Le Contrat Social - anno VII - n. 5 - set.-ott. 1963

QUELQUES LIVRES nisme pour trouver les sources de la nouvelle infidélité : le communisme, en tant qu'idéologie, n'est lui-même que la forme la plus aiguë, la plus systématique, du naturalisme. Naturalisme . signifie, dans ce contexte, attachement aux seules valeurs temporelles. Le naturalisme ainsi compris ne date pas d'hier, mais il n'est pas douteux que le caractère technico-scientifique du monde contemporain favorise son expansion intellectuelle et morale, partant celle du communisme, surtout en milieu sous-développé. Nous n'avons pas ici à envisager les conditions de la riposte chrétienne à cette sorte de défi puisqu'il ne s'agit plus de faits, mais de vœux propres à retenir l'attention des pères conciliaires et dont nous n'avons pas . qualité pour. débattre. Luc GUÉRIN. Régimes politiques GEORGESBURDEAU: Droit constitutionnel et institutions politiques. Paris 1963, Pichon et Durand Auzias, 600 pp. . L'ESSENTIELLeEt complexe question de savoir quelles institutions conviennent le mieux à la France préoccupe, à juste titre, tous ceux qui se soucient de ce que peut et de ce que doit être l'avenir de notre pays. Le présent ouvrage de M. Georges Burdeau, professeur à la Faculté de droit ·et à l'Institut d'études politiques de Paris, édition de 1963, est de nature à éclairer précieusement le lecteur dans ses réflexions sur ce sujet · d'importance capitale. D'autant plus que, comme le note pertinemment l'auteur, « l'instruction civique la plus élémentaire fait défaut à l'immense majorité de nos contemporains ». Son expérience de l'enseignement l'incite, d'ailleurs, à ajouter que « cette déficience n'épargne pas l'étudiant ». La première partie du livre est consacrée à l'Etat et à son gouvernement. M. Burdeau y expose successivement ses vues sur les conditions d'existence de l'Etat, le statut du pouvoir dans l'Etat, les formes d'Etat, la notion de Constitution, la suprématie de la loi fondamentale et le contrôle de la constitutionnalité des lois, enfin les formes du gouvernement. Les lecteurs non spécialisés ou surchargés de travaux et qui ne sauraient consulter dans son intégralité le grand Traité de science politique en sept volumes de M. Burdeau, qualifié par un autre juriste éminent, M. Marcel Prélot, d' cc œuvre monumentale », en retrouveront certains thèmes et, résumées et adaptées, certaines conceptions profondes et originales. La seconde partie traite des régimes politiques contemporains, s'attachant à dégager« les données d'une classification réaliste des régimes politiques » en distinguant les cadres, les forces, les fins du régime et les moyens, puis décrivant « les mono- ~ties populaires» et cc les démocraties pluralistes». Les deux dernières parties du volume concernent l'histoire constitutionnelle de la France, si agitée et si riche de leçons, et les institutions . Bibli.otecaGino s~anco 309 de la ve République. Ces chapitres méritent d'autant plus de retenir l'attention qu'ils présentent une des études les plus récentes en date (la Cour de sûreté de l'Etat créée en 1963 y est analysée) du régime constitutionnel et politique actuel de la France, sous la plume d'un observateur particulièrement compétent. Comme l'affirme l'auteur avec raison, « c'est lorsqu'un régime politique nouveau s'instaure, surtout s'il entend rompre avec le passé, qu'il est indispensable de distinguer les pratiques contingentes et les règles de droit qui s'imposent à tous, même à ceux qui les ont établies. Sans doute le rappel de la règle peut-il momentanément importuner les gouvernants. Il leur est cependant, à long terme, favorable, car il les contraint à fonder le régime sur l'autorité du droit qui, par-delà les hommes qui passent, est seule capable d'assurer sa durée. » Ce ne sont pas là propos de polémique, mais de sagesse. CHARLESMELCHIORDEMOLÈNES. Les relations franco-allemandes RENÉ LAURET: Notre voisin l'Allemand : deux peuples s'affrontent. Paris 1963, Nouvelles Editions latines, 219 pp. LESRAPPORTdSe la France avec les Allemagnes ont tenu une place essentielle dans l'histoire de notre pays et la progressive instauration d'une concorde franco-allemande, œuvre de Robert Schuman et de la IVe République, poursuivie, dans un style différent, par l'actuel régime, est l'un des événements majeurs de notre époque. Notre voisin l'Allemand : deux peuples s'affrontent, de René Lauret, aide à comprendre ce phénomène complexe et apporte une contribution précieuse à l'étude des relations entre les deux grands peuples riverains du Rhin. L'auteur est l'un des meilleurs experts des questions germaniques. Agrégé d'allemand, longtemps rédacteur diplomatique du Monde, il fut correspondant du Temps à Berlin et président de l'Association de la presse étrangère dans la capitale du Reich avant 1939. Il avait déjà publié trois livres sur divers aspects des questions allemandes : · Les ·conditions de la vie en Allemagne, de 1923, Le Théâtre allemand d'aujourd'hui, de 1933, et Faites travailler l'Allemagne, de 1947. }?ans son présent ouvrage, publié _dans une collection dirigée par Max Richard, il formule un grand nombre de remarques très pénétrantes sur le passé des Allemands et sur leur rapports avec leurs voisins de l'Ouest, remontant aux Celtes et aux Germains de l'époque romaine et traitant aussi des épisodes, aux conséquences lointaines si importantes, que furent, par exemple, « l'Empire franco-allemand » de Charlemagne ou les traités de Westphalie. Les deux tiers du livre sont, néanmoins, consacrés à la phase contemporaine. M. Lauret y procède avec une grande lucidité. Ajoutons

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