50 je veillerai à ce qu'il y ait de l'argent dans cette banque. - Bien ; quant à moi, je ne me soucie pas de veiller à ce qu'il entre des savants dans le M.T. OU. 1 ; ce n'est pas une politique», dit Kamenev. Là-dessus, ils se séparèrent. Fin décembre, Zinoviev et Kamenev définirent la position comme suit : « Il faut se cramponner au gouvernail. On ne peut y arriver qu'en appuyant Staline. N'hésitons donc pas à lui en payer tout le prix. » Un d'entre eux (Kamenev, je crois) alla chez Ordjonikidzé. Ils parlèrent beaucoup pour dire que la politique du Comité central pour le moment est juste. Ordjonikidzé approuvait. Kamenev, ayant déclaré qu'il ne comprenait pas pourquoi on les laissait au Centrosoyouz, Ordjonikidzé déclara qu' « il était encore trop tôt; il fallait frayer la voie. Les droitiers feraient des. objections. » Kamenev dit qu'il n'était pas absolument nécessaire de lui donner un poste élevé, que le plus simple serait de lui confier l'Institut Lénine, qu'il faut leur permettre d'intervenir dans la presse, etc. Ordjonikidzé approuvait et promit de poser la question au Bureau politique. Trois jours après, Kamenev alla chez Vorochilov ; pendant deux heures, il se mit en quatre devant lui pour louer la politique du Comité central ; Vorochilov ne répondit pas une seule parole. Deux jours après, Kalinine vint chez Zinoviev et y resta vingt minutes. Il communiqua la nouvelle du bannissement du camarade Trotski; quand Zinoviev commença à demander des détails, il répondit que la questio•n n'était pas encore tranchée et qu'en attendant, il ne valait pas la peine d'en parler. Zinoviev ayant demandé ce qui se passait en Allemagne, Kalinine répliqua qu'il n'en savait rien : « Nous avons assez - et même par-dessus la tête - de nos propres affaires. » Ensuite, répondant en quelque sorte à la visite que Kamenev fit à Vorochilov, il dit textuellement ce qui suit : « Il [Staline] bavarde sur les mesures de gauche, mais, très prochainement, il sera obligé d'appliquer ma politique à triple dose. Voilà pourquoi je l'appuie. » Ayant appris le bannissement de Trotski, les zinoviévistes se réunirent. Bakaïev insista pour qu'on intervienne à ce sujet en protestant. Zinoviev dit qu'il n'y avait personne devant qui protester, car « il n'y a pas de patron». C'est làdessus qu'on se mit d'accord. Le lendemain, Zinoviev s'en fut chez Kroupskaïa, et lui dit qu'il avait appris par Kalinine l'exil de L. D. . [Trotski]. Kroupskaïa déclara qu'elle en avait aussi entendu parler. - Qu'avez-vous donc l'intention de faire de lui ? demanda Zinoviev. 1. N.T.OU. : Administration scientifique technique, à la tête de laquelle se trouve Kamenev, tandis que Zinoviev travaille au Centrosoyouz. · ··, Biblioteca Gino B•ianco· LB CONTRAT SOCIAL - Premièrement, il ne f~ut pas dire vous, mais eux ; deuxièmement, s1 nous nous décidions à protester, qui nous écouterait ? Zinoviev, lui, raconta la conversation de Kame- ·. nev avec Ordjonikidzé ; Kroupskaïa dit, au sujet de ce dernier : « Bien qu'il pleure dans le gilet de tout le monde, on ne peut avoir confiance en lui. » . · Kamenev rencontra Ordjonikidzé ; · celui-ci lui dit qu'il publiait le recueil sur la lutte contre le bureaucratisme; il proposa à Kamenev de l'aider dans ce travail. Ce derriier y consentit volontiers, à la suite de quoi Ordjonikidzé l'invita, ainsi que Zinoviev, à venir chez lui. Lors de cette rencontre, on parla très peu du recueil. Ordjonikidzé déclara qu'il avait posé la question devant le Bureau politique, et que Vorochilov avait dit ceci : « Aucune extension de leurs droits [à Zinoviev et Kamenev]. Voyez ce qu'ils veulent : l'Institut Lénine ! On pourrait peut-être encore substituer au Centrosoyouz une autre institution, s'il ne leur plaît pas. Quant à faire imprimer leurs articles dans la presse, nous ne l'interdisons pas, mais cela ne veut pas dire que l'on va publier tout. » - Bien, mais Staline, qu'a-t-il dit ? - Staline a dit : « Etendre leurs droits, c'est faire le bloc. Faire le bloc, c'est partager. Je ne puis pas partager. Que diraient les droitiers ? » KAMENEV - C'est bien ce qu'il a dit au Bureau politique ? 0RDJONIKIDZÉ - Non, cela se passait avant le Bureau politique. Ils partirent sans aboutir à rien. Zinoviev écrivit des thèses en deux pages (si Ordjonikidzé n'a servi à rien, il faut bien écrire des thèses) : « Le koulak grandit dans le pays, le koulak ne donne pas de blé à l'Etat ouvrier, le koulak tire sur les correspondants paysans, sur les fonctionnaires, et les tue. Le groupe de Boukharine, avec sa ligne de conduite, cultive le koulak : donc, pas d'appui à Boukharine. Nous appuyons aujourq'hui la politique de la majorité du Comité central [groupe stalinien] pour autant que Staline lutte maintenant contre le nepman, le koulak et le bureaucrate. » Kamenev dit : « Il n'est pas possible de s'arranger avec Staline ; qu'ils aillent donc tous au diable ! Dans huit mois, j'aurai publié un livre sur Lénine, et là, on verra bien. » Zinoviev a un autre état d'esprit, il dit : « Il faut qu'on ne nous oublie pas, il faut intervenir dans les réunions, dans la presse, etc., frapper à toutes les portes, pousser le Parti vers la gauche. » Et en effet on p'ublie ses articles. Toutefois, les rédacteurs de la Pravda ont parfaitement assimilé le conseil de Vorochilov. Ils lui ont encore refusé de faire paraître un article parce que celui-ci aurait exprimé la panique devant le koulak. Au cours de ces derniers temps, Zinoviev est intervenu à une réunion du Parti, au Centrosoyouz, à l'Institut Plékhanov, etc., à l'occasion du dixième · anniversaire de l'Internationale communiste.
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