274 iskristes, présenta nn co-rapport · dirigé contre Liber, le rapporteur officieldu Bund. Enfin, cette unité avait une très forte répercussion sur les résolutions concernant les socialistes-révolutionnaires et les libéraux. L'attitude envers les s.-r., dans la résolution présentée par Axelrod, était résolument négative : il s'agissait d'nn parti politiquement nuisible à la fois du point de vue socialiste et du point de vue démocratique ; aucune entente n'était possible avec ledit parti. Plus complexe était l'attitude du congrès envers les libéraux. Une résolution présentée par Potressov (et soutenue par tout l'état-major des futurs manchéviks : Axelrod, Martov, Zassoulitch, Trotski) établissait les conditions auxquelles nn accord était possible : les libéraux devaient reconnaître le suffrage universel, refuser de soutenir les prétentions social-réactionnaires et de combattre le mouvement révolutionnaire de la classeouvrière. Exprimée sur un ton modéré conforme à celui des socialistes d'Europe occidentale, cette résolution fut adoptée par le congrès. Mais la signification politique de ce texte fut, en fait, annulée par une autre résolution, adoptée en même temps, qui fut présentée par Lénine et Plékhanov. (C'est là qu'il faut chercher le germe d'où sortira l'alliance contre nature qui fut la leur au congrès, et, par instants, après le congrès.) Cette. résolution, tout en soutenant en principe «tout mouvement d'opposition au tsarisme », donc l'unique mouvement libéral tant soit peu important et réaliste qui existât alors, déclarait... contrerévolutionnaire l'activité d'Osvof;ojdiénié (Libération), l'organe de Struve. Comment le congrès a-t-il pu à la fois adopter ces deux résolutions sur les libéraux ? En fin de compte, la seule explication est la suivante : tous les iskristes étaient persuadés que le libéralisme ne pouvait être un allié de la socialdémocratie dans la lutte révolutionnaire, puisque convaincus que le mouvement ouvrier était en fait le seul facteur décisif de la révolution. Par la suite, Martov écrira dans l' Iskra (après les événements du 9 janvier 1905) : « Il est absurde et nuisible de rêver à un monopole de rôle actif (...) pour la social-démocratie russe »,mais au IIe Congrès, tout le monde avait agi sous l'influence d'une sorte de« vertige». A la vérité, dans l'appréciation portée sur le libéralisme bourgeois et même sur l' Osvobojdiénié de Struve, la responsabilité incombe dans une grande mesure à Struve lui-même. Auteur du premier manifeste du P.O.S.D.R., en 1898, Struve n'affirmait-il pas alors : La liberté politique qui lui est nécessaire, le prolétariat russe ne peut la conquérir que par lui-même. Plus on va vers l'Est de l'Europe, plus la bourgeoisie devient, sous le rapport historique, faible, poltronne et lâche. Struve lui-même changea d'opinion à cet égard, ce qui n'empêcha pas les disciples russes de Marx du type orthodoxe, année 1903, de lui rester fidèles et de transférer la notion de « poltronBibliotecaGino Bianco LE CONTRAT SOCIAL nerie » et de « lâcheté » à l'activité politique de I'Osvobojdiénié dirigée par Struve. Sans prétendre épuiser la question de l'unanimité qui régnait parmi les iskristes quant aux tâches politiques et tactiques fondamentales du moment, comment ne pas rappeler l'intervention de Plékhanov au Ile Congrès et son rôle véritablement fatal ? Nous voulons parler de la répartie de Plékhanov au discours du délégué Possadovski (le nr Mandelberg, futur menchévik, par la suite député d'Irkoutsk à la 2e Douma), selon qui le suffrage universel, les libertés démocratiques, etc., n'avaient qu'une valeur relative pour la socialdémocratie. Plékhanov abonde dans le sens de Possadovski : pour assurer le succès de la révolution (loi suprême qui dictait la conduite des social-démocrates), on pouvait provisoirement limiter l'action de tel ou tel principe démocratique. Qui plus est, il ajouta : Si les élections à l'institution représentative se révélaient défavorables à la révolution, il faudrait dissoudre ce Parlement, et non pas dans trois mois, mais dans deux semaines ... Si cette intervention de Plékhanov témoigne de son humeur jacobine de 1903, comment expliquer son rapprochement avec Lénine en 1911-12, sa collaboration à la Pravda, sa furieuse attaque contre les «liquidateurs-menchéviks » ? Le souvenir du IIe Congrès étant encore frais, Martov essaya, au congrès de la Ligue de la social-démocratie révolutionnaire à l'étranger, d'atténuer l'impression laissée par les interventions ultra-jacobines de Plékhanov: Ces paroles ont soulevé l'indignation d'uné partie des délégués, ce qui aurait été facilement évité si Plékhanov avait ajouté que, bien entendu, on ne pouvait imaginer un état de choses tragique au point que le prolétariat soit obligé, pour consolider sa victoire, de fouler aux pieds des droits politiques tels que la liberté de la presse. Mais Lénine après avoir saisi le pouvoir au nom de son propre parti, ne se contenta pas de couvrir pareilles entorses aux principes démocratiques. Quand il chassera la Constituante, ce sera en quelque sorte avec 1a bénédiction anticipée de Plékhanov, lequel dut vraisemblablement, à Pétrograd, en 1918, souffrir les tourments de l'enfer en assistant à l'anéantissement de la jeune révolution de Février et aux premiers actes arbitraires de la révolution bolchévique victorieuse. Au IIe CONGRÈS, la rupture eut lieu, on le sait, sur une question d'organisation. Il est à la fois exagéré et inexact de prétendre, comme beaucoup, que tout arriva à cause de la formulation du premier point des statuts. Selon Martov, pour être membre du parti il suffisait de « travailler sous le contrôle de l'organisation du parti»; pour Lénine, il était obligatoire d'entrer dans l'organi-
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