Le Contrat Social - anno VIII - n. 4 - lug.-ago. 1964

244 pays scandinaves. La guerre a sa logique qui est plus forte que toute autre logique. » Ayant ainsi repris à leur compte la célèbre formule allemande du «chiffon de papier» et salué les victoires de Hitler en Norvège et au Danemark, les communistes de France et de partout allaient trouver dans l'écrasement des Pays-Bas et de la Belgique, ainsi que dans le désastre français de juin 1940, de nouvelles occasions de se réjouir. En effet, l'ambassadeur von Schulenburg, après avoir informé Molotov de l'offensive allemande à l'Ouest, télégraphiait à von Ribbentrop, le 10 mai 1940, que le ministre de Staline «comprenait que l'Allemagne devait se protéger d'une attaque anglo-française et ne doutait nullement de notre succès» (NaziSoviet Relations, p. 142). Et la Pravda du 16 mai 1940, justifiant Hitler, concluait en écrivant : «On voit maintenant de quelle responsabilité se sont chargés les impérialistes d'Angleterre et de France en rejetant les propositions de paix de l'Allemagne, en déchaînant une nouvelle guerre impérialiste en Europe. » Après la défaite de la France, Molotov convoqua l'ambassadeur d'Allemagne à Moscou, le 18 juin 1940, pour lui exprimer «les plus chaudes félicitations du gouvernement soviétique pour les succès splendides des forces armées allemandes» (Nazi-Soviet Relations, p. 154). Les communistes soi-disant français et leurs congénères sympathisants, bolchévisants, pseudo-progressistes et apparentés n'ont pas seulement contresigné ces félicitations, ils en sont encore à les endosser dix ans plus tard, par leur solidarité entière et constante avec la politique de Staline. De même, partout et d'abord en France, les communistes et leurs compagnons de route s'affirment co-responsables de cette politique qui a rendu possible d'abord la guerre, ensuite les victoires allemandes, car c'est le pacte StalineHitler qui « assure à l'Allemagne une certitude de calme à l'Est », a proclamé Molotov dans son discours du 31 juillet 1940 (Cahiers du Bolchévisme, 3e trimestre 1940, p. 39). Dans ses conversations avec Hitler en novembre 1940, Molotov insistait encore en approuvant « l'opinion du Führer que les deux partenaires avaient tiré des profits substantiels du pacte germano-russe. L'Allemagne avait assuré ses arrières, ce qui, on le sait, a eu grande importance pour le cours des événements durant l'année de guerre. » Il constatait que « s'il faisait le bilan de la situation créée après la défaite de la France, il aurait à dire que l'accord germano-russe n'a pas été sans influence sur les grandes victoires allemandes » (Nazi-Soviet Relations, pp. 232 et 236). Tout cela qui s'inscrit _au compte du communisme cosmopolite en général et du communisme pseudo-français en particulier n'est que le commentaire d'une complicité pratique avec l'hitlérisme exercée pendant les deux années d'alliance germano-soviétique. Non content de garantir à l'Allemagne conquérante la sécurité BibBoteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL de son hinterland et de lui donner la certitude de n'avoir à mener la guerre que sur un seul front, le gouvernement soviétique a poignardé dans le dos la Pologne chancelante, envahi sans péril les petits Etats baltes, attaqué sans gloire la paisible Finlande. Il a offert à Hitler une base navale près de Mourmansk, autorisé l'armement d'un croiseur auxiliaire allemand dans ce port prétendu neutre, couvert et favorisé les évolutions du Bremen, livré passage par la voie maritime arctique à un corsaire allemand pour lui permettre d'opérer dans le Pacifique. Tout en protestant contre le blocus anglo-français, il a fourni à son partenaire nazi d'énormes quantités de matières premières, nécessaires à l'économie de guerre. Et en même temps, Moscou mobilisait toutes ses forces cosmopolites, les partis communistes et leurs auxiliaires et suiveurs, pour ébranler le moral des peuples en guerre défensive et seconder la propagande défaitiste de l'Axe, pour disculper ~ l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste en dénonçant uniquement les «impérialismes» de France et d'Angleterre, pour saboter l'effort de défense nationale dans les seuls pays démocratiques acculés à une résistance armée par les appétits démesurés de l'Axe. Partout où les communistes ont pu préconiser la cessation du combat et l'acceptation de la paix hitlérienne, ils ont déployé leur action défaitiste, en Grande-Bretagne comme en Belgique, aux Etats-Unis comme en France, et surtout en France. Staline avait dit au XVIe Congrès de son parti (1930) que la France est « le pays le plus agressif et le plus militariste du monde», prescrivant ainsi de redoubler d'efforts subversifs aux communistes de ce pays. Ceux-ci n'ont pas manqué d'obéir servilement aux ordres de leur maître : La lettre de F. Bonte et A. Ramette au président Herriot pour « empêcher qu'on puisse rejeter a priori des propositions de paix » (1er octobre 1939); La lettre ouverte à Léon Blum, d'André Marty (le Monde, de Bruxelles, 4 octobre 1939) ; La désertion de M. Thorez (6 octobre 1939) ; Le discours de Molotov (31 octobre 1939) proclamant qu' « il n'y a pas la moindre justification pour une guerre de cette nature» et qu' «il est non seulement insensé, mais criminel, de s'engager dans une telle guerre qui est une guerre pour la destruction de l'hitlérisme camouflée en combat pour la démocratie» (reproduit dans l'Humanité clandestine, 3 novembre 1939); la diffusion de ce discours en France par les soins de Goebbels et au moyen d'avions allemands, signalée par Marx Dormoy (Populaire, 15 novembre '1939) ; L'interview du déserteur M. Thorez (Daily Worker, 3 novembre 1939 ; reproduite dans l'Humanité clandestine, n° 7, du 17 novembre 1939) ; La déclaration que F. Bonte ne put lire à la Chambre des députés le 30 novembre 1939 (mais

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