Le Contrat Social - anno VII - n. 6 - nov.-dic. 1963

QUELQUES LIVRES En résumé, un ouvrage d'une grande érudition, d'une probité constante, d'un maniement facile grâce à ses tables, et qui peut rendre de grands services non seulement aux historiens du syndicalisme, mais à tous ceux qu'intéresse l'histoire du mouvement ouvrier français de 1871 à 1921. MICHELBERNSTEIN. Projet d'association PIERREURI : Dialogue des continents : un programme économique. Paris 1963, Libr. Pion, 185 pp. LESNÉGOCIATIOÉNCSONOMIQUeEntSre les EtatsUnis et les pays de l'Europe occidentale actuellement en cours ou en perspective sont incontestablement importantes pour toutes les parties en cause, y compris la France. Le fait que le président Kennedy en ait chargé un leader marquant du parti républicain, l'ancien secrétaire d'Etat Christian Herter, qui fut gouverneur du Massachusetts et siégea au Congrès, en est un indice. C'est dire l'intérêt que présentent, pour le public français, les suggestions formulées sur ce sujet par M. Pierre Uri dans son livre récent. En juin 1963 paraissait à Paris ce Dialogue des continents: un programme économique, inaugurant une nouvelle collection, « A l'échelle du monde », dirigée par l'Institut atlantique. Les grandes capa- . cités de l'auteur, ancien directeur général dans l'administration de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (C.E.C.A.), conseiller économique du Marché commun, normalien, agrégé de philosophie, etc., sont connues en France et à l'étranger. Le retentissement· de ce livre a été accru par sa publication simultanée en anglais ( Partnership for Progress), puis en d'autres langues. Il s'agit d'une étude claire, relativement brève - environ 150 pages, plus des annexes et appendices, - très technique et documentée, dans l'élaboration de laquelle M. Pierre Uri a bénéficié du concours d'une cinquantaine de personnalités représentant huit pays. M. Uri s'attache à bien marquer la différence entre la Communauté européenne et l'interdépendance atlantique, qu'on tend parfois, soit à confondre, soit à• opposer. Comme l'affirment les membres du comité de coordination qui a présidé aux travaux préparatoires du livre (MM. Raymond Aron, Ernst Van der Beugel, Kurt Birrenbach, Will Clayton, Enrico Cuccia, Fernand Dehousse, Oliver Franks, Gabriel Hauge, René Mayer, Henry ..Cabot Lodge), « il n'est pas question, en procédant par élargissement, d'absorber l'Europe dans un ensemble plus vaste où se perdraient sa personnalité propre et son effort vers l'unité. C'est au contraire dans la mesure Bib·ioteca Gino Bianco 377 même où cette unité et cette personnalité se renforcent que peut être établi un lien d'un nouveau genre, une convergence de l'action entre des partenaires égaux dans les domaines où ils ont besoin l'un de l'autre » (p. 16). L'auteur passe successivement en revue, dans les chapitres II à vu, les divers domaines sur lesquels doit, selon lui, porter la négociation économique d'ensemble entre l'Europe occidentale et les Etats-Unis en vue d'affermir l'interdépendance atlantique. Ces secteurs sont la politique commerciale, la politique agricole, l'aide au développement (c'est-à-dire aux pays en voie de développement), les règles de concurrence - notam- . ment pou,r ce qui est du dumping, des protections non tarifaires, de la structure des impôts et de la dimension des entreprises, etc., - la politique économique et le système monétaire. Nous ne saurions tenter d'énumérer et d'analyser ici, en détail, les suggestions multiples faites par M. Uri et les experts de l'Institut atlantique en chacune de ces matières. Notons simplement, au passage, qu'ils désapprouvent, en matière agricole, ce qu'ils nomment, dans leurs « recommandations essentielles », les pratiques actuelles de soutien des cours qui réduisent la demande et faussent l'orientation de la production ; ils préconiseraient au contraire un élargissement de la demande et « des subventions de revenu assurant aux agriculteurs des possibilités normales de reconversion)>. Ces vues, en raison même de leur intérêt, seront certainement l'objet de controverses dans certains milieux agricoles de France et d'ailleurs. En ce qui concerne les monnaies, M. Uri s'en prend à ce qu'il appelle « l'instabilité que provoque un système d'étalon de change où l'accroissement des liquidités est fonction du déficit de deux pays à monnaie-clé». Dans cette analyse de la situation actuelle des finances internationales, nous croyons déceler, dans une certaine mesure, l'écho de conceptions •qui sont depuis longtemps celles de M. Jacques Rueff et qu'il a exprimées maintes fois, notamment dans un remarquable exposé sur les « exigences monétaires de la Communauté atlantique » faite en mars 1963 dans un cycle du Centre national de la Recherche scientifique sur les problèmes de l'économie européenne et de l' économie atlantique organisé par le professeur Maurice Allais *. M. Uri préconise une formule limitée de « garantie de change» et souhaite « l'extension aux monnaies européennes de la fonction de réserve ». Un dernier chapitre, qui n'est certes pas le moins important, traite des institutions. On ne saurait résumer les propositions de M. Uri de • M. Louis Vallon, rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale, a défendu certaines idées voisines de celles de M. Jacques Rueff au Palais-Bourbon au printemps \ de 1963. M. Pierre Uri s'accorde avec celui-ci sur les dangers que l'un et l'autre attribuent à l'étalon de change or, mais se sépare de lui sur les causes et les remèdes des difficultés monétaires contemporaines.

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==