14 aussi bien que dans le camp impérialiste. Non moins irresponsables et de plus impertinentes sont les nouvelles accusations lancées ces jours derniers par les camarades chinois, à savoir que la quasi-totalité des partis ouvriers et communistes s'éloignent du marxisme-léninisme, acceptent le joug de l'impérialisme ou capitulent devant lui et que leurs dirigeants « ont perdu l'esprit révolutionnaire, sont devenus myopes ou poltrons comme des souris » 15 • Six mois plus tard, Jagbaral, membre du Politburo mongol, écrivait dans la Pravda : Ceux qui ouvertement ou par le biais prennent position contre le parti de Lénine, avant-garde universellement reconnue du mouvement communiste international, ou qui s'élèvent contre le pays de la révolution d'Octobre, dont le peuple a été le premier à frayer à l'humanité la voie au socialisme et au communisme, ne peuvent, et n'en ont pas le droit, se dire de véritables marxistesléninistes 16 • Après la publication de la lettre du Comité central chinois du 14 juin dernier et de la lettre ouverte du Comité central soviétique, le journal d'Oulan-Bator, Unen, condamna de nouveau les dirigeants chinois : Les doctrinaires de malheur, les dogmatiques et les opportunistes ont passé la mesure en accusant le P.C. soviétique, avant-garde du mouvement communiste et ouvrier dans le monde, et d'autres partis frères de « trahir la révolution prolétarienne », d'« abandonner le marxisme-léninisme », etc. Ils n'ont pas honte de se livrer à ces odieux agissements, de proférer des injures grossières et de répandre des calomnie·s à peine imaginables 17 • Quant aux communistes du Vietnam et de la Corée du Nord, ils s'en tiennent à une position d'extrême prudence et de stricte neutralité. En février 1963, le Politburo vietnamien publia une déclaration sur la solidarité du mouvement communiste international: Le parti des travailleurs du Vietnam défendra toujours l'Union soviétique, la Chine et autres pays frères du camp socialiste et poursuivra ses efforts pour renforcer la solidarité entre l'Union soviétique et la Chine 18 • Jusqu'à présent, la position du Nord-Vietnam n'a pas varié. C'est en vain que Liou Chao-chi, président de la République populaire de Chine, a tenté, lors de sa visite à Hanoï, en mai dernier, d'amener Ho Chi Minh à lui emboîter le pas. Dans ses discours, le leader vietnamien mit constamment !'U.R.S.S. et le P.C. soviétique sur le même pied que la Chine et le P.C. chinois. Le fait que le Nord-Vietnam ait soutenu la proposition de Chou En-laï tendant à réunir une _ confér~nce internationale pour mettre hors la loi 15. Pravda, 10 janv. 1963. 16. Pravda, 1 r juillet 1963~ 17. Unen, II- juillet 1963. 18. Pravda, 12 fév. 1963. Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL l'arme atomique et que Nhan Dan, organe du Comité central du Parti vietnamien, ait même condamné l'accord nucléaire de Moscou, ne modifie pas la tendance générale des Vietnamiensqui est de rester neutres dans le conflit, l'essentiel de leurs accusations étant dirigé contre les « in;i;. périalistes » 19 • De leur côté, les communistes nord-coréens, tout en appuyant certaines positions idéologiques de Pékin, ne sont nullement disposés à couper les ponts avec Moscou. A plusieurs reprises, ces derniers mois, les Nord-Coréens ont eu l'occasion de donner leur opinion sur les rapports sinocoréens et sur la situation dans le camp communiste, que ce soit lors du voyage en Chine de Chou Yong Kon, président de la Haute Assemblée et membre du Politburo, lors du deuxième anni- ~ versaire de la signature du traité d'amitié, de coopération et d'aide mutuelle entre la Corée et la Chine, ou encore lors ·du Xe anniversaire de l'armistice en Corée. Dans leurs déclarations, les Nord-Coréens, tout en mettant l'accent sur l'amitié avec la Chine, ont soigneusement évité d'attaquer le P.C. soviétique ou Khrouchtchev. En règle générale, les Coréens prennent soin d'accompagner leurs diatribes contre les « révisionnistes modernes » de cette réserve : « personnifiés par la clique à Tito». De même que le Vietnam, la Corée a soutenu la proposition de Chou En-lai, et sur le même ton ou à peu près, condamné l'accord de Moscou 20 • Il n'est pourtant pas douteux que la position hostile et intransigeante de la Chine de Mao correspond beaucoup plus aux intérêts du Nord-Vietnam et de la Corée du Nord que la « coexistence pacifique» de Khrouchtchev, les communistes coréens et vietnamiens ne pouvant réaliser leurs plans que si les troupes américaines évacuent le Sud-Vietnam et la Corée du Sud. Or la politique de Khrouchtchev, qui consiste à éviter les conflits militaires, renvoie cette éventualité aux calendes grecques. Beaucoup d'autres choses lient fortement Ho Chi Minh et Kim Ir Sen à Mao : liens militaires présents et passés, liens économiques et culturels, identité de race, mode de vie et de pensée propre à !'Oriental. Néanmoins, tous deux savent que sans le concours de Moscou la Chine seule ne peut entreprendre aucune opération militaire importante. De plus, Hanoï et Pyongyang continuent de recevoir, notamment sur le plan économique, l'aide de Moscou, dont les ingénieurs et les conseillers techniques travaillent toujours dans les deux pays. C'est pourquoi les communistes éoréens et vietnamiens souhaitent une réconciliation de Moscou et de Pékin, sans doute sur la base de certaines concessions de Khrouchtchev aux pians d'agression de la Chine. Mentionnons enfin Cuba, autre membre du bloc;_communiste. Bien que Castro s'en tienne 19. Nhan Dan, 19 août 1963. · 20.· Lettre de Kim-Ir Sen à Chou En-lai du 13 aoftt 1963, in Nodong Sinmun, 4 aoftt 1963.
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