Le Contrat Social - anno VIII - n. 1 - gen.-feb. 1964

10 qui définit la ligne du mouvement communiste mondial préconisée par les communistes chinois : Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Prolétaires du monde entier, unissez-vous aux peuples, aux nations opprimés ; combattez l'impérialisme et les réactionnaires de tous les pays pour la paix mondiale, pour l'émancipation nationale, pour la démocratie populaire et le socialisme ; renforcez le camp socialiste et augmentez sa puissance ; assurez pas à pas la victoire complète de la révolution mondiale du prolétariat ; créez un monde nouveau - sans impérialisme, sans capitalisme et sans exploitation. Telle doit être, selon nous, la ligne générale du mouvement communiste international dans la phase actuelle. Quels sont les documents que Mao a écrits lui-même ? Une chose est sûre : tous portent son sceau personnel. Dans ces pages, nous retrouvons le fanatique à deux faces, communiste et Chinois, qui, dans son pays, est tenu pour l'égal de Marx et de Lénine. Ironie du sort, jusqu'en 1949, on a pris, en Occident, ledit Mao pour un « réformateur agraire» ; et maintenant, on veut en faire à tout prix un nationaliste forcené. De son côté, Khrouchtchev lui-même fait la preuve qu'il était et demeure un communisteinternationaliste : L'Union soviétique, l'amitié socialiste tout entière s'opposent aujourd'hui au monde capitaliste comme un roc de granit contre lequel toutes les tempêtes viennent se briser (...). Nous aurons encore bien des combats à livrer dans la lutte pour la victoire du socialisme et du communisme. Chaque année, nous élargissons et nous consolidons les fondations de notre maison commune. Elle s'élève toujours plus haut au-dessus de la terre. Dès à présent, le camp impérialiste est obligé de compter avec nos forces, de compter avec le fait que Sa Majesté la classe ouvrière du monde entier et son avant-garde, la classe ouvrière des pays socialistes, rassemblent et fortifient leurs énergies (...). Ces forces grandiront et accéléréront leur marche en avant tant que les idées communistes n'auront pas complètement vaincu, tant que n'auront pas triomphé partout dans le monde le bonheur et la prospérité, tant que le Drapeau rouge ne flottera pas sur le globe. Cette heure sonp.era, camarades, nous le croyons fermement 6 • Staline apporta la révolution à l'Europe orientale à la pointe des baïonnettes. C'est aussi par les baïonnettes que Mao et ses adeptes veulent faire la révolution mondiale. Khrouchtchev préfère atteindre le même but par des moyens à plus long terme, moins brutaux, par des manœuvres de flanc, par le mensonge, le travail de sape et par la guerre ouverte là seulement où le camp communiste a intérêt à la faire. Telle est le fond de sa politique de cc coexistencepacifique » : Les marxistes-léninistes ne cachent à personne qu'ils s'efforcent d'attirer tous les habitants de la terre au socialisme. Là est notre tâche principale sur le plan mondial... Pour les marxistes-léninistes, la coexistence pacifique est le seul principe rationnel qui régisse les rapports mutuels entre pays ayant un système social différent. 6. Discours prononcé au V,Je Congrès du parti socialiste unifié d'Allemagne orientale, Pravda, 17 janv. 1963. Biblioteca Gino Bianco· LE CONTRAT SOCIAL Nous estimons et nous ne cesserons pas d'estimer que cette politique, que Lénine nous a léguée, constitue la ligne générale de notre politique extérieure (...). Notre parti a toujours été d'avis que la coexistence pacifique . crée des conditions favorables pour la poursuite de la .. lutte de classe dans les pays capitalistes, pour le développement inéluctable du mouvement d'émancipation. nationale. L'expérience de la lutte révolutionnaire des peuples après la deuxième guerre mondiale a montré avec pertinence que c'est précisément dans le climat créé par la coexistence pacifique, quand les pays socialistes alliés à tous les peuples amis de la paix s'opposent avec succès aux visées impérialistes, que le mouvement d'émancipation se propage dans le monde avec une force particulière. C'est précisément dans l'atmosphère d'une coexistence pacifique d'Etats ayant un système social différent qu'a vaincu la glorieuse révolution cubaine, à la tête de laquelle se trouvent les champions de la cause du peuple. C'est précisément dans les conditions engendrées par la coexistence pacifique dans les pays capitalistes que se développent irrésistiblement les mouvements de grève du prolétariat, sa cohésion et son organisation dans la lutte pour ses intérêts vitaux contre les monopoles tout-puissants et la réaction déchaînée 7 • Cette politique de Khrouchtchev n'est pas moins dangereuse pour le monde libre que l' offensive permanente ou l'attaque de front préconisée par les communistes chinois. ·oE MÊME que la thèse qui fait du heurt des intérêts nationaux de l'Union soviétique et de la Chine la cause principale du conflit est inacceptable, il est difficile d'admettre que celui-ci ait un caractère purement idéologique. Certes, l'idéologie est considérée dans les pays communistes comme une sorte de religion que la population tout entière doit adopter, ne fût-ce que pour la forme. En U.R.S.S., sous Lénine, l'idéologie était employée comme arme offensive, au-dedans comme au-dehors, pour combattre les opposants de tous poils et les influences étrangères au communisme. Sous Staline, elle a été principalement utilisée contre le monde extérieur qui refusait d'accepter le communisme, tandis qu'à l'intérieur elle se réduisait à exiger une foi aveugle dans l'infaillibilité du chef tout-puissant et l'obéissance absolue. Khrouchtchev, qui rêvait de ramener le pays au temps de Lénine, trouva chez les communistes soviétiques une ardeur révolutionnaire des plus tiède : elle avait été refroidie par la terrible tension des forces vives du pays' au cours des plans quinquennaux, par les exécutions massives et les camps de concentration, par les flots de sang de la deuxième guerre mondiale, par le désir très humain de souffler après le travail cc de choc » et les mobilisations de toute sorte, de payer tribut aux cc habitudes bourgeoises », et de vivre un peu pour soi7. Discours prononcé à un meeting tenu à Moscou pour célébrer l'amitié ~oviéto-cubaine, Pravda, 24 mai 1963.

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