' B. DBUMARS grand rôle dans l'écroulement de la monarchie russe et la révolution de 1917. Mais c'est la guerre germano-russe de 19411945 qui devait porter cette haine à son comble. I ES HITLÉRIENS ont exterminé ou déporté -' près de 7 mi11ions de Soviétiques, détruit ou incendié 1.710 villes et plus de 70.000 villages sur le territoire de !'U.R.S.S. Une telle avalanche d'atrocités, d'horreurs et d'exactions ont porté à blanc la haine héréditaire du Russe · pour l'Allemand. Il suffit à Khrouchtchev et consorts de présenter aux Soviétiques les dirigeants de Bonn et les Allemands de la République fédérale comme des nazis camouflés pour obtenir le ralliement unanime de la population de !'U.R.S.S. Dès qu'il embouche cette trompette et agite devant ses sujets l'horrible épouvantail de la résurrection du danger allemand, Khrouchtchev se transforme à leurs yeux en un représentant authentique de la Russie éternelle qui exprime les craintes et les ressentiments de tout citoyen soviétique, qu'il soit communiste ou non. En écoutant ses diatribes, développées et commentées ensuite par l'énorme appareil de propagande, non seulement le peuple soviétique, mais même beaucoup d'émigrés anticommunistes russes sont prêts à oublier que cet orateur ardent et persuasif n'est pas seulement le chef du gouvernement russe, mais aussi le premier secrétaire du P.C. de !'U.R.S.S. Quand il prend la défense du pays soviétique, prétendument menacé par les .Allemands et leurs alliés de l'O.T.A.N., les masses russes n'y voient que la défense passionnée de la Russie, de la patrie. Ces masses sont prêtes, de ce fait, à lui pardonner beaucoup et à rép-ondre à ses appels. Paul Valéry affirme que « l'existence des voisins est la seule défense des nations contre une perpétuelle guerre civile» 32 • Sans l'avoir lu, Khrouchtchev, en tacticien habile à sentir les réactions de la masse russe, ne cesse d'imposer à tout propos et hors de propos à sa propagande, intérieure aussi bien qu'extérieure, des variations multiples sur ce thème éminemment rentable : le gouvernement de Bonn, héritier direct d'Hitler, est un danger permanent pour la paix du monde. Un excellent résumé de ce thème était fourni, il y a dix ans déjà, par l'article : « La centurie noire d'Adenauer », dont le titre évoquait automatiquement chez le lecteur ·soviétique le souvenir maudit de la trop fameuse « Centurie noire » qui, au début du siècle, organisait, avec la bénédiction de la police tsariste, les pogromes et les~assassinats de personnalités politiques libérales: Hier encore, les « centuries _noires» nazies (SS, SA et Gestapo) maintenaient par le fer et par le feu la tyrannie d'Hitler. Aujourd'hui, elles sont chargées en 32. Regards sur le monde actuel, p. 100, Paris 1931, Biblioteca Gino Bianco 347 Allemagne occidentale de préparer le rétablissement de la dictature fasciste. La clique d'Adenauer espère, grâce à elle, pouvoir étouffer la lutte du peuple allemand pour l'unification de sa patrie et pour la paix, constituer le plus rapidement possible les divisions de la nouvelle Wehrmacht et transformer la République fédérale en un tremplin pour les troupes du bloc atlantique (...). Les impéralistes eurent de nouveau besoin des services des SS et des SA après la seconde guerre mondiale. Ils commencèrent par soustraire au châtiment les chefs de ces organismes terroristes nazis. Certes, au début, de nombreux généraux SS et anciens fonctionnaires de la Gestapo furent mis en prison. Mais la masse des fascistes allemands comprit vite que cette incarcération n'était pas une punition, mais tout simplement une mesure prise pour assurer leur sécurité (...). Les procès faits par les autorités d'occupation à ces généraux ou fonctionnaires n'étaient qu'une farce et le Standartenführer Bechel, ancien garde du corps d'Hitler, a parfaitement défini la situation en déclarant à une réunion d'anciens SS : « Nous savons aujourd'hui qu'on a de nouveau besoin de nous. Bientôt, chacun reprendra son uniforme. » Le ministère des Affaires étrangères d'Adenauer est devenu un refuge officiel pour les collaborateurs intimes de Himmler. Le ministère de la Guerre abrite des nazis invétérés tels que le général SS Hauser, le général Grünwald, aide de camp d'Hitler (...). Non seulement la police secrète d'Hitler a été reconstituée mais on a rétabli l'Abwehr, service des renseignements militaires, qui est en train d'organiser la guerre clandestine contre la République démocratique allemande et les autres Etats amis de la paix (...). Le général Gehlen, chef de cet organisme et ancien chef de la section des armées étrangères de l'Est à l'état-major de !'Abwehr hitlérienne, reçoit des Américains 3,5 millions de dollars par an 33 • Ces dernières années, en pleine « coexistence pacifique », les accusations du même genre contre les dirigeants de Bonn n'ont fait que croître et embellir. Tout est fait pour convaincre les Soviétiques que la « clique d'Adenauer » ne pense qu'à la revanche, que les nazis aux postes de commande en R.F.A. rêvent d'une nouvelle'' guerre contre la pacifique Union soviétique et oppriment le malheureux peuple allemand, dont le plus cher désir est de serrer les Russes sur son cœur : Depuis 1951, plus de 200 organisations démocratiques ont été proscrites en R.F.A. De 1952 à la fin de 1958, plus de 56.000 poursuites ont été exercées contre les démocrates (...). En 1958, une loi votée par le Bundestag a levé l'ostracisme qui pesait sur les nazis. Actuellement, 1.176 unions et assodations de soldats, plus de 40 amicales de SS et 65 journaux nettement fascistes s'y livrent ouvertement à la propagande fasciste et revancharde. Plus de 800 juges et procureurs ont naguère servi sous les nazis 34 • Le correspondant des Izvestia mandait de Bonn le 9 septembre 1959: Plus de 8.000 SS se sont assemblés en congrès à Hameln-sur-Weser. Dans l'immense hall flottent les bannières des fameuses divisions Totenkopf, Wiking, 33. Article de N. Polianov in lzfJestia, 18 avril 1953. 34. Mojaev : • La démocratie piétinée •., in Izvestia, 1er avfil 19s9,
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