ASPECTS DU STALINISME ALLEMAND par Martin J anicke L 'ESPOIRque la nouvelle vague de déstalinisa: tion lancée par le XXIIe Congrès du paru communiste de l'Union soviétique aurait des répercussions politiques en Allemagne de l'Est a été jusqu'ici amèrement déçu. Walter Ulbricht, avec Enver Hodja et Gheorgiu Dej l'un des derniers grands piliers du stalinisme en Eurol?e orientale, semble encore tenu par le Kremlin comme le satrape digne de confiance d'un régime que Moscou a toujours considéré comme particulièrement précaire. Ses points faibles et ses échecs notoires sous d'autres rapports sont jugés d'importance secondaire. Khrouchtchev a besoin, plus que jamais, de satellites de confiance, et Ulbricht vient de prouver son. utilité aux Russes dans leur conflit avec les Chinois. La vieille garde CELAsuffit à expliquer que la prédominance politique d'Ulbricht en tant que premier secrétaire du S.E.D. (parti de l'Unité socialiste) demeure intacte après le VIe Congrès du Parti, tenu du 15 au 21 janvier 1963. Aujourd'hui encore, il s'entoure de la même garde stalinienne qui, en 1957-58, tourna le dos au« dégel» de 1956, après avoir refusé la voie plus modérée suivie depuis 1953. Politburo et secrétariat du Comité central du S.E.D. sont encore dominés par les mêmes hommes 1 qui avaient alors organisé la « chasse aux sorcières» contre les intellectuels « révisionnistes », poussé à .un isolement encore plus strict vis-à-vis de l'Occident et qui, pendant la crise de Berlin, s'étaient toujours trouvés en avance d'une longueur sur Khrouchtchev; qui, en 1960, avaient réalisé la collectivisation forcée de l'agriculture et, last-but not least, avaient aidé I. Les membres titulaires du nouveau Politburo sont : W. Ulbricht, O. Grotewohl, H. Matera, E. Honecker, B. Leuschner, W. Stoph, A. Neumann, P. Frohlich, P. Verner, K. Hager, H. Warnke, E. Mückenberger, A. Norden, F. Ebert. Les suppléants sont : Dr E. Apel, Dr G. Mittag, H. Axen, H. Sinderman, G. Grüneberg, M. Müller, G. Ewald, H. J arowinski. Membres du Secrétariat : Ulbricht, Grüneberg, Hager, Honecker, Mittag, Norden, Verner. Biblioteca Gin·o Bianco Ulbricht, après un intermède de quatre années de «direction collégiale », à transformer la structure du S.E.D., entre 1957 et 1960, en une dictature personnelle. Les personnes dont les noms suivent, tous membres du Politburo, jouent un rôle de premier plan dans la garde stalinienne d'Ulbricht : Erich Honecker, secrétaire du Comité central pour l'Organisation et la Sécurité et, cela va de soi, dauphin d'Ulbricht ; Willi Stoph, premier adjoint au chef du gouvernement ; Hermann Matera, président de la Commission centrale de contrôle du Parti ; Alfred Neumann, président du Conseil économique national ; Paul Verner, premier secrétaire de l'organisation du Parti pour le district de Berlin-Est et secrétaire du C.C. ; Paul. Frohlich, premier secrétaire de 1'organisation du Parti pour le district de Leipzig ; Gerhard Grüneberg, secrétaire du C.C. pour l'Agriculture. La domination de ce petit noyau dirigeant sortit renforcée du VIe Congrès, aux dépens de l'assemblée plénière du Comité central, théoriquement l'autorité suprême du S.E.D. entre deux congrès. Selon 'les nouveaux statuts du Parti, le Comité central ne se réunit plus que deux fois par an au lieu de quatre. De plus, le nouveau Comité central élu au vie Congrès s'est débarrassé d'environ 30 % des membres de l'ancien comité, renouvellement aussi important que celui effectué par le ive Congrès après la crise de 1953, plus important même que celui opéré par le ve Congrès à la suite de l'agitation de 1956-57. La po$ition d'Ulbricht s'est encore consolidée depui~ le VIe Congrès. Le pseudo-parlement de l'Allemagne de l'Est a édicté, au mois d'avril, une loi privant le Conseil des ministres d'une part supplémentaire de sa maigre autorité, le ramenant explicitement au rang d' « organe exécutif du Parlement ( Volkskammer) et du Conseil d'Etat ( Staatsrat) », ce dernier organisme étant entièrement sous la coupe d'Ulbricht. Outre ces changements dans l'organisation, le regain, au cours de ces derniers mois, du culte de la personnalité qui l'entoure, démontre qu'Ulbricht reste toutpuissant. · • 1
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