132 de leurs théories. Ainsi Khrouchtchev, à Budapest au début d'avril, tenait le même langage agressif que Mao en déclarant : <~••• Les impérialistes, et en premier lieu les impérialistes américains, sont les principaux ennemis de la liberté des peuples » (4 avril). Mais l'avant-veille, il avait tenté de séduire les ouvriers hongrois en les haranguant comme suit : « Il nous faut aussi un bon plat de goulache, des écoles, des logements, des ballets... toutes ces choses qui illuminent la vie d'un homme. » On voit que Khrouchtchev passe avec aisance de la galoche à la goulache et que, sans s'en douter, il rejoint le réformisme le plus banal, voire le vieux « possibilisme » français du XIXe siècle. Il remonte même jusqu'à la « poule au pot » du bon roi Henri, actualisée en goulache à l'intention des peuples de l'Europe centrale. Quant aux fastidieux ballets qui «illuminent la vie d'un homme », rien ne révélerait mieux la mentalité primaire des parvenus pour qui le tutu et l'entrechat représentent le summum de la « culture ». Après ces trouvailles de son cru, Khrouchtchev se réfère prudemment à Lénine, mais en quels termes? « Si Lénine, dit-il, avait proposé aux ouvriers et aux paysans de la Russie tsariste de faire la révolution non pour avoir une vie meilleure, mais une vie peut-être pire, ils se seraient gratté la tête, et Lénine aurait prêché dans le désert. La prospérité est la seule chose pour laquelle il vaille la peine de se battre » (2 avril). Impossible d'avouer plus ingénument que Lénine avait fait en Octobre des promesses inconsidérées qu'il n'a jamais été capable de tenir et que ses successeurs ne réalisent pas davantage après un demisiècle bientôt de privations et de souffrances imposées aux populations soumises. Mao aurait beau jeu sur ce chapitre à tourner en dérision son antagoniste si, en la matière, il n'était un tricheur de même espèce. Voilà cependant devant quels profonds penseurs s'inclinent tant d'«experts» et de publicistes du monde occidental. En quoi consiste le « marxisme » de ces politiciens déguisés en idéologues, ce marxisme que Lénine, paraphrasant d'ailleurs Kautsky, définissait comme ayant « continué et parachevé les trois principaux courants d'idées du XIXesiècle, qui appartiennent aux trois pays les plus avancés de l'humanité: la philosophie classique allemande, l'économie politique classique anglaise et le socialisme français lié aux doctrines révolutionnaires françaises en général »? Lénine tenait tellement à cette définition empruntée à Kautsky qu'il l'a formulée encore une fois, plus lapidaire, en écrivant que la doctrine de Marx « est le successeur légitime de tout ce que l'humanité a créé de meilleur au xixe siècle : la philosophie allemande, l'économie politique anglaise et le socialisme français». On a donné ici assez d'échantillons du marxisme-léninisme de Khrouchtchev et de Mao pour y constater l'absence totale de philosophie allemande, d'économie politique anglaise et de socialisme français: Quelques citations des tout derniers échanges d'aménités entre Moscou BibliotecaGino Bianco LE CONTRAT SOCIAL et Pékin ne démentiront pas la conclusion précédente. Moscou. - « La politique actuelle de la Chine est une politique raciste et chauvine qui ne diffère pas du nazisme (...). La propagation du nationa-:- lisme et du chauvinisme par les Chinois n'est pas dangereuse seulement p9ur !'U.R.S.S. mais pour tous les pays d'Europe et_ d'ailleurs » (B. Gafourov, 1er avril). PÉKIN. - « Le délégué soviétique parle le langage des impérialistes. Vous parlez avec la voix d'un impérialiste américain » ( Mme Han Yu-tung, 1er avril). Moscou. - « Les dirigeants chinois se sont alignés sur les milieux les plus agressifs de l'impérialisme et se sont manifestés comme des aventu- .. ristes (...). La propagande chinoise s'aligne sur les organismes anticommunistes réactionnaires et impérialistes (...). Mao aimerait, comme jadis Staline, siéger comme un dieu au-dessus de tous les partis et décider à son gré de leur politique ... » (M. Souslov, Pravda, 3 avril). PÉKIN, par Tirana. - M. Khrouchtchev et les révisionnistes « glissent vers les positions de la social-démocratie, officine du capitalisme, dont ils suivent les traces perfides »... « M. Khrouchtchev et ses partisans marchent rapidement vers la dégénérescence des pays socialistes en sages républiques bourgeoises » (Zeri i Popullit, 7 avril). Moscou. - « Seul un parfait imbécile [allusion à Mao Tsé-toung] peut imaginer que l'édification du socialisme est possible sans le soutien et les ressources de la communauté fraternelle des peuples qui ont choisi la voie du socialisme»... « Ceux qui veulent redonner vie au cadavre de Staline, qui veulent s'appuyer (...) non sur la confiance et l'amitié des peuples, mais sur la hache et le couteau (...). Ceux qui aiment Staline peuvent l'emporter s'ils aiment l'odeur des cadavres » (Khrouchtchev, 5 avril). Moscou. - « Il n'y a pas longtemps, en Chine, on a célébré dans le plus grand apparat le 8ooe anniversaire du conquérant sanguinaire Tchingis Khan. Dans l'atmosphère d'ardeur chauviniste qui règne là-bas, cela n'a pas étonné. D'autant moins que le chauvinisme de grande puissance et l'engouement pour le passé féodal sont très proches du cœur de Mao Tsé-toung. Dans l'un de ses poèmes, il chante Tchingis Khan ... » (K. Mourtazaïev, Izvestia, 6 avril). Moscou. - «Seul un enfant ou un .parfait crétin [allusion à Mao Tsé-toungl peut ne pas avoir peur de la guerre, car un enfant n'est pas capable de comprendre et le crétin a été privé de tout entendement par Dieu» (Khrouchtchev, 6 avril). Moscou. - « Les dirigeants chinois (...) sombrent en fait et sur bien des points dans le bourbier du trotskisme et du chauvinisme panchinois »... « La fonction de calomniateurs du socialisme est
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