Le Contrat Social - anno VIII - n. 4 - lug.-ago. 1964

DOCUMENTS la volte-face vemgmeuse de Staline et de ses suiveurs cosmopolites en faveur de la Société des Nations traitée par eux la veille encore de « Ligue des Brigands ». Dès qu'Hitler eut répondu positivement aux avances de Staline formulées dans le discours de celui-ci au XVIIIe Congrès du parti bolchévique (10 mars 1939), le pacte des Etats totalitaires contre les petites nations et contre la civilisation démocratique était virtuellement conclu : après cette nouvelle volte-face, la France avait à compter avec un ennemi de plus, l'ennemi de l'intérieur, c'est-à-dire le parti communiste et ses sympathisants, prêts à toute obéissance servile aux ordres de Moscou. L'attaque allemande contre !'U.R.S.S. en juin 1941, celle que Staline, dans son aveuglement obstiné, n'avait pas prévue, à laquelle il refusait obstinément de croire malgré les avertissements pressants de W. Churchill et de F. Roosevelt, malgré toutes les évidences, cette attaque allemande rejeta les communistes par force et contre leur gré sinon dans le camp des démocraties, auquel ils ne peuvent ni ne veulent appartenir, du moins du côté des démocraties, très provisoirement, et motiva une nouvelle volte-face : les ploutocraties redevenaient démocraties, les « fauteurs de guerre » de la veille se trouvaient être « amis de la paix » le lendemain, et le règlement de comptes entre Etats totalitaires changeait la face de toutes choses. Quant au général de Gaulle, hier encore « agent de la City » et suppôt des ploutocraties anglo-saxonnes, il incarnait désormais le plus pur patriotisme populaire et les plus hautes vertus de la plus noble des causes démocratiques. Non pour longtemps, certes, mais tant que l'exigeaient les intérêts de! 'U.R.S.S. comme les comprenait Staline. Le général Giraud, à son tour, allait bénéficier de l'appui inconditionné des communistes. Et plus tard le maréchal Badoglio devait jouir des mêmes faveurs, ainsi que la monarchie de Savoie, en attendant de nouvelles volte-face commandées en France comme en Italie et ailleurs par les besoins changeants de l'Etat soviétique ramifié en stalinisme cosmopolite. En toutes circonstances, les communistes, pour qui cc la France est notre pays mais !'U.R.S.S. est notre patrie » ( slogan des Jeunesses communistes, transposé partout), ainsi que leurs sympathisants, auxiliaires et suiveurs de toutes sortes, se comportent donc en dociles instrumenLs d'un « nationalisme étranger », même quand les apparences donnent à croire que les intérêts de !'U.R.S.S. et ceux de leur pays se confondent. Pour les communistes, coïncidence ne signifie jamais identité ni solidarité, toute convergence de vues ne saurait être que passagère, et il ne s'agit que d'utiliser au mieux de l'impérialisme russo-totalitaire, tantôt les antagonismes nationaux ou sociaux, tantôt leurs contraires. Seul reste immuable le but suprême, à savoir la conquête, la conservation et l'extension du pouvoir. Depuis la guerre, Staline et les staliniens ont Biblioteca Gino Bianco 247 repris leur attitude d'hostilité militante envers la France, l'Angleterre et les Etats-Unis. Le danger passé, adieu le saint. Il n'y a pas si longtemps que Staline en personne tenait à proclamer la réalité démocratique des pays qui lui ont apporté sans condition l'aide matérielle indispensable au salut de son régime, s'élevant à une valeur de 11 milliards 600 millions de dollars pour la seule aide américaine, sans compter les sacrifices en vies humaines et les dépenses exigées par les bombardements et les transports qui ont permis de briser l'armature militaire de l'Axe. Dans son premier discours de guerre radiodiffusé, le 3 juillet 1941, Staline s'exprimait comme suit: cc Notre guerre pour la liberté de notre patrie se confondra avec la lutte des peuples d'Europe et d'Amérique pour leur indépendance, pour les libertés démocratiques. Ce sera le front unique des peuples qui s'affirment pour la liberté contre l'asservissement et la menace d'asservissement de la part des armées fascistes de Hitler. Ceci étant, le discours historique prononcé par le Premier ministre de Grande- Bretagne, M. Churchill, sur l'aide à prêter à l'Union soviétique, et la déclaration du gouvernement des Etats-Unis se disant prêt à accorder toute assistance à notre pays, ne peuvent susciter qu'un sentiment de reconnaissance dans le cœur des peuples de l'Union soviétique ; ce discours et cette déclaration sont parfaitement compréhensibles et significatifs. » Dans son rapport au Soviet de Moscou, le 6 novembre 1941, à l'occasion de l'anniversaire de la révolution, Staline disait encore : « Pour masquer leur nature ultra-réactionnaire, les hitlériens traitent le régime intérieur anglo-américain de régime ploutocratique. Mais en Angleterre et aux Etats-Unis, il existe des libertés démocratiques élémentaires, il existe des syndicats d' ouvriers et d'employés, il existe des partis ouvriers, il existe un Parlement; tandis qu'en Allemàgne toutes ces institutions ont été supprimées sous le régime hitlérien. Il suffit de mettre en parallèle ces deux séries de faits pour comprendre la nature réactionnaire du régime hitlérien et toute la fausseté des bavardages des fascistes allemands sur le régime ploutocratique anglo-américain. » Dans son ordre du jour n° 130, le 1ermai 1942, Staline rendait ce nouvel hommage aux démocraties occidentales : « Au milieu de ces pays épris de liberté, la première place revient à la Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, auxquels nous rattachent des liens d'amitié et d'alliance, et qui apportent à notre pays une aide militaire toujours plus grande contre les envahisseurs fascistes allemands. » Enfin, en célébrant un nouvel anniversaire de la révolution, le 6 novembre I 944, Staline allait plus loin et tenait des propos prometteurs pour l'avenir : « Ce ne sont pas des motifs fortuits et éphémères qui sont à la base de l'alliance de !'U.R.S.S., de la Grande-Bretagne et des EtatsUnis, mais des intérêts vitaux et durables. »

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==