L'Expérience communiste L'AGRICULTURE SOVIÉTIQUE DIX ANS APRÈS STALINE par Naoutn Iasny POUR L'AGRICULTURE SOVIÉTIQUE, qui étouffait sous la férule de Staline, la difficulté . ne devait pas être bien grande d'obtenir · une amélioration sensible après la mort du dictateur. Mais les résultats atteints furent peu de chose par rapport aux potentialités (potentialités d'autant plus importantes que l'agriculture soviétique était retardataire et désorganisée) et durant les dernières années de la décennie poststalinienne, l'agriculture est restée pour ainsi dire stationnaire. Calculée par tête d'habitant (ville et campagne), la production agricole a même baissé, alors qu'il s'agissait auparavant du principal domaine où l'on notait un progrès. Ce qui reste à faire est si considérable qu'on en trouve un reflet relativement véridique jusque dans les œuvres littéraires 1 • 1. F. Abramov rapporte une anecdote symptomatique dans la nouvelle qu'il a publiée sous le titre : « Tour et Alentour», dans le premier numéro de la revue Néva, en 1963. Dans un lointain kolkhoze du Nord, il était grand temps de faire les foins. Mais les paysans refusaient de se mettre au travail, car le scrupuleux président du kolkhoze, appliquant à la lettre ses instructions, ne voulait payer pour la fenaison que 10 % de la récolte. Des journées entières, il se promenait dans le village et engageait les kolkhoziens à se mettre au travail sans retard. Finalement, pour chasser ses soucis, il se mit à boire avec les villageois. Le lendemain, s'étant réveillé tard, il fut surpris d'apprendre que tout le village était aux foins. La veille, étant ivre, il avait promis de payer pour la fenaison non pas 10 %, mais 30 % de la récolte, ce que lui-même estimait raisonnable. Du coup, la nourriture du bétail pendant l'hiver, les livraisons obligatoires [à l'Etat] de produits d'élevage et les propres besoins du kolkhoze étaient assurés. Des quantités de faits de ce genre sont relatés dans la littérature économique. A. Volkonski, dans son article, « Le redressement des kolkhozes chroniquement faibles » (Problèmes d'économique, nov. 1963), en rapporte plusieurs concernant l'élevage : « On exige des kolkhozes que, dans le troupeau de vaches, le déchet ne _dépasse pas 5 à 6 % par tête de bétail. De ce fait, dans les kolkhozes chroniquement faibles, on compte jusqu'à 50 % de vaches improductives; il en résulte pour les kolkhozes un préjudice matériel considérable (p. 65). » Les kolkhoziens se voient dans l'obligation de garder les vaches âgées, impropres à la reproduction, et d'envoyer Biblioteca Gino Bianco Prix de revient des produits d'élevage QUAND on a besoin de mettre en évidence des résultats, le cheptel du secteur socialiste et les produits de l'élevage sont toujours en tête. Quant au prix de revient de ces produits, il n'en est question qu'incidemment, et encore dans le cas seulement où un abaissement a été obtenu. Les produits de l'élevage représentent plus de la moitié de la production agricole marchande. Aussi bien, le prix de revient des produits animaux mérite-t-il une attention particulière 2 • Pour les pays autres que !'U.R.S.S., nous ne mentionnerons que les prix courants ; pour l'Union soviétique, le prix de revient et les prix courants, le premier étant beaucoup plus important que les seconds. Les chiffres se rapportant aux pays étrangers à !'U.R.S.S. sont puisés dans Production Yearbook, F.A.O., 1963. Les prix en valeur intérieure et en devises étrangères sont calculés en dollars par kilogramme et traduits ici en cents. Les prix pratiqués en U.R.S.S. ne figurent pas dans ce recueil ; ils sont empruntés à l' Ekonomitcheskaïa Gazeta du 9 janvier 1964. Les prix payés par l'Etat aux kolkhozes sont également tirés de la presse soviétique. Le prix de revient en 1961 et les prix courants au 1er juin de la même année sont calculés en nouveaux kopeks pour un kilogramme. Bien que le cours officiel d'un nouveau kopek corresponde à 1,1 cent, nous lui donnons ici la même valeur qu'au cent. les génisses, parfois en gestation, à l'abattoir. Cela fait plus de vaches, mais moins de lait. Le même Volkonski signale encore (p. 66) ce qui s'est passé au kolkhoze Borba au sujet du lin. Le kolkhoze reçut l'ordre de cultiver beaucoup plus de lin que ses moyens ne le permettaient. On dut finalement en faire brûler sur pied une partie, et le lin récolté ne donna qu'une faible quantité de fibre. 2. L'auteur a consacré à cette question une importante étude dans Soviet Studies (oct. 1963 et janv. 1964) dont il n'est donné ici qu'un simple résumé.
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