Le Contrat Social - anno VIII - n. 4 - lug.-ago. 1964

216 en résulte que la quantité de nourriture employée par unité de produits d'élevage est beaucoup plus grande en U.R.S.S. qu'à l'étranger. D'autre part, une nourriture défectueuse prolonge la période requise pour l'engrais et accroît en même temps les frais de main-d'œuvre. L'exploitation du sol DEPUISla mort de Staline, les surfaces emblavées ont été considérablement ac.crues. L'exploitation des terres vierges et des friches en a été la principale raison. Selon Khrouchtchev, la superficie des terres mises en valeur de 1954 à 1962 a atteint 42 millions d'hectares. Or une très grande partie de ces terres, notamment au Kazakhstan, n'a pas reçu le minimum d'humidité nécessaire aux cultures (disons, dans les conditions climatiques du Kazakhstan septentrional, 290 millimètres de précipitations annuelles). De plus, ces terres ont été pour une large part, année après année, ensemencées en blé, ce qui a entraîné la prolifération des mauvaises herbes et a favorisé l'érosion. L'extension des surfaces emblavées par suite de l'exploitation des terres vierges et des friches s'est faite aux dépens des jachères. Alors qu'en 1953 celles-ci couvraient 29,5 millions d'hectares, elles avaient, dix ans plus tard, pour ainsi dire cessé d'exister (5,4 millions d'hectares en 1963). Durant la même période, les terres cultivées sont passées de 157,2 millions à 216 millions d'hectares, soit un accroissement de 58,8 millions d'hectares. Mais plus de 10 millions d'hectares naguère cultivés ont été, au mieux, convertis en pâturages, une grande partie étant rendue impropre à la culture par la végétation sauvage, la formation de marécages, etc. Dans une interview accordée à l'éditeur italien Einaudi (New York Times, 23 février 1964), Khrouchtchev reconnaît que, par suite de l'~puisement et de l'érosion du sol, les nouvelles terres de culture de la Sibérie et du Kazakhstan seront reconverties en pâturages -dès que le plan d'utilisation des engrais chimiques aura été adopté et que, dans les anciennes régions agricoles, plus favorisées, les nouvelles méthodes de culture commenceront à donner de meilleures récoltes. Quant aux 5,4 millions d'hectares auxquels se trouvaient réduites, au début de 1963, les terres en jachère 5 , on pouvait supposer que cette d.imi;. nution record ne serait pas dépassée. Or les jachères se sont encore amenuisées en 1963. Mais en février 1964, on pouyait lire dans le Kommounist (n° 3, p. 6) que la conversion en jachères d'une partie des terres dans les régions sujettes à la sécheresse, comme l'ont démontré la science d'avant-garde et la pratique, est justifiée tant du point de vue économique qu'agronomique et ne diminue pas la récolte _globale S· Viestnik Statistiki, 14 sept. 1963, p. 80. Biblioteca Gino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE de grain. Au contraire, elle crée une base favorable pour organiser d'une manière stable la culture des céréales dans les régions exposées à la sécheresse. Les jachères, dans ces régions, c'est au fond une peti~e irrigation obtenue à peu de frais. Avant le 4 décembre 1963 encore, Melnik, président du Bureau du Comité central du P.C. du Kazakhstan pour la direction de l'agriculture, déclarait: La proportion extrêmement faible des jachères dans les régions des terres vierges doit être elle aussi considérée comme une importante lacune dans l'exploitation du sol. La plus grande partie des terres vierges cultivées ont été, dès le début, ensemencées en blé, ce qui a fortement favorisé la propagation des mauvaises herbes. A la session du Comité central de février 1964, Khrouchtchev a fixé à 20 % les terres cultivées à mettre en jachère. C'est évidemment fort vague, mais peut-être verra-t-on la superficie des jachères atteindre de nouveau 15 à 20 millions d'hectares. Ajoutons que la part relative des terres en jachère sera bien inférieure à celle qui lui est réservée dans les régions sujettes à la sécheresse du Canada, des Etats-Unis, d'autres pays encore. Là, les champs sont en jachère au moins une fois tous les trois ans, et dans de nombreuses régions, par exemple au Saskatchewan (Canada) ou dans l'ouest des Etats-Unis, les jachères alternent chaque année avec les cultures (généralement de froment). Prenant le contre-pied de ces méthodes, A. I. Baraïev, directeur de l'Institut fédéral de recherche scientifique en agriculture, écrit en termes optimistes : La science et la pratique ont démontré que, dans cette zone [sujette à la sécheresse], on a intérêt, du point de vue économique, à laisser en jachère une partie des terres afin d'obtenir, dans des champs bien humidifiés et débarrassés des mauvaises herbes, des récoltes plus stables et plus élevées plusieurs années de suite. Le supplément de récolte ainsi réalisé pendant trois ou quatre ans après la mise en jachère couvre entièrement le déficit de l'année où le champ restera improductif 6 • Voici d'autre part ce que dit la résolution du Comité central de février 1964 sur la lutte à mener contre • l'amenuisement sensible des terres de culture: · Chaque fois que des terres de labours sont rendues impropres à la culture, il faut mettre en demeure les organes du Parti, des soviets et du ministère de l' Agriculture d'en rechercher les causes, et intenter des poursuites rigoureuses contre les coupables pour déprédation des biens de l'Etat 7 • Importqtions de blé et culture du maïs L'ERREUR dans l'organisation de la culture des céréales et, notamment, des céréales destinées à la nourriture du ·bétail, consiste, comme dans 6. Pravda, 13 fév. 1964. 7. Ibid., 16 fév. 1964.

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