européen à p~ enttere, cet humour grmçant quand il parle de~ sie~s c~mme de « sa'!vages » et de « païens », ~bJet_seculaire~es.conquetes et des entreprises de 1 Occident. Mais il faut rassurer l'auteur: il est bien un Hellène du Nord. En des pages sobres où, sous un apparent détachement, se perçoit certaine tension, C. Milosz, à l'intention, semble-t-il, de cet Occident qu'il aime de toutes ses déceptions accumulées (variété intéressante de dépit amoureux), raconte ce que fut sa vie à travers tant de pays où refluaient des armées. Il évite la polémique et joue à peine les Cassandre postfactum (« Je vou~ !7avaisbiet?-dit ... ») ; il se yeut avant tout poète, et Juge parfois avec un sourrre amusé et un peu las, presque du point de vue de Sirius. Mais un étrange souci de justification court cependant à travers tout l'ouvrage : « Que pouvions-nous faire d'autre? » semble demander l'auteur, humble et agacé.,lointain et présent à la fois. On le suit néanmoins volontiers à travers la r~marquable (remarquable parce que partout invisible) traduction de M. Georges Sédir. Le lecteur passe des forêts de la Lituanie qui ont marqué l'enfan~ede C_~. osz (« fai mes racines à l'Est ... ») à ~ rivage sibérien, pws retourne à Vilno pour as~1ster,à une adolescenc': ~ la fois préservée et acide, ou perce un sens cnttque tôt aiguisé. Cette société de la province polonaise des années 20 C. Milosz la j1;1ge,sanms ~ag~ment; ces person~ ~ages, pour lw, n e~ent Jamais que deux dimensions ; leur confonnisme semble les rendre allergiques aux grands problèmes. On nous parle de l'Uniy~rsité, de la question j~ve, des relations avec le ~o.ismrusse, des cercles littéraires, des factions politiques de la Pologne des colonels, des décisions à prendre par l'auteur, tour à tour attiré et repoussé, e~plus soucieuxde philosophie et de technique poétique que d'engagement effectif. , Il Y aura un vo~a$.een .Occident : beaucoup d amour pour les vieilles pierres, un peu moins

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