QUELQUES LIVRES QUELQUES LIVRES Les « Egyptiens véritables» EDWARDWAKIN : A Lonely Minority; the Modern Story of Egypt's Copts. New York 1963, William Morrow and Co. ((IL EST SURPRENANqTu'une minorité considérable, de quelque 4 millions d'âmes, qui occupe une position stratégique et historique importante, ait retenu si peu l'attention dans un monde toujours plus conscient de l'existence des minorités. Cependant les Coptes d'Egypte, qui se considèrent comme " les vrais Egyptiens ", sont restés pratiquement inconnus à l'extérieur. Leur sort en tant que minorité chrétienne entourée d'une majorité musulmane militante peut suggérer ce qui pourrait arriver aux minorités dans d'autres pays. La situation présente et l'histoire extraordinaire des Coptes méritent donc d'être examinées avec sympathie. » Ainsi écrit Edward Wakin dans son livre récent, et exceptionnel, en tant qu'il traite exclusivement du sort fait aujourd'hui à cette « minorité solitaire ». Avant d'examiner cette situation, il faut dire quelques mots de l'origine antique et de la longue histoire de ce peuple. Leur nom même est révélateur. « Copte » est une déformation, une abréviation du terme grec «Aigyptos », Egypte. Mais ce dernier est lui-même un emprunt à l'égyptien pharaonique, plus exactement à toute une phrase égyptienne : Hi - Ku - Ptah, signifiant « Château du dieu-taureau Ptah ». Le titre fut d'abord réservé à la capitale, Memphis, aux temps de l'Ancien Empire. Plus tard, en cananéen (ou phénicien) - et ceci dès les épopées d'Ugarit vers le milieu du ue millénaire préchrétien - puis enfin en grec, le nom fut étendu à l'ensemble du royaume nilotique. Dans les langues sémitiques, y compris le cananéen ( dont l'hébreu Biblioteca Gino Bianco biblique est un dialecte), une autre appellation - purement sémitique celle-là - finit par prévaloir pour l'Egypte : «Misraïm » en hébreu, «Misr » en arabe, qui est désormais le nom officiel de l'ancienne terre des Pharaons. Pourtant la tradition hébraïque a conservé un souvenir du dieutaureau Ptah (qui était d'origine libyenne plutôt que purement égyptienne) : il est mentionné, ou plutôt son peuple est mentionné, dans Genèse X, 13, où il est question des « Naphtuhim » - «Ceux-de-Ptah», avec un préfixe égypto-libyen et une terminaison du pluriel hébraïque - qui sont « fils de Misraïm » et frères des Libyens. Ainsi, comme leur nom même l'indique, les Coptes se rattachent à la plus ancienne Egypte des Pharaons et font figure de minorité véritablement indigène dans la« Misr » musulmane. L'Egypte pharaonique ne disparut pas entièrement, en effet, lors de la conquête perse, ni lors de l'invasion d'Alexandre et de l'établissement du régime hellénistique centré sur Alexandrie. Ce n'est guère que sous l'Empire romain que s'acheva la dissolution de la vieille civilisation pharaonique, en sorte que la masse indigène se trouva privée de cette culture qui l'avait encadrée et disciplinée pendant plus de trois mille ans. C'est alors que le christianisme vint à la rescousse, un christianisme qui dès les premiers temps se développa d'une façon très particulière en Egypte. Les Coptes, bien entendu, considèrent ce christianisme-là comme le plus authentique. Car ils sont non seulement les « Egyptiens véritables », mais aussi, à leurs yeux, les « chrétiens primitifs ». L'Eglise copte diffère d'ailleurs entièrement de cette chrétienté grecque et latine qui devait plus tard se scinder elle-même en un monde catholique et un monde orthodoxe. Les Coptes restèrent toujours étrangers à l'universalisme tel que l'entendait la nouvelle Rome impériale et romaine (c'est-à-dire byzantine). L'horizon de l'Eglise
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