Le Contrat Social - anno VII - n. 6 - nov.-dic. 1963

376 Un précieux instrument de travail ROBERTBRÉCY: Le Mouvement syndical en France, I87I-I92I. Essai bibliographique. Paris-La Haye 1963, Mouton & Co, xxxv1-217 pp. CET ((ESSAIBIBLIOGRAPHIQUE », publié sous les auspices de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, avec la collaboration de l'Institut Feltrinelli de Milan, à qui en revient l'initiative, comble heureusement une lacune. Si l'on trouvait déjà des éléments de bibliographie du mouvement syndical français dans quelques ouvrages traitant du socialisme, du mouvement social et ouvrier, du mouvement anarchiste à la fin du x1xe et au début du xxe siècle, rien, jusqu'à présent, n'avait été consacré à la bibliographie générale du seul mouvement syndical français pour la période donnée. M. Brécy circonscrit très exactement les limite·s de son travail : « un répertoire des documents dont la consultation est indispensable, principalement les actes officiels des Congrès corporatifs nationaux et la presse syndicale nationale », matériaux de base auxquels s'ajoute une bibliographie complémentaire : périodîques donnant des infor~ations sur la vie syndicale, et textes - manuscrits et imprimés - les plus importants. M. Brécy s'est donc volontairement gardé d'établir une bibliographie exhaustive. Il n'a pas cédé à la tentation du « complet », à la vogue inflationniste. Son ouvrage est un manuel de travail, non un répertoire copieux de titres, utiles ou non à consulter, et qui laissent l'historien dans le doute. M. Brécy a certainement tenu en main et examiné avec attention les ouvrages qu'il cite, et dont il donne les cotes dans les bibliothèques de France, d'Amsterdam et de Milan où l'on peut les consulter. De plus, il analyse de façon sommaire, mais très utile, le contenu des ouvrages mentionnés. L'historien n'aura donc ni surprises ni nouvelles recherches à faire : grâce au dépouillement réalisé par M. Brécy, il saura ce qu'il peut trouver, ou espérer trouver, dans les ouvrages retenus pour cette bibliographie. Un aperçu historique sur la renaissance du mouvement ouvrier français après 1871, qui précède la bibliographie proprement dite, donne un tableau d'ensemble du mouvement syndical : loi du 21 mars 1884, création de la Fédération nationale des syndicats, organisation des Bourses du Travail, fondation des syndicats chrétiens, mutualistes, jaunes, libres, des syndicats de fonctionnaires, etc. La bibliographie elle-même est divisée en trois parties: 1. Les compte-rendus des Congrès syndicaux, depuis le Congrès constitutif de la Fédération n-ationale des syndicats, tenu à Lyon du 11 au 16 octobre 1886, jusqu'à la Conférence ordinaire des Fédérations et des Bourses ou Unions, Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL tenue à Paris du 13 au 15 juillet 1914; .Un r~sumé succinct, donnant en quelques mots 1essentiel.sur . ces congrès : organisations représentées, questions · discutées, motions et décisions, votes, etc., permet de suivre l'enchaînement des congrès. Des notes· historiques précises montrent l'interdépend~nce des événements politiques avec les q~esttons traitées et discutées. Ainsi l'auteur ·souligne la répercussion de la guerre des Balkans, qui éclata en octobre 1912, sur les discussions du Congrès de novembre 1912, où précisément l'ordre du jour fut « l'attitude de la classe ouvrière en cas de guerre » ; 2. La C.G.T., de la guerre à la scission,. 19141918. Ici, en raison du peu de documents imprimés, l'historique prend presque le, pas sur la bibliographie. La guerre a paralyse en grande partie l'action syndicale, les événement~ e! la censure ont réduit à presque rien les publications syndicales, et les sources viennent principalement des périodiques et de rares brochures, quelquesunes clandestines, ainsi que des archives d~ ~a préfecture de Police. Si M. Brécy ne peut dissimuler ses sympathies, qui vont au gr~upe ~e la Vie ouvrière, aux zimmerwaldiens et kienthaliens, et dans l'ensemble à ces syndicalistes-révolutionnaires qui ont procuré tant de cadres _au mouvement ouvrier, il n'en reste pas moins objectif et rend à chacun ce qui lui est dû, sans exclusive. Si d'une part il n'hésite pas à rappele~ combien la cinquième offensiye a~~mande, .qui menaçait Paris et ne fut contree qu in extremis le 18 juillet sur la Marne, influença les débats et les décisions du 13e Congrès de la C.G.T., tenu à Paris du 15 au 18 juillet 1918, au cours duquel nombreux furent les minoritaires qui se retrouvèrent avec Jouhaux sur un texte commun, d'autre part il rappelle le rôle du quotidien russe aux titres successifs : Golos, Naché Slovo, Natchalo, publié à Paris par Trotski et ses amis de 1914 à 1917, et son influence sur les minoritaires groupés autour du noyau Monatte- Rosmer, de la Vie ouvrière; 3. Les données complémentaires : les périodiques, dans lesquels l'auteur a eu parfaitement raison d'inclure aussi bien les publications anarchistes telles que le Révolté, la Révolte et les Temps nouveaux de Kropotkine et Jean Grave, le Père Peinard et la Sociale d'Emile Pouget, le Libertaire, la Guerre sociale de Gustave Hervé, si importante pour la période 1907-1912, l' Eco?e émancipée, cette pépinière de cadres, que les pubhcations plus strictement syndicalistes. Une bonne liste, toujours avec les cotes des bibliothèques, des principaux journaux socialistes de 1871 à 1923, utiles à consulter, termine cette section. Enfin, toujours dans les données complémentaires, l'auteur a rassemblé les textes concernant le mouvement ouvrier et le syndicalisme en général, la législation, les doctrines, les Fédérations, Bourses du Travail, C.G.T., grèves et grève générale, biographies et autobiographies, ainsi que les bibliographies d'ensemble. _

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