218 Mais d'ores et déjà on constate, là encore, un certain refroidissement de la part du Kremlin. Il ne semble pas que les objectifs du plan de 20 ans aient été repris au Comité central de décembre 1963 ni à celui de février 1964. I. P. Volovtchenko, ministre de l'Agriculture de !'U.R.S.S., a déclaré, devant le Comité central de 1964, que « le rendement des pois et des haricots reste faible». En réalité, ce rendement a concordé, ces dernières années, avec celui des céréales. Emploi des betteraves sucrières pour nourrir le bétail EN DEHORSde !'U.R.S.S., la betterave sucrière est cultivée en vue de la fabrication du sucre. Une toute petite partie des déchets (2 à 3 % de la récolte) est utilisée pour la nourriture du bétail. Au cours de la seconde moitié du plan quinquennal qui suivit la mort de Staline, Khrouchtchev lança l'idée de cultiver en grande quantité une variété de betterave sucrière pour l'alimentation du bétail. On ne tint pas compte que le prix de revient de la betterave sucrière (en unités de nourriture destinée au bétail) est très onéreux. On ferma les yeux également sur un facteur important : en U.R.S.S., la betterave sucrière est pauvre en protéines, laquelle se trouve déjà en quantité nettement insuffisante dans la nourriture destinée au bétail. En 1959, les statistiques officielles mentionnèrent pour la première fois 200.000 hectares plantés en betterave sucrière destinée au bétail. En 1962, cette superficie atteignait déjà 2,8 millions d'hectares. Et Khrouchtchev parlait de la porter à 7 millions d'hectares. Il s'agissait d'une variété qui ne fut pas cultivée dans des sols qui auraient pu lui convenir. Par ailleurs, on ne lui donna ni les soins ni l'engrais qu'elle demandait. Il en résulta un rendement infime qui ne fit qu'accroître le prix de revient. En 1959-62, le rendement moyen de la betterave sucrière devant servir à l'alimentation du bétail n'était que de 97 quintaux à l'hectare, alors que le rendement de la betterave utilisée pour la fabrication du sucre atteignait (ce qui n'est pas non plus considérable) 168 quintaux 13 • Bien que les désavantages de la culture de la betterave sucrière destinée au bétail fussent manifestes, la presse n'en souffla mot. Les choses ne changèrent que tout récemment. Dans le n° 1 de l'Economie planifiée pour 1964, M. Léméchev écrit : « La culture de la betterave sucrière pour l'alimentation du bétail, compte tenu des frais qu'elle nécessite, n'est pas rentable» (p. 29). Selon cet auteur, pour 1958-61, la moyenne du prix de revient de la betterave sucrière destinée au bétail dans le Centre des Terres noires a été, traduite en unités de nourriture pour les bêtes, presque 13. L'Economie nationale de /'U.R.S.S. en 1962, pp. 28283. Biblioteca Gino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE deux fois supérieure au prix de revient du blé (ibid., p. 28). En 1963, les cultures de cette variété de betterave sucrière ont été ramenées de 2,8 millions à 2,4 millions d'hectares 14 • Les engrais chimiques LESCHANGEMENlTesSplus importants survenus au début de la deuxième décennie post-stalinienne ont été la production et l'utilisation sans cesse croissante des engrais chimiques, ainsi que le développement de l'irrigation en vue d'accroître le rendement des terres cultivées de longue date. Dans le monde entier, l'emploi des engrais chimiques, surtout des produits azotés, s'est développé à un rythme rapide depuis dix ans. En Europe, U.R.S.S. à part, cette augmentation a été, de 1948-49 - 1952-53 à 1961, de 152 %, et celui des phosphates et de la potasse, de 69 %. Aux Etats-Unis, l'emploi des engrais azotés et phosphatés s'est développé dans des proportions plus grandes encore. En U.R.S.S., la production des engrais chimiques n'est passée, entre 1958 et 1962, que de 12,4 millions à 17,3 millions de tonnes. La consommation de l'agriculture pour les années ci-dessus s'est accrue moins encore (13,6 millions au lieu de 10,6 millions de tonnes) en raison du développement pris par l'exportation de ces produits 15 • Dans son discours de fin septembre 1963 à Krasnodar, Khrouchtchev a annoncé que la production d'engrais chimiques atteindrait, en 1970, 100 millions de tonnes 16 • Quelque trois mois plus tard, dans son rapport de décembre au Comité central, il a ramené ce chiffre à 80 millions de tonnes. « Quant aux perspectives ultérieures, a-t-il ajouté, nos besoins seront apparemment de 150 à 170 millions de tonnes en 1980 17 • » Toutefois I. P. Volovtchenko a parlé, dans son rapport au Comité central de février 1964, d'une décision du C. C. de décembre 1963 en vue de porter la production d'engrais chimiques à 70-80 millions de tonnes en 1970 18 • Ces chiffres sont sans changement par rapport à ceux qui avaient été prévus dans le plan de 20 ans. Si donc, aujourd'hui, de nouveaux fonds d'investissement considérables sont alloués à l'industrie chimique pour atteindre ces objectifs, et si l'on se heurte à d~ grandes difficultés pour exécuter un programme dont le financement était pourtant mieux assuré, c'est que le plan de 20 ans lui-même ne reposait pas sur des bases sérieuses. La production des engrais chimiques est passée en 1963 de 17,3 millions à 19,9 millions de tonnes, soit une production à peine supérieure à celle de 14. Viestnik Statistiki, 1963, n° 9, p. 80. 15. L'Economie nationale en 1962, pp. 165 et 298. 16. Pravda, 2 oct. 1963. 17. Ibid., 10 déc. 1963. 18. Ibid., 21 fév. 1964.
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