Le Contrat Social - anno VIII - n. 6 - nov.-dic. 1964

J.F. HOUGH sentants des deux grandes Républiques - sont présents et qu'ils peuvent nous vaincre. Mais nous lutterons, et je crois qu'ils nous appuieront également. (Animation dans la salle, applaudissements.) (Vol. VII, p. 228.) Bien qu'~ ait déjà déclaré à plusieurs reprises que les régions cotonnières du Kazakhstan méri- ~onal serai~nt également s1;1rveilléespar les services charges de la production du coton en Asie centrale, il revint sur ce sujet lors de la grande conférence de Tachkent par laquelle se termina son voyage: Il se peut que nous devions subordonner même les régions cotonnières du Kazakhstan à cette administration de la production. Qu'en pensez-vous, camarade Kounaev ? [Kounaev était premier secrétaire du Parti au Kazakhstan et membre du Comité central du P.C.U.S.] D. A. KoUNAEV.- C'est juste ! N. S. KHROUCHTCHEV. -Vous voyez bien: les Kazakhs sont d'accord! (Vol. VII, p. 245.) KHROUCHTCHEV prit soin de gagner l' « accord » unanime des habitants de l'Asie centrale, mais, apparemment, il ne se donna pas la peine de consulter le Présidium avant de rechercher cet« accord». Le premier secrétaire se donna beaucoup de mal pour faire ressortir ce point. Parlant à un groupe de spécialistes du coton de la création d'un Bureau du Comité central pour l'Asie centrale, il déclara : « Je n'ai pas encore fait part de cette idée aux membres du Présidium» (vol. VII, p. 232). Il déclara le jour suivant, à propos de l'organisation des travaux d'irrigation : « Lorsque j'ai rendu visite aux Turkmènes, je leur ai fait part de mes idées sur cette question. Après quoi [ souligné par nous], j'ai adressé au Comité central un mémorandum contenant quelques suggestions» (vol. VII, p. 235). Les mémorandums rédigés par Khrouchtchev à cette époque confirment l'ordre des événements que décrivent ses discours. Il commence son premier mémorandum en déclarant:« J'aimerais faire part au Présidium de certaines idées qui me sont venues lors de mon voyage au Turkménistan » (vol. VII, p. 197). Et, plus loin : Je dois dire qu'il y a beaucoup de parallélisme inutile dans la production industrielle de ces Républiques et que le travail des entreprises industrielles présente un caractère trop primitif (...). Plus je me familiarise avec les conditions sur place, plus fermement j'en conclus qu'il faut créer un sovnarkhoze unique (...). Lorsque je serai au Tadjikistan et en Ouzbékistan, je m'entretiendrai de cette question avec les camarades tadjiks et ouzbeks. }'entendrai leurs opinions et, à mon retour à Moscou, nous discuterons de tout cela au présidium du Comité central. Je dis tout cela maintenant en vue de poser la question ( v poriadke postanovki voprossa), non pas pour émettre un jugement définitif ... La différence de niveau prononcée qui existe entre l'agriculture du Turkménistan et celle de l'Ouzbékistan et du Tadjikistan m'a suggéré l'idée qu'il était Biblioteca Gino Bianco 359 nécessaire de créer une administration unique de la production et de l'agriculture pour les Républiques d'Asie centrale (...). J'exprime mes pensées relatives à la création d'une telle administration de la production en tant que suggestion, pour le moment. Au cours de mon séjour ici, et aussi au Tadjikistan et en Ouzbékistan, je parlerai de cette question avec les gens qui sont sur place, avec les militants de base du Parti, avec les fonctionnaires de l'agriculture (...). Lorsque je retournerai à Moscou, mes idées sur la question seront plus nettes et j'en ferai part au Présidium (vol. VII, pp. 200-203). Bien que Khrouchtchev, dans sesmémorandums, se soit toujours montré déférent envers le Présidium et ait toujours fait précéder ses remarques de formules telles que « si le Présidium approuve » (vol. VII, p. 256), il avait pris les décisions relatives à l'administration économique de l'Asie centrale bien avant son retour à Moscou. Un grand nombre de détails concernant la décision finale avaient même été arrêtés et annoncés en Asie centrale, y compris le nom de l'homme que l'on cc recommandait » de placer à la tête de l'administration agr~cole.En fait, Khrouchtchev prédisait qu'après avoir fait part de ses propositions au Présidium, «nous prendrons une décision conforme »( vol. VII p. 244), et la prédiction s'avéra dei, plus exactes. Nous ne savons pas, naturellement, quelle discu~sion avait, au Présidium, précédé le voyage en Aste centrale et l'on ne saurait exclure la possibilité que la question de réorganisation administrative y ait été soulevée. L'idée d'unifier l'économie des différentes régions était certes «dans l'air » depuis quelque temps. Néanmoins, de cette centaine de pages passionnantes on retire l'impression que le sujet avait été peu discuté avant le voyage de Khrouchtchev. Le premier secrétaire, il est vrai, peut s'être rendu coupable de fauxsemblant dans ses discours d'Asie centrale, mais cette explication ne saurait s'appliquer au langage de ses mémorandums. Et suggérer que ces documents ont été révisés « de façon créatrice » équivaut à supposer que le rôle de Khrouchtchev est encore plus décisif que ne le laissent entrevoir les mémorandums. * '1- '1ETANT DONNÉ que la décision relative à l'Asie centrale est la seule qui soit entièrement appuyée par des documents dans le recueil examiné ici, no~s ne savons pas si elle constitue un exemple typ~que de la façon dont sont prises les décisions politiques. On trouve cependant ici et là dans le recueil d'autres exemples probants qui suggèrent é~alement l'i~ée que la politique en Union soviétique, paradis de la bureaucratie, est en fin de compte une affaire beaucoup plus individualisée qu'o~. ne ~'y attendrait. Maintes fois, l'action a~strative s_embledépendre de ce que voit le prenuer secrétaire, des gens 9u'il consulte et de sa manière d'interpréter la réalité. Au volume VII il ne semble plus tellement invraisemblable de lir~ que si l'Union soviétique n'avait pas de machine

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