Le Contrat Social - anno VIII - n. 4 - lug.-ago. 1964

248 Tous ces textes sont reproduits en français dans le recueil: J. Staline : Sur la grande guerre de l'Union soviétique pour le salut de la patrie, Moscou 1946, pour circuler en France. Mais en même temps, les communistes cosmopolites, aux ordres du même Staline, vitupèrent, à l'instar des nazis, le «régime ploutocratique angloaméricain »,bien que Staline ait réfuté « la fausseté des bavardages » hitlériens hier, staliniens aujourd'hui, et bien qu'il ait reconnu «des libertés démocratiques élémentaires» en Angleterre et aux Etats-Unis,« pays épris de liberté( ...), auxquels nous rattachent des liens d'amitié et d'alliance». Ainsi les communistes sont retournés à leur position pro-hitlérienne d'avant juin 1941 : «Comme le chien retourne à son vomissement, ainsi le sot rabâche ses inepties », disent les Ecritures (Prov. XXVII, n). Dans leur noire ingratitude envers ceux qui ont sauvé l'Europe et la France, qui ont sauvé par surcroît !'U.R.S.S. en grand péril, qui ont nourri ensuite les peuples épuisés et ont restauré leur économie, les communistes soi-disant français, là encore et toujours, prennent parti contre leur pays et ses alliés, au nom d'un «nationalisme étranger ». Ils souscrivent en outre aux déclarations antifrançaises de Staline d'après lesquelles la France ne s'est pas battue, la France «a ouvert les portes à l'ennemi» (James F. Byrnes, secrétaire d'Etat : Cartes sur Table, Paris 1947). Ils contresignent rétrospectivement l'opinion de Staline rapportée par Harry Hopkins, confident du président Roosevelt et négociateur secret auprès de Staline : «C'est Pétain qui représente la France, de Gaulle ne compte pas » (R. Sherwood : Roosevelt and Hopkins, tome II, New York 1949). Parole à retenir et qui rappelle utilement que Staline n'a jamais rompu avec le maréchal Pétain, c'est celui-ci qui a rompu avec Staline. De même que Staline n'a pas rompu avec Hitler, mais Hitler qui a rompu avec Staline. Celui-ci n'a pas craint d'avouer, et de faire confirmer par Molotov et Litvinov en d'autres termes, que la rupture du pacte totalitaire l'a d'autant plus surpris que !'U.R.S.S. tenait strictement ses engagements envers l'Allemagne hitlérienne, lui fournissant au maximum les moyens matériels d'écraser les petites nations voisines, d'envahir la France et de menacer l'Angleterre. Même après le coup de traîtrise germano-nazi, Staline persistait à protester de son intention «d'être loyal dans ses rapports avec l'Allemagne» et s'obstinait à mettre << le Reich »hors de cause (Harry Hopkins : « The Inside Story of my Meeting with Stalin », American Magazine, décembre 1941). Les communistes soi-disant- français prennent encore parti contre leur pays en se subordonnant à la politique systématiquement antifrançaise de !'U.R.S.S. et· de ses satellites. Staline s'est opposé, en effet, à l'inclusion de la France dans les conseils des Cinq grandes puissances, lui déniant le rang de la Chine, et même dans ceux des Quatre prinBibliotecaGino Bianco LE CONTRAT SOCIAL cipales puissances européennes, lui contestant les titres de la Pologne et de la Yougoslavie (James F. Byrnes : Cartes sur Table) : il n'a cédé que sous la pression -américaine. Staline s'est encore opposé à ce qu'une zone d'occupation en Allemagnè soit attribuée à la France : il n'y a consenti que sur les instances américaines et parce que cette zone était prélevée sur la part de l'Angleterre et de l'Amérique (James F. Byrnes : Cartes sur Table). Staline s'est, de plus, « opposé tout spécialement à ce que la France fût représentée au sein du Conseil de contrôle allié pour l'Allemagne » (James F. Byrnes : Cartes sur Table. Voir en outre : Edward R. Stettinius : Roosevelt and the Russians, New York 1949). « Le Premier ministre britannique et le président Roosevelt étaient d'avis de donner à la France une zone d'occupation en Allemagne pendant la période qui suivrait la capitulation, mais le maréchal Staline s'y opposa », écrit l'amiral W. D. Leahy, confirmant les précédents mémorialistes. « Staline, qui n'avait jamais eu une très haute opinion des Français, leur déniait le droit à une zone ; il déclara néanmoins qu'il laisserait faire à condition que cela n'affectât , pas le territoire qui devait être sous le contrôle des Soviets. On décida donc de réserver à la France une région qui serait détachée des zones anglo-américaines... » (« La Conférence de Yalta», par l'amiral William D. Leahy, Figaro du 28 mars 1950). Staline est allé jusqu'à suggérer au gouvernement britannique l'occupation permanente de bases militaires en France : «M. Staline serait disposé à appuyer tout arrangement particulier visant à procurer des bases, etc., au Royaume-Uni dans les pays d'Europe occidentale : France, Belgique, Pays-Bas, Norvège et Danemark», mentionnait un rapport secret de M. Eden, le 5 janvier 1942 (Mémoires de guerre de W. Churchill, Figaro du 2 mars 1950). Par ce souci perfide des intérêts anglais, dans l'acception la plus impérialiste, il tentait de justifier d'avance ses propres prétentions à des bases militaires permanentes dans les pays limitrophes de !'U.R.S.S. et même au-delà, tout en spéculant sur la discorde ainsi allumée dans le camp démocratique occidental. Molotov s'est opposé, lors de la Conférence de Londres, en septembre 1945, à la participation de la France aux débats autres que ceux ayant trait à l'Allemagne et à l'Italie (James F. Byrnes : Cartes sur table). Vychinski s'est opposé, à la Conférence des Vingt et Un à Paris, en août 1946, au droit de vote de la France dans les commissions, contre l'avis de l'Angleterre et des Etats-Unis (journaux du 18 août 1946). Vychinski s'est opposé, lors ·de la Conférence du Danube à Belgrade, en août 1948, à toute participation des Occidentaux au statut international du Danube, traitant la France de «petit coq sautillant derrière les puissances anglo-saxonnes » (journaux du 3 août 1948). Dans tous ces cas, les communistes soi-disant français à la dévotion d'un «nationa-

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