Le Contrat Social - anno VIII - n. 5 - set.-ott. 1964

R. D. BARENDSEN degrés. Selon les chiffres officiels, le nombre d'élèves fréquentant les écoles primaires à plein temps a atteint 86,4 millions en 1958-59 (ce qui représente une augmentation de plus de 22 millions par rapport à l'année précédente), soit environ 87 % du nombre total d'enfants en âge de fréquenter les écoles primaires. Pour l'enseignement secondaire, les inscriptions atteignirent presque 10 millions (non compris les 2 millions d'inscrits dans les écoles agricoles) et le nombre d'étudiants de l'enseignement supérieur passa à 660.000, soit 50 % de plus que l'année précédente. Dans les «jardins d'enfants », les effectifs augmentaient aussi d'une façon spectaculaire, les mères confiant leurs jeunes enfants aux écoles maternelles afin d'aller grossir la main-d' œuvre. De même que l'enseignement normal se développait, la participation aux cours donnés en dehors des heures de travail augmentait : on avança avec fierté le chiffre de 70 millions d'individus, dont 40 millions dans les classes d'alphabétisation et la presque totalité du reste dans des cours d'enseignement primaire 10 • L'accroissement rapide des facilités offertes en matière d'enseignement et l'augmentation des effectifs scolaires pendant l'année 1958 amenèrent le régime à publier un nouveau programme optimiste pour une nouvelle extension des possibilités d'éducation. Ce programme prévoyait, pour 1962, l'éradication totale de l'analphabétisme, pour 1967, la généralisation de l'enseignement« moyen» (neuf ans d'études) et, pour 1972, l'accès à l'enseignement supérieur de tous ceux qui auraient les qualifications requises. Les réformes de 1958 comportaient aussi plusieurs changements administratifs importants. Pour appliquer le principe de la direction et de la surveillance directe par le Parti, ordre fut donné aux cadres de participer activement à la vie quotidienne des écoles, et un grand nombre de fonctionnaires du Parti, soigneusement choisis, furent désignés pour occuper des postes-dés dans les établissements d'enseignement (en particulier, dans les instituts d'enseignement supérieur). En même temps, la décision du gouvernement central de faire des économies en déléguant aux communes et aux usines bon nombre de responsabilités pour l'administration d'écoles du premier degré fut complétée par une décentralisation similaire de l'administration de l'enseignement supérieur ; la pl~part de ses ~tablissements f ur~I?-t placés sous l'égide des provmces et des mumc1palités. Les _éc~les techniqu~s termin~e~ du secondaire qw, Jusque-là, avaient été dirigées, pour une large part, par des services du gouvernement central, passèrent aussi sous contrôle local. Comme conséquence de ces changements, le ministère de l'Enseignement supérieur perdit toute utilité et fut supprimé. Après les innovations de 1958, l'enseignement 10. Bureau de statistiques de l'Etat, op. cit., pp. 192, 198 et 202. Biblioteca Gino Bianco 305 entra, en 1959, dans une période de calme relatif. En gros, le système scolaire devait s'adapter aux changements, bien que la fréquentation continuât d'augmenter dans les écoles «régulières » et dans les classes à temps partiel et hors des heures de travail. Pour l'année scolaire 1959-6o, on a cité les chiffres de 810.000 étudiants à plein temps pour l'enseignement supérieur, 12,9 millions pour l'enseignement secondaire, et 90 millions d'élèves pour l'enseignement primaire; 100 autres millions d'élèves auraient été inscrits aux divers cours donnés en dehors des heures de travail n. Cependant, l'élévation du taux de fréquentation scolaire était assortie d'autres constatations moins satisfaisantes. D'une part, selon les renseignements officiels, le nombre des établissements d'enseignement supérieur tomba brusquement à 841, sans aucune explication. D'autre part, certaines inquiétudes se manifestèrent, surtout dans les universités, au sujet de la qualité de l'enseignement dispensé en application des nouvelles dispositions. Bien que cette dernière conséquence eût pu donner à penser que certaines modifications aux dispositions de 1958 étaient souhaitables, aucun changement fondamental dans la politique scolaire ne se refléta dans les projets annoncés par le régime au printemps de 1960, projets qui visaient à remanier encore la structure et les programmes de l'enseignement primaire et secondaire. La caractéristique la plus importante de ces plans était la réduction progressive du cycle de douze ans pour le primaire et le secondaire afin de le ramener à une dizaine d'années. Les autorités communistes prétendirent qu'on pourrait le faire sans nuire à la qualité des études, en dépit d'une augmentation concomitante du temps de travail manuel fixé pour les étudiants et d'une diminution des heures de cours. Cette mesure était justifiée par des raisons essentiellement économiques : puisque les jeunes atteignaient à la maturité physique à 16 ou 17 ans, le cycle scolaire devait être établi de telle sorte qu'ils puissent terminer leurs études secondaires à cet âge et être prêts à occuper des emplois à plein temps 12 • Le régime a lui-même reconnu que la valeur de l'enseignement dispensé était loin d'être satisfaisante. Le ministre de l'instruction publique déclara catégoriquement qu' «une bonne partie des mathématiques, de la physique et de la chimie telles qu'elles sont enseignées dans les écoles moyennes, en particulier, n'est qu'un magma datant du x1xe siècle et ne correspondant aucunement aux connaissances techniques et scientifiques d'aujourd'hui» 13 • On admettait également que le niveau de l'enseignement des langues étrangères avait baissé depuis 1949. n. Agence Chine nouvelle, 31 janv. 1960. 12. Cf. Robert D. Barendsen : Planned Reforms in th, Primary and S,condary School system in Communist China, Textes sur l'enseignement dans le monde, n° 45, U.S. Office of Education, Washington 1960. 13. Quotidi,n du p,upl,, 9 avril 1960.

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