Le Contrat Social - anno VIII - n. 5 - set.-ott. 1964

308 hable que plus de la moitié de ces établissements ne répondent pas aux critères d'une société moderne. Bilan IL ESTDIFFICILEde juger les résultats des efforts des communistes chinois dans le domaine de l'enseignement pour les quinze dernières années. Une étude solide doit se fonder sur l'analyse sélective et systématique d'une documentation sérieuse complétée par les observations de première n1ain émanant des spécialistes étrangers qualifiés. Or, à cause des grandes rufficultés rencontrées par la Chine au cours des dernières années, le régime qui, auparavant, se montrait prolixe pour vanter ses réalisations, est devenu réticent et muet sur ses affaires intérieures : il se limite à des déclarations vagues et à des généralités sans grande signification. En outre, il n'a pas encouragé les enquêtes sur place faites par des visiteurs étrangers impartiaux connaissant suffisamment la Chine, le communisme et l'enseignement pour pouvoir dégager la signification de ce qu'ils voyaient et entendaient. Dans ces conditions, l'observateur de l'extérieur ne peut que tenter d'émettre un jugement. Il est difficile de critiquer certains des buts que le régime a essayé d'atteindre grâce aux mesures prises dans le domaine de l'enseignement, par exemple combattre le dédain traditionnel pour les travaux manuels ou encore mettre davantage l'accent sur la science et la technique. Comment critiquer les tentatives du régime en vue de fondre en un tout l'étude livresque, les re_cherches expérimentales et les travaux pratiques ? Préférer la quantité à la qualité, dans les premiers stades du développement économique national, est également très défendable, et le recours à différentes méthodes d'enseignement à temps partiel semble raisonnable dans ce cas. Jusqu'en 1957, les communistes chinois ont réussi à augmenter notablement le nombre de personnes disposant de connaissances de base en matière d'enseignement et le nombre de techniciens de niveau moyen et moyen-supérieur. Le principal problème, à ce stade, était le niveau assez bas de l'enseignement classique, dû à un manque reconnu d'enseignants qualifiés. Depuis 1958, les résultats n'étaient plus aussi spectaculaires. La folle expansion des écoles et de la fréquentation pendant le « grand bond » a eu ses répercussions sur le nombre d'enseignants et, de ce fait, a diminué la qualité de l'enseignement fourni. Puis cette expansion a été suivie d'une longue période de stagnation et de contraction provoquée par la grave crise économique due, pour une large part, aux excès de 1958-59. A en juger sur les perspectives offertes par le début de 1964, le système scolaire semble loin d'avoir atteint son but, qui consistait à faire des citoyens à la fois « des communistes et des BibliotecaGino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE experts». En dépit des cours d'endoctrinement politique, des campagnes périodiques de redressement idéologique et de l'obligation systématique pour les étudiants d'exécuter des travaux manuels, des diplômés récents - et qui ont fait presque toutes leurs classes sous le régime communiste - ont été jugés comme ayant besoin d'une « nouvelle dose d'endoctrinement » pour devenir tout à fait dignes de confiance. En même temps, les autorités ont reconnu que les étudiants des établissements d'enseignement supérieur devaient recevoir une formation théorique plus poussée et acquérir une meilleure connaissance des faits afin de devenir des « experts » dans leur branche. DANSLESCIRCONSTANCAECSTUELLElaS,médiocrité de l'enseignement spécialisé pose un sérieux problème au régime. Puisque la Chine, étant donné " sa rupture avec l'Union soviétique, doit pourvoir elle-même à la formation de spécialistes sans le secours d'un pays plus avancé, le besoin d'un apport indigène suffisant d' « experts » qualifiés est aujourd'hui plus grand que jamais. Etant donné que la formation de la plupart des récents diplômés chinois a été fort hâtive, cette tâche imposera un surcroît de travail aux spécialistes - dont le nombre diminue constamment - capables de diriger les travaux de recherches et de guider les étudiants de l'enseignement , . superieur. Tout bien pesé, cependant, le plus grand problème qui s'est posé au régime dans le domaine de l'enseignement découle du déséquilibre dans l'effort de développement national. Dans les dernières années 50, l'extension de l'enseignement était liée à un plan d'industrialisation trop ambitieux. Vers la fin de cette décennie, il devint évident que ce plan ne pourrait être étayé par les ressources du secteur agricole, relativement négligé. En conséquence, les investissements industriels ainsi que les autres chapitres de dépenses, y compris les crédits pour l'enseignement, durent -être réduits tandis qu'on déployait des efforts particuliers pour relever la production · agricole en augmentant de plus en plus les « stimulants » et en affectant toujours plus de maind'œuvre à l'agriculture. Dans ce processus d' adaptation, nombre d'écoles furent fermées et la fréquentation scolaire restreinte. On envoya de nombreux étudiants travailler aux champs et pour eux l'espoir d'une meilleure situation s'évanouit. Ces étudiants sont mécontents de leur sort à la campagne, et leur mécontentement pourrait bien avoir des répercussions politiques. C'est ce qui explique les efforts d'endoctrinement déployés depuis deux ans par le régime. ROBERT D. BARENDSEN. (Traduit de l'anglais) 1

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