84 résolue. C'est la question de l'antisémitisme. KHROUCHTCHE-V.Ce n'est pas une question. EVTOUCHENK-O. C'est une question, Nikita Serguéïévitch, on ne peut la nier pas plus qu'on ne peut la taire. On s'y heurte à chaque pas. Elle existe bel et bien. J'ai été moi-même témoin de ce genre de choses. Qui plus est, c'était le fait de gens occupant des postes officiels, et cela prenait de la sorte un caractère officiel. Nous ne pouvons aller au communisme avec un fardeau tel que la judéophobie. Et là, impossible de se taire ou de nier. La question doit être résolue et nous espérons qu'elle le sera. Tout le monde progressiste a les yeux fixés sur nous et le règlement de cette question rehaussera encore davantage l'autorité de notre pays. J'entends par là qu'il faut mettre fin à l'antisémitisme dans toutes ses manifestations et traîner les antisémites en justice correctionnelle. Cette mesure effective permettra à beaucoup de gens de nationalité juive de reprendre courage et ne fera qu'accroître nos succès dans tous les domaines de l'édification communiste. Je voudrais dire quelques mots de la peinture abstraite de nos artistes. Je considère que les jeunes peintres qui ont organisé une « exposition clandestine » et invité des correspondants étrangers ont mal agi. Cet acte irréfléchi mérite la réprobation générale. On ne peut non plus tolérer que nos peintres aient vendu leurs œuvres à l'étranger. Cela ne peut que nuire à notre prestige, à notre art. Mais je tiens· à dire qu'il faut faire preuve de beaucoup de patience envers le courant abstrait dans notre art et ne pas avoir recours à des pressions, car le résultat risque d'être le contraire de ce qu'on recherche. Je connais les peintres dont il s'agit, je connais les sources de leur inspiration et je peux souligner que, de pair avec l'élément abstrait, ils sont fascinés par l'écriture réaliste. Je suis convaincu qu'avec le temps, certaines de leurs tendances formalistes seront redressées. KHROUCHTCHEV. - Seule la tombe peut redresser le bossu. LE CONTRAT SOCIAL EVTOUCHENKO- . Nikita Serguéïévitch, le temps n'est plus où chez nous la tombe seule pouvait redresser les bossus. Il y a assurément ·. d'autres voies. J'estime que la meilleure, c'est de prendre patience et d'agir avec tact, de laisser . faire le temps. En matière de peinture, il faut permettre de coexister à diverses écoles : de leurs controverses, notre art soviétique ne pourra· que profiter. Les peintres, tout comme les hommes de lettres et les musiciens, sont fort sensibles à la moindre pression. Aussi vaut-il mieux ne pas y recourir. Chaque chose retrouvera sa place. KHROUCHTCHE-V. Je ne crois pas que l'art abstrait vous plaise personnellement. EVTOUCHENK-O.Nikita Serguéïévitch, il y a abstrait et abstrait. L'important, c'est qu'il n'y ait pas charlatanisme. J'admets qu'il puisse devenir impossible de rendre l'esprit moderne de notre époque au moyen de l'ancienne écriture. , Franchement, je reconnais que je n'aime pas notre art du portrait, tout réaliste qu'il soit. J'ai beaucoup de respect pour les camarades représentés dans ces portraits, mais les portraits eux-mêmes me font l'effet des photographies en couleurs que l'on voit tous les jours, et ils n'ont pas le don d'émouvoir celui qui les contemple. J'ai du mal à admettre, Nikita Serguéïévitch, que l'insipide tableau N. S. Khrouchtchev parmi les ouvriers puisse vous plaire. Ces derniers temps, Cuba a joué un grand rôle dans ma vie. J'aime beaucoup la peinture abstraite cubaine. Il serait bon de faire chez nous une exposition de peintres cubains. La peinture abstraite cubaine jouit d'une grande popularité auprès du peuple de Cuba et de ses dirigeants. Fidel Castro en raffole. La peinture abstraite cubaine vient en aide à la révolution cubaine, elle lui emboîte le pas. Je pense que, chez nous également, les abstraits marchent dans les rangs des champions du communisme. J'en appelle non pas à l'esprit de conciliation, mais à la retenue et à l'étude scientifique aJ?profondiede la théorie et de la pratiqu~ de la p~mture moderne, bref, à l'affermissement de nos écrivains et de nos artistes pour le bien du pays. INTERVENTION DE ROMM ···AVANT MOIa pris la parole, de manière très passionnée et excellente, le camarade Dobrykine, régisseur du théâtre de Voronej. De tout son être, il proteste ardemment contre les vestiges de la mentalité stalinienne. Il nous a raconté comment -des chefs de district, non contents d'allumer après boire un feu de bois sur la terrasse d'un sanatorium, allèrent Biblioteca Gino Bianco , jusqu'à infliger un blâme à un éducateur de l'établissement qui avait tenté de protester. Bel . exemple ! Mais le. même Dobrykine conseille de convoquer Léonide Léonov au Comité central et de lui proposer d'écrire une pièce. Mais si Léonov a d'autres projets en matière de création, s'il ne veut pas pour l'instant travailler pour le théâtre ? Selon Dobrykine, si le Parti le lui
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