Le Contrat Social - anno VIII - n. 1 - gen.-feb. 1964

48 10. Sokolnikov: rendez votre politique plus active, exigez tout au moins l'éloignement de Molotov. 11. « Staline ne connaît qu'un moyen : la vengeance. En même temps il poignarde dans le dos. Souvenons-nous de la théorie de la " douce " vengeance . » 12. « Sergo [Ordjonikidzé] n~est pas loyal. Il venait chez moi, il injuriait Staline de la pire façon, et, au moment décisif, il a trahi. » 13. Histoire de la résolution adoptée au Plénum et de la bagarre : « I. J'exigeais que la question générale soit discutée. » Staline se dérobait, alléguant : il faut un plan des industries et de la finance, etc. ; 2. J'écris une lettre à Staline et j'exige la discussion générale. Il accourt chez moi :" Mon petit Boukharine, tu es capable de donner sur les nerfs même à un éléphant ", mais il ne consent pas à discuter; 3. J'écris une deuxième lettre. Il m'appelle chez lui. Il commence : " Nous autres, toi et moi, nous sommes !'Himalaya, les autres des quantités négligeables" ; 4. Nous allons au " septemvirat ". Scène sauvage. Il commence à hurler contre moi. Je raconte ce qu'il a dit sur !'Himalaya. Il crie : " Tu mens ! Tu as inventé cela pour exciter contre moi les membres du Bureau. politique." Nous nous séparons; 5. Je lis sans la quitter des mains une déclaration écrite de vingt pages. Molotov la qualifie d'antiléniniste, d'anti-Parti. Staline : " Je puis en accepter les neuf dixièmes. " Molotov s'en va. On adopte la déclaration comme base. Je m'en vais pour écrire la résolution. Eux aussi. LE CONTRA'f SOC~AL Tout d'un coup, ils apportent une résolution volée, copiée sur ma déclaration. Je fais trois amendements, Rykov en fait un. Tous sont adoptés à l'unanimité. Staline raisonne -comme. · suit: j'ai donné du blé grâce aux mesures excep- ..• tionnelles ; j'ai viré à temps et j'ai écrit moimême la résolution ; si l'on a besoin de prendre·· des mesures, je serai le seul à pouvoir les exé~ cuter. En réalité, il gouverne vers la perte de la révolution. » · 14. « Varga est rapporteur, parce que Staline ne veut pas que Rykov le soit. Je ne sais pas encore ce que je dois faire de ce rapport. Varga développera l'idée que, si l'on applique l'industrialisation, la famine est inévitable. » r5. Au sujet de l'Internationale communiste : « Sémard est pour Staline, Thaelmann est pour Staline, Ewert n'est pas un droitier, n,.ais on le force à l'être. » 16. Staline a enfreint une décision du Bureau politique. Il avait été décidé d'envoyer la lettre de Froumkine à tous les membres du Bureau politique et de composer une réponse. Staline, sans attendre cela, a écrit et envoyé la réponse. « On estima la réponse juste, mais incomplète. » (Je n'ai rien pu arracher de plus.) 17. « A cette occasion ou à une autre j'ai [Boukharine] dit à Staline : " Ne croyez pas que le Bureau politique soit un organe consultatif auprès du Secrétariat général. " » 18. « La politique de Staline conduit à la guerre civile. Il sera obligé de noyer les insurrections dans le sang... » . COMPLÉMENT AU TEXTE PRÉCÉDENT Le deuxième document publié ci-dessous constitue, en quelque sorte, une suite du précédent. · Nous vous communiquons les derniers renseignements reçus concernant la situation qui s'est créée au sein du Bureau politique et autour de celui-ci. Nous garantissons absolument l'exactitude de ces renseignements, vérifiés pour la plupart par deux ou trois voies différentes. Nous citons textuellement beaucoup · des expressions rapportées. Le compte rendu de la conversation KamenevBoukharine fut publié le 10 janvier [1929]. Dans les sphères supérieures, ce document hâta le choc, il assomma la base surprise. En le rendant public, nous avons troublé le· jeu des combinaisons de Zinoviev et .d~ Kamenev. Le Bureau politique siégea pendant; .. trois jours à ce sujet. Biblioteca Gin·o B·ianc Ils se · disputèrent d'une manière définitive. La fraction de Staline décida qu'au prochain Plénum, Boukharine, Tomski et Rykov seraient éliminés du Bureau politique. Les droitiers préparent la résistance passive. Les stalinistes triomphent ; ils ont eu un succès complet et aisé. Notre tract a été reproduit par le Comité central, car tout le monde disait : nous sommes informés de ce qui se passe par les tracts de !'Opposition et pas par le Comité central. L'importance politique dé cette publication et sa popularité parmi les masses sont énormes. Tout le monde dit: oui, on mène le Parti les yeux bandés ! A la suite de tout cela, le Bureau politique et le Présidium de la Commission centrale de contrôle organisèrent un véritable procès du «trio». Nous donnons quelques détails à ce sujet. En décembre-janvier [1929], Kamenev se ren-· contra plusieurs fois avec Boukharine chez Pia- ..

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==