Le Contrat Social - anno VIII - n. 1 - gen.-feb. 1964

64 ni pourquoi, sans transition, « la guerre contre la Finlande fut difficile pour l'Union soviétique ». Il faut dire que, selon l'auteur, c'est le lapin finlandais qui avait commencé. Or « le théâtre des opérations couvert de nombreux lacs et de grands massifs forestiers ne permettait pas de déployer de grandes forces et d'effectuer des manœuvres de débordement». Pouvait-on imaginer un pays qui se couvre de lacs et de forêts pour empêcher les Russes de déborder ? Enfin, malgré le méchant Daladier (toujours lui), la Finlande se résigne à signer la paix,le 12mars 1940. Et voilà comment on écrit l'histoire, comment le partage de la Pologne n'a pas eu lieu, comment « l'Union soviétique barre la route à l'Allemagne», de concert avec Hitler. Le chapitre IV traite de «La tragédie de la France » et d'abord de l'invasion allemande au Danemark et en Norvège, sans mentionner que d'après le gouvernement soviétique, la France et l'Angleterre en sont responsables, car elles ont « violé la souveraineté des pays scandinaves » (Izvestia du 11 avril 1940). En France, Paul Reynaud et Daladier sont les vilains du mélodrame, « tous les deux étant responsables de la honteuse capitulation de Munich». Après le désastre militaire, « seul le parti communiste proposa un programme qui exprimait la volonté du peuple, prêt à défendre sa liberté et son ind~J?e!ld~ce nationale» (textuel). Pas un mot des fehc~tat1ons soviétiques à l'Allemagne pour ses «brillantes victoires» sur la France. Pétain aurait avancé cette idée : «Il vaut mieux être une province nazie qu'un dominion britannique » (référence : un certain K. Tippelskirch; mais qui est-ce ?) Deux lignes enregistrent la création du Comité national français à Londres, de Gaulle en tête. Mais plus loin, il est précisé que ce mouvement << dépendait des intérêts et des plans des dirigeants anglais ». Ici vient le faux attendu, le faux « appel » patriotique des communistes français, faussement daté du 10 juillet 1940 : ces gens ne reculent devant rien *. On ne peut pas lire de telles choses. Un regàrd « en diagonale » tout en tournant rapidement les pages suffit à j~ger cette .~?me c?~pilation des thèmes de l' agztprop sov1et1que, ecnte par surcroît en un style mastoc et sur un ton de chauvinisme insupportable. Les assertions déjà relevées suffisent à caractériser l'ensemble, produit de l'école historique stalinienne, même quand le nom de Staline est arbitrairement supprimé par ordre supérieur, même quand le beso~ se fait sentir d'attribuer aux «erreurs de Staline» les péripéties les plus fâcheuses. M.· Déb<?rine, assujetti à des consignes absurdes, en arnve à * Sur ce document notoirement faux, maintes fois réfuté, discrédité (entre autres par 1-,... Rossi : Phynologie du Parti communiste, pp. 424-430, et par M. Ceyrat : La Trahison permanente, pp. 97-100), voir Est et Ouest, n° 189, du 16 février· 1958, qui donne la photocopie de l'original, le tableau détaillé de toutes les falsifications ainsi que les multiples références désirables. Biblioteca Gino Bianco LB CONTRAT SOCIAL ceci : la première conférence de la « coalition antifasciste » se tient à Moscou le 29 sep~ tembre 1941, les Etats-Unis y sont représentés par M. Harriman, l'Angleterre par lord Beaver-. brook et ... personne n'y représente la Russie soviétique. Chaque page ménage au lecteur des âneries de ce genre. De même, jusqu'à la page 200 où notre bonne volonté s'épuise, ni Tito ni Mikhaïlovitch ne sont nommés à propos de la lutte en Yougoslavie. «L'Office of Strategic Services dépensa de fortes sommes pour affaiblir· le mouvement de résistance. » Plus loin : «Les gouvernements américain, anglais et les gouvernements en émigration employaient différentes méthodes contre le mouvement de libération des peuples, utilisant même les traîtres et collaborant avec la Gestapo » : somme toute, }'U.R.S.S. était en guerre à la fois contre l'Axe et contre la « coalition antifasciste » dont elle faisait partie. On comprendra que notre rapide examen cesse à la page 201. Surtout si l'on sait par l' Histoire du Parti que les Russes ont mis en quelques minutes le Japon en déroute, version officielle qui doit certainement figurer aussi chez ce M. Déborine. Celui-ci utilise, entre autres sources, ·maints écrits grossièrement mensongers de tous les Déborine du monde, ainsi qu'une imposante collection de sottises puisées dans des publications occidentales où la liberté de la presse favorise particulièrement cette sorte de prolifération.. Ainsi les « échanges culturels» (sic) coulent à pleins bords, mais on aimerait savoir ce que Paris, Londres et Washington envoient à Moscou, en «échange». SYLVAIN MEYER. Technique de l'entretien CHARLES NAHOUM : L' Entretien psychologique. Paris 1962, P.U.F., 173 pp. Vorèr un excellent petit livre, aussi modeste dans son intention que précis dans sa réalisation, et certainement utile. On le recommande particulièrement à tous ceux que la nature de leurs occupations ou de. leurs ambitions conduit à parler ou à « être parlés », selon la formule de Pierre Janet : enquêteurs d'opinion publique, médecins traitants, orienteurs de professions, sélecteurs d'embauche, etc., et aussi à ceux qui doive~t faire l'objet de ce genre d'examen. Les premiers seront mis en garde contre leurs erreurs possjbles, les autres seront préventivement débarrassés de la terreur ou de l'inquiétude qu'inspire une procédure inconnue. L'auteur applique résolument, quoique d'une manière souple, les conceptions de C. Rogers sur l'attitude « non directive» ou non autoritaire de l'interviewer. L'entretien ne peut .en aucun · cas être .un moyen de pression, de suggestion ou

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