R. D. BARENDSEN Norwelle orientation BIEN QUE LES EFFORTS destinés à améliorer la qualité de l'enseignement eussent été poursuivis en 1962 et 1963, ils furent progressivement éclipsés par le souci de reprendre l'endoctrinement politique. En 1961 et au début de 1962, alors que la propagande politique était un peu en sommeil dans l'enseignement supérieur, le régime avait veillé tout particulièrement à souligner le rôle que devaient jouer les écoles pour enseigner aux Jeunes enfants les «traditions révolutionnaires ». Après l'assemblée plénière du Comité central de septembre 1962, le glissement s'accentua ; on invita les établissements d'enseignement à insister sur la «lutte de classes ». Au printemps de 1963, le Quotidien du peuple prônait le renforcement de l'endoctrinement en tant que condition première de l'amélioration de l'enseignement 16 • Pendant tout le reste de l'année, on continua à mettre l'accent sur la nécessité de donner aux étudiants une «conscience de classe». En outre, certains signes indiquaient que le régime accordait, une fois de plus, une attention particulière au rôle joué par le travail productif dans l'enseignement. Entre l'automne de 1961 et l'automne de 1962, il avait été rarement question, dans les organes d'information de la Chine communiste, de la participation des étudiants à des travaux matériels. Or, après l'assemblée plénière du Comité central, cette participation redevint progressivement une grande question d'actualité. Au cours de l'été de 1963, le régime exaltait à nouveau le travail physique, surtout dans les fermes, en tant que la meilleure forme d' «éducation de classe » : toutes les écolesdevaient veiller à ce que leurs étudiants profitent de cette expérience. On comptait bien qu'un grand nombre de nouveaux diplômés d'université, sinon tous, travailleraient un an ou plus à des travaux manuels, afin de renforcer leurs conceptions idéologiques avant d'occuper les emplois spécialisés pour lesquels ils avaient été formés 17 • L'obligation faite aux étudiants de participer à des travaux agricoles répond à des buts professionnels aussi bien que politiques : le régime a ré_pétéconstamment ces dernières années que les Jeunes sortant des écoles primaires et secondaires devraient avoir à cœur de travailler à la campagne. Il semble que de nombreux étudiants aient été obligés d'interrompre brutalement leurs études pour travailler dans l'agriculture. Moins de facilités scolaires LB FAIT que la publication des statistiques annuelles sur la fréquentation scolaire a été suspendue depuis 1960, associé aux fréquentes informations sur le retour d'étudiants à la cam16. 27 mars 1963. . 17. Cf. Kua,,,-mi"I Jih-pao (le Quotidien Kuangmma), t2 aoOt 1963. Biblioteca Gino Bianco 301 pagne, laisse supposer que, pour 1962-63, la fréquentation scolaire à plein temps a diminué par rapport à 1959-60. Cette politique a affecté surtout les étudiants de l' «enseignement moyen », dont un grand nombre ont dû reprendre les travaux des champs avant, pendant ou immédiatement après leurs études secondaires. Un certain nombre de ceux qui ont dû interrompre leurs études à plein temps à cause des mesures d'économie ont pu compléter leur formation dans les établissements dispensant un enseignement à temps partiel et en dehors des heures de travail. Une instruction rudimentaire a été donnée par les écoles min-pan («écoles dirigées par le peuple ») créées en coopération par les membres de petites collectivités pour pallier l'absence de moyens scolaires normaux. Un enseignement secondaire de base, fortement orienté vers la formation pratique et professionnelle, a été dispensé par les écoles moyennes d'agriculture qui, pendant le second semestre de 1961, avaient été converties en écoles d' «arrière-saison » fonctionnant pendant une année scolaire «abrégée». Les jeunes qui sortaient du secondaire et ne pouvaient s'inscrire dans les établissements d'enseignement supérieur pour faire des études régulières à plein temps ont été encouragés à suivre les cours par correspondance ou les cours du soir que ces mêmes établissements mettaient de plus en plus à leur disposition. Ces cours, dispensés par 277 institutions, auraient été suivis par 266.000 étudiants en 1961-62, et sur ce nombre, environ 40.000 auraient réussi l'examen de fin d'année 18 • Les statistiques concernant la fréquentation à plein temps et le nombre des établissements d'enseignement secondaire et supérieur sont restées vagues pour les quatre dernières années. Bien que certaines informations aient donné à penser que cette fréquentation avait atteint, ou même dépassé, le chiffre de 900.000 inscrits, il est plus probable que, pour 1962-63, le chiffre réel n'a pas beaucoup dépassé celui de 810.000, avancé pour 1959-1960. En ce qui concerne le nombre des établissements, les renseignements sont également vagues. Deux éducateurs canadiens qui ont fait un voyage en Chine, au printemps de 1962, se sont laissé dire qu'il y avait, à ce moment-là, environ 745 instituts 19 , c'est-àdire environ une centaine de moins que le chiffre donné pour 1959-60, et en tout cas beaucoup moins que le chiffre fantaisiste de plus de 1.000 avancé pour l'année 1958. Un article paru au début de 1963 dans un périodique communiste chinois rédigé en anglais indiquait qu'il n'existait pas plus de 400 établissements pour l'enseignement supérieur à plein temps 20 • Et il est pro18. Ibid., 27 fév. 1963. 19. Geoffrey Andrew : • China : an Academic Appraisal •, in Th, American Scholar, 1963, p. 383. Le m~me chiffre est donn~ par Claude Bissell, de l'université de Toronto, dans un article paru dans le Washington Post du 30 sept. 1962. 20. Chou Pei-Yuan : • Higher Education in China ,, in China R1eon11ruct1, vol. XII, n° 2 (f6v. 1963), p. 9.
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