Le Contrat Social - anno VIII - n. 3 - mag.-giu. 1964

174 Dans cette décision, une grande attention est accordée à la génétique. Celle-ci doit occuper en U.R.S.S. la place d'honneur qui lui est due. Tous les progrès accomplis par la génétique [classique] d'aujourd'hui doivent être utilisés dans l'économie de notre pays. C'est un devoir patriotique pour nos savants soviétiques. . En fi~èles adeptes de ~ette génétique classique, ils font etat de ses progres et de c~ux des sciences connexes, et de ses applications fécondes à la médecine et à l'agronomie. Ils attaquent sur chaque point particulier les critiques formulées à cet égard par l'école lyssenkovienne. La conclusion est un violent réquisitoire contre la dictature de Lyssenko en même temps qu'une attaque directe contre ce dernier : Il faut proscrire résolument toutes les tentatives faites pour ignorer l'importance pratique et théorique de la génétique actuelle et pour emprisonner l'évolution de la biologie soviétique dans le cadre étroit d'une école uruque ... Comment se fait-il que le progrès de la génétique moderne ait été si longtemps entravé dans notre pays ? Pourquoi avons-nous abandonné si longtemps aux pays capitalistes un secteur aussi vaste et aussi fécond de la recherche sous prétexte que la génétique classique était une « science bourgeoise » ? Après tout, nous ne parlons nullement de la « physique bourgeoise », de la « chimie bourgeoise » ou de la « physiologie bourgeoise » ! Au contraire, dans toutes ces sciences, nous suivons de très près tous les progrès accomplis à l'étranger et nous tâchons de tirer parti le plus rapidement possible des éléments nouveaux et intéressants. De plus, nous nous efforçons de maintenir la recherche au niveau le plus moderne dans toutes les sciences, sans exception aucune. C'est uniquement en biologie que certains individus persistent à maintenir un abîme entre la science soviétique et la science mondiale, à ignorer tout ce que font les adeptes d'autres écoles scientifiques. La réponse à ces questions nous paraît très simple. Tout cela ne pouvait se produire que dans le climat perverti de la période du culte de la personnalité ! Les tentatives faites par certains savants pour isoler la biologie soviétique de la science mondiale n'est qu'une survivance nuisible de ce culte, elles témoignent de la perte de contact avec la réalité et de la peur d'admettre ouvertement et de rectifier honnêtement les erreurs commises dans le passé. Dans l'atmosphère actuelle de déstalinisation et de condamnation de plus en plus violente des séquelles du« culte de la personnalité», pareil factum, qui reprend d'ailleurs les termes exacts si souvent employés par Khrouchtchev lui-même:, était une attaque personnelle pleine de fiel contre l'e~-dictateur en matière de biologie, le lecteur soviétique substituant automatiquement «Lyssenko et consorts·» aux « certains savants» du texte. LES PARTISANS de Lyssenko .attendirent cinq mois avant de riposter, ce retard témoignant du profond désarroi que la décision de janvier 1963 avait provoqué dans leurs rangs. . . Biblioteca Gino B•ianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE . Mais en U.R.S.S. l'octroi de quelques concessions dans le ;d?maine id~ologique est immanquablement swv1 d'une tentative pour sauver la face et reprendre en main ceux qui s'écartent un peu trop de « l'esprit de parti» obligatoire. Ce n'est qu'après la session du Comité central - de juin 1963 qui visait, une fois de plus, à redresser cet esprit, qu'Olchanski, successeur de Lyssenko à la présidence de l'Académie fédérale Lénine· des sciences agronomiques, répondit aux accusations publiées dans la N éva. Son article intitulé : cc Contre la falsification· dans la science biologique » parut dans le journal Sielskaia Jizn (la Vie villageoise) le 15 août 1963. La Pravda en donna un long résumé dans sa revue de presse du 21 août, au bas de la dernière page. Le l~D:gaged:~lchanski ~o.ntre à quel point la mentalite de 1 epoque stalinienne survit encore chez les produits typiques de cette période tel ce fidèle second de Lyssenko : ' Les milieux savants de !'U.R.S.S. ont êté stupéfiés par l'article calomnieux de Medviédev et Kirpitchnikov, lesquels présentent faussement la situation en biologie (...). La calomnie sur la doctrine mitchourienne est lancée par des gens qui n'ont rien fait d'utile ni pour la science biologique ni pour la pratique (...). Ils ont falsifié les résultats de la session de l'Académie des sciences agronomiques d'août 1948 en affirmant qu'à cette session « fut promulgué et réalisé le principe du caractère de classe de la biologie et de l'obligation de reconnaître la différence fondamentale entre la génétique soviétique et la génétique occidentale (...). Celle-ci Y fut proclamée science bourgeoise et fut mise de ce fait, hors la loi. » ' , L_es_auteurs _lancent ce mensonge pour désorienter 1 o~rmon publique dans une question parfaitement claire _Por:r _tou~ les biologistes soviétiques (...). En 1948, il s ag1ssa1t, comme encore aujourd'hui, de tout autre chose dans la science biologique: il s'agissait de la lutte entre deux conceptions opposées du monde dans la science ... Les biologistes soviétiques chérissent notre science et ils veulent la développer uniquement sur la base de la doctrine marxiste-léniniste, sur la base du matérialisme dialectique. ' Après ce subtil distinguo scolastique entre bonnet blanc et blanc bonnet, Olchanski déplore: Il _se trouve encore. des ~avants qui demeurent prisonmers des conceptions idéalistes et mécanistes de l'évolution de la matière vivante. Ce sont de tels savants « fruits secs » de la science, que la rédaction de la revu~ N éva a pris pour conseillers ..• éhaque savant soviétique comprend certainement que, dans la science, il ne peut être question de coexistence pacifique du matérialisme avec l'idéalisme. ·c'est pourquoi l'école mitchourienne rejette résolument les conceptions réactionnaires de la génétique classique. Or les auteurs de l'article de la Néva envisagent la p_os~ibilitéd. 'une ~usion prochaine de la génétique maténaliste mitchour1enne avec les conceptions idéalistes de la génétique classique. Pareil esprit de conciliation est inadmissible en biologie. De ce fait, l'article de la Néva doit être considéré comme e~oné et nuisible pour notre science (PrafJda, 21 aoftt 1963).

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