r 336 sieurs aux congrès. Il y avait aussi des militaires de haut grade... Pourquoi n'est-il pas possible de faire la lumière sur ce mouvement ? Parce qu'en Russie des affiliés sont encore vivants. Et qui sait quellesmesures seraient prises à leur encontre? Ce mouvement était très vaste. Il avait partout « ses hommes ». Des associations comme la « Société libre » et la « Société technique » étaient tout entières sous son emprise. C'était la méthode de la « Ligue pour l'émancipation». Au temps de son activité, ses membres s'étaient solidement incrustés dans la « Société d'économie libre». Bogoutcharski, Khijniakov en étaient les secrétaires, Serge Nicolaïévitch, le président. Il en était de même à la « Société technique». Loutouguine, Bauman étaient au centre, et dans les zems.tvo la situation était identique. La maçonnerie occulte ne faisait que continuer cette tactique. P. N. Milioukov avait été mis au courant, mais il n'adhéra pas au mouvement : « Toute mystique me fait horreur», avait-il déclaré. Mais beaucoup de cadets en faisaient partie. Milioukov était au centre de la politique, on l'informait des décisions prises dans les congrès. Parfois luimême faisait appel au mouvement pour agir dans tel ou tel sens. Une des règles était de ne pas rechercher l'adhésion des personnes qui ne paraissaient pas sûres tant au point de vue moral que politique. Beaucoup de demandes d'admission étaient rejetées après un sévère examen. Chose curieuse : il n'y eut pas dans le mouvement de provocateurs à la Markov*, que feu Rosenberg détestait et qualifiait de « menteur à l'œil torve », reprochant à Serge Nicolaïévitch de l'avoir introduit dans son bureau. Jusqu'à présent, le secret sur ce mouvement, sur cette organisation, a été bien gardé. Et ce mouvement était très vaste. Au moment de la révolution de Février, les loges foisonnèrent en Russie. Nombre de leurs affiliés sont maintenant à l'étranger. Mais tous se taisent. Et ils se tairont, à cause de la Russie où tout n'est pas encore éteint. Seul V..., échoué là-bas par hasard, aurait fait, paraît-il, des confidences. Je l'ai entendu dire et ne me suis pas mise en rapport avec lui à ce sujet. Après le décès de S. N. [Prokopowicz], j'ai reçu quelques télégrammes, très brefs: « Fraternellement. Signé: X... ». Une certaine «fraternité» s'affirma très nettement dans les relations, bien qu'après la révolution d'Octobre les divergences d'opinion aient séparé les uns et les autres. Mais à cause de ce passé, des contacts · personnels ont toujours été maintenus. Je ne puis et ne veux rien écrire là-dessus. A défaut de noms, la chose serait sans intérêt. Et dévoiler des noms m'est_imfil)ssible. Il n'y avait pas de mystique, mais le serment existait. Il est encore valable aujourd'hui pour des raisons que vous devinez. * Il s'agit du « professeur » Markov, collaborateur des Posliedniié Novosti (les Dernières Nouvelles), devenu secrétaire général, en 1944-45, de la « Ligue des patriotes soviétiques » à Paris. Il travailla un certain temps au bureau économique de Prokopovicz. (G.A.) Biblioteca Gino Bianco· LE CONTRAT SOCIAL ·on a beaucoup· parlé du « complot de Goutch- ·. kov ». Ce complot a bien existé*. Mais les affiliés à la franc-maçonnerie le condamnèrent catégoriquement. Goutchkov fut d'ailleurs maintes fois menacé d'exclusion. Et après l'affaire Conradi., dans laquelle il eut une attitude ·absolument incompréhensible qui lui valut de graves suspicions, on évita d'entrer_ avec lui en rapports trop étroits. Sur la fin de sa vie, il se mit en relation avec l'état-major allemand. Aussi bien, quand, très malade; il vint nous voir à Prague et nous demanda de lui rendre « fraternellement » service en intercédant auprès du gouvernement tchécoslovaque, nous refusâmes. Il savait que nous étions au courant de ses voyages en Allemagne et ses explications furent très embrouillées. Une fois, il y eut un incident. Benès le reçut. Et Goutchkov lui exposa très exactement les plans de Hitler pour attaquer la Tchécoslovaquie, la Russie, etc. Benès, qui connaissait nos relations avec Goutchkov, nous demanda ce qu'il fallait en penser. Nous lui conseillâmes de ne pas avoir affaire avec Goutchkov. Quand ce dernier revint à Prague, Benès ne lui accorda pas d'audience. Par la suite, tout ce que Goutchkov avait rapporté à Benès et à nous se produisit point par point. Voilà, très sommairement raconté, ce que j'avais. à vous dire. - Les historiens finiront bien un jour par tout savoir. Mais pour le moment, je· le répète, il n'est pas possible d'en dire davantage. Vous comprenez maintenant pourquoi on garde ici le silence. M.aklakov, Balavinski et autres n'appartenaient pas au mouvement. Ils étaient affiliés aux loges françaises, ouvertes à tout venant. En Allemagne, le mouvement était non seulement public, mais les francs-maçons avaient leurs temples où ils se réunissaient. Nous autres, émigrants, avons bien souvent loué ces salles pour y tenir nos réunions. Après avoir quitté la Russie, S. N. et moi avons même habité chez un franc-maçon allemand très en vue. Par lui, nous avons appris bien des choses. Hitler anéantit complètement le mouvement. · · A Lydia Dan (20 janv. 1951) ... TOUTvendredi, du matin jusqu'au soir, je suis restée avec Al. Féd. [Kérenski]. Il a fallu examiner,ce que nous devions faire après les allusions de Milioukov à l'organisation dont je vous ai parlé (...). Il [Kérenski] a approuvé entièrement les mesures que j'ai prises: mise aux archives de ce que j'ai écrit et interdiction de le publier avant trente ans. Il va faire de même. En outre, il ajoutera au livre qu'il écrit une préfàce pour répondre a~ allusions voilées de Milioukov. Il répondra uruquement en son nom, sans mettre .en cause d'autr~s personnes. Tout cela est maintenant bien arrêté; nous sommes tous deux d'accord sur la * Il a été effectivement ourdi. Je l'ai entendu dire par Goutchkov lui-même. (Note de N. V. Volski.)
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