Le Contrat Social - anno VII - n. 6 - nov.-dic. 1963

A LE SUPER-CONTROLE EN U.R.S.S. par Howa_rd Swearer LE NOUVEAU Comité de contrôle du Parti et de l'Etat, l'une des pièces maîtresses de la complexe réorganisation administrative qui vient d'être effectuée en Union soviétique, n'a, jusqu'à présent, guère retenu l'attention en Occident. L'étendue de ·ses responsabilités, l'importance de ses effectifs, et le fait qu'il est dirigé par A. N. Chélépine, secrétaire du Comité central, ex-chef du Komsorhol et du K.G.B. (comité de la Sécurité d'Etat), qui, à quarantequatre ans, est l'une des plus brillantes étoiles au firmament du Parti, suffisent à prouver ses grandes virtualités en tant que nouveau surveil- ·lant de la bureaucratie soviétique. Depuis l'automne de 1962, ledit comité a fait l'objet d'ùne intense campagne de publicité. A la session du Comité central de novembre 1962, Khrouchtchev s'efforça de donner du poids au nouvel organisme en soulignant sa parenté avec l'ancien commissariat à l'Inspection ouvrière et paysanne des années 20, en y voyant un retour au léninisme : Le principe léniniste de l'organisation du contrôle du Parti et de l'Etat a été scandaleusement violé par Staline. Pendant la période du culte de la personnalité, le remarquable système de contrôle qui était né durant les premières années du pouvoir soviétique fut renversé et remplacé par un appareil bureaucratique coupé des masses (Pravda, 20 novembre 1962). La naissance du Comité de contrôle du Parti et de l'Etat (que nous désignerons désormais par le sigle C.C.P.E-.) ne fut pas complètement inattendue: depuis plusieurs années déjà, à différentes reprises avaient eu lieu des discussions publiques sur les problèmes concernant l'inspection. La création de cet organisme est la résultante d'un double courant : d'une part., mécontentement croissant envers les méthodes d'inspection ën vigueur ~t ~echerche de procédés nouveaux.,d'autre part, désir du régime d'amener les masses à prendre une part plus active dans certainsdomainesde l'administrationde l'Etat. En 1934, l'inspection fut répartie entre le comité de contrôle du Parti, organe du Comité central du P. C. de l'Union soviétique (pour les affaires du Parti) et la commission de contrôle soviétique, coiffée par le Conseil des commissaires du peuple (pour les affaires d'Etat). Cette dernière fut, par la suite, rebaptisée ministère du Contrôle d'Etat qui, jusqu'eh 1957, eut l'œil sur la propriété et l'administration de l'Etat. Il avait pour mission, non seulement de contrôler l'usage des fonds d'Etat, mais de veiller à l'exécution de toutes les décisions gouvernementales. Ses pouvoirs étaient très étendus et l'immense appareil dont il disposait, extrêmement centralisé, était organisé comme un microcosme de l'administration d'Etat dans son ensemble. En 1957, le ministère du Contrôle d'Etat - dirigé par Molotov après qu'on l'eut écarté de son poste de ministre des Affaires étrangères en 1956 - fut supprimé : on lui reprochait d'être trop centralisé et bureaucratique. Il semble que le caractère dudit ministère ait été jugé incompatible avec l'assouplissement de l'administration d'Etat au moyen d'une prudente décentralisation. Le ministère céda la place à une commission du contrôle soviétique, aux pouvoirs plus restreints et à effectif réduit, qui fut chargée de compter davantagè sur le « contrôle public». La nouvelle organisation ne se montra pas à la hauteur de sa tâche. Accusée de malversations locales, taxée de mollesse et d'inefficacité, elle fit place, en juillet 1961, à une nouvelle commission du contrôle d'Etat chargée de renforcer l'autorité de l'inspection centrale sur les fonctionnaires régionaux et locaux. Cependant, le flot des doléances de la part de petits fonctionnaires ne cessait de monter, allant de la corruption à l'« esprit de clocher » et autres méfaits (du point de vue de Moscou), en même temps que la presse exigeait des contrôles plus stricts. Comme en matière de politique générale, les dirigeants se trouvèrent devant un dilemme : resserrer les contrôles Bitllioteca Gino Bianco •

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