B. SOUV ARINE quels !'U.R.S.S. s'est jointe», et s'en prend à Khrouchtchev qui « depuis des années tirait par derrière les fi.cellesde la Sainte-Alliance». Tant de fi.elentre-t-il dans l'âme d'un Khrouchtchev? Cet article au vitriol se croise avec la note soviétique du 9 septembre qui signale un incident de frontière sans précédent à la gare de Naouchki (région d'Irkoutsk) où Russes et Chinois en vinrent aux mains quand les douaniers voulurent saisir des papiers de propagande chinoise. Les trublions de Mao auraient alors violé, non pas la doctrine du marxisme-léninisme, mais « les règles sanitaires et hygiéniques les plus élémen- -taires ». Trêve de détails. A la même date, les Albanais reviennent à la rescousse en annonçant que 70 % des anciens cadres du P.C. soviétique ont été exilés en Sibérie ou mis en prison par Khrouchtchev, et en tenant pour suspecte la disparition de F. Kozlov après celle d'A. Kiritchenko. Il faudra du temps pour savoir ce que valent au juste ces rumeurs. LES ATTAQUES visant plus spécialement la personne de Khrouchtchev s'accentuent encore avec un article du Drapeau rouge de Pékin qui l'associe aux « archi-ennemis » de la Chine: Kennedy, Tito, Nehru, « étoiles vaudevillesques de la nouvelle Sainte-Alliance», qui l'accusent de « trahir le peuple soviétique, le camp socialiste et les peuples du monde» (10 septembre). De quoi Khrouchtchev n'est-il pas capable, et coupable ? Il semble malaisé d'aller plus loin dans la diffamation et l'invective. Pourtant les Chinois vont se surpasser en accablant Khrouchtchev sous un article-fleuve ( 12.000 idéogrammes) du 12 septembre, conjointement signé par le Quotidien du peuple et le Drapeau rouge, le deuxième d'une série de quatre dont l'importance se mesure au nombre des signes, paraît-il. • C'est une apologie démesurée de Staline et un dénigrement implacable de la « direction collective » groupée autour de Khrouchtchev : « Ils se sont servis de termes orduriers, vulgaires et malveillants pour qualifier Staline de meurtrier, criminel, bandit, aventurier, despote du type d'lvan le Terrible, le pire dictateur de l'histoire de la Russie, imbécile et idiot. Cela ne signifi.e-t-ilpas que le peuple soviétique a vécu pendant trente ans sous la tyrannie du pire dictateur, et non sous un système socialiste ? »·Il y a du vrai et du faux là-dedans, car Staline, trop lâche pour courir des risques, n'était pas un aventurier et Khrouchtchev ne l'a pas dit, n'a pas usé de termes excessifs à son égard. Sous cette réserve, on ne peut que souscrire à la tirade citée, comme à ce qui suit, d'après quoi l'expérience soviétique « n'était pas l'expression de la .dictature du prolétariat, mais celle de la vi6 sous le règne d'un despote féodal? ». Et encore: le P.C. de !'U.R.S.S. « avait un idiot comme dirigeant », l'armée soviétique « un imbécile comme commandant suprême », le mouvement Bib·ioteca Gino . 1anco 255 communiste international « pendant des dizaines d'années, un meurtrier comme guide? ». A ces interrogations pertinentes, Khrouchtchev n'osera évidemment pas donner la réponse affirmative qui s'impose. _ Il ne pourra non plus se défendre des arguments ad hominem que l'article en question produit pour prouver que Khrouchtchev a été complice actif et apologiste zélé des crimes de Staline. Ces rappels se trouvent tous dans le livre de Lazar Pistrak: The Grand Tactician, et en partie dans le chapitre cc Khrouchtchev et les tueries » publié dans la présente revue 1 • Ils sont incontestables, mais Mao ne vaut guère mieux que Khrouchtchev . à cet égard. On ne saurait non plus s'inscrire en faux contre les Chinois quand ils mettent Khrouchtchev au défi de publier son fameux discours secret du XXe Congrès : pour -des raisons différentes, nous avons maintes fois observé que la cc direction collective» n'a pas le courage de divulguer ce discours et que Khrouchtchev mentait en l'attribuant aux services secrets américains. En outre, les Chinois n'ont pas tort de stigmatiser la courtisanerie des dirigeants soviétiques qui portent Khrouchtchev aux nues et « n'hésitent pas à lui attribuer tout le mérite de la victoire de Stalingrad et des grandes réalisations de savants et techniciens soviétiques ». Ces quelques extraits contiennent des vérités premières. Quant au reste, ce n'est que basse polémique mensongère qui tend uniquement à salir et discréditer le contradicteur. Toujours en procédant par biopsie, seule méthode possible avec des textes interminables, notons que la Pravda du 19 septembre condamne les initiatives belliqueuses des Chinois envers l'Inde. Le même jour, Liou Chao-tchi déclare encore que cc la bombe atomique est un tigre de papier» et décrie les révisionnistes pour qui « survivre c'est le fond du problème». Le 20 septembre, l'agence Tass traite les Chinois de faussaires, les accuse de cc mensonges monstrueux » et de cc tronquer des textes». Le lendemain, le gouvernement soviétique en tant que tel lance une contre-attaque en règle, sous forme d'une déclaration à la taille des factums chinois qu'ignore le public soviétique. Déclaration qui, _à l'instar de ces factums, répète des choses mille fois dites, mais précise qu'en septembre 1958, Mao reconnaissait cc l'inutilité pour la Chine de produire des armes nucléaires, d'ailleurs fort coûteuses»; que les Chinois eux-mêmes cc ont réduit la coopération économique, privant ainsi leur peuple de l'aide désintéressée de notre pays », et méconnu cc les principes léninistes de l'économie». Quant au retrait des spécialistes soviétiques, cc cette décision a été nécessaire par suite des mesures chinoises qui rendaient tout travail effectif impossible et dégradant pour la dignité humaine ». Ce très long réquisitoire entrecoupé de plaidoyer révèle que cc plus de 5.000 1. Cf. Lazar Pistrak : The Grand Tactician, New-York 1961, Praeger. Et : « Khrouchtchev et les tueries», in Contrat social, vol. VI, n° 2, mars-avril 1962. ,
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